Ils sont reconnus coupables :

1. pour l’accusé Mulka : d’avoir participé à des meurtres collectifs dans 4 cas au moins, concernant 750 personnes,

2. pour l’accusé  Höcker : d’avoir participé à des meurtres collectifs dans 3 cas au moins, concernant 1 000 personnes,

3. pour l’accusé Boger : de meurtre dans 114 cas au moins, et d’avoir participé au meurtre collectif d’au moins 1 000 personnes, ainsi qu’à un autre meurtre collectif d’au moins 10 personnes,

4. pour l’accusé Stark : d’avoir participé à des meurtres collectifs dans au moins 44 cas, qui fait au moins 200 victimes dans un cas et au moins 100 dans un autre,

5. pour l’accusé Dylewski : d’avoir participé à des meurtres collectifs dans 32 cas au moins, dont 2 cas ayant causé la mort d’au moins 750 personnes,

6. pour l’accusé Broad : d’avoir participé à des meurtres collectifs dans au moins 22 cas, dont deux ayant causé la mort d’au moins 1 000 personnes,

7. pour l’accusé Schlage : d’avoir participé à des meurtres collectifs dans au moins 80 cas,

8. pour l’accusé Hofmann : de meurtre dans un cas, de participation à des meurtres dans au moins 30 cas, ainsi que de participation à des meurtres dans au moins trois autres cas ayant causé la mort d’au moins 750 personnes,

9. pour l’accusé Kaduk : de meurtre dans dix cas et de participation à des meurtres collectifs dans au moins deux cas, dont l’une a causé la mort d’au moins 1000 personnes et l’autre d’au moins 2 personnes,

10. pour l’accusé Baretzki : de meurtre dans au moins 5 cas ainsi que de participation à des meurtres dans au moins onze cas, dont dans un cas au moins 3000 personnes ont trouvé la mort, dans cinq cas au moins 1 000 personnes et dans cinq autres cas au moins 50,

11. pour l’accusé Lucas : de participation à des meurtres collectifs dans au moins 4 cas, concernant au moins 1 000 victimes,

12. pour l’accusé Frank : de participation à des meurtres collectifs dans au moins 6 cas concernant au moins 1 000 personnes,

13. pour l’accusé Capesius : de participation à des meurtres collectifs dans au moins 4 cas concernant au moins 2 000 personnes,

14. pour l’accusé Klehr : de meurtre dans au moins 475 cas et de participation à des meurtres collectifs dans au moins 6 cas, dont deux qui ont fait au moins 750 victimes, le 3ème au moins 280, le 4ème au moins 700, le 5ème au moins 200 et le 6ème au moins 50,

15. pour l’accusé Scherpe : d’avoir participé à des meurtres collectifs dans au moins 200 cas et à un meurtre collectif ayant fait au moins 700 victimes,

16. pour l’accusé Hantl : d’avoir participé à des meurtres collectifs dans au moins 40 cas, et dans deux autres cas qui ont fait au moins 170 victimes,

17. pour l’accusé Bednarek : de meurtre dans 14 cas.

Pour cela ils seront condamnés :

1. l’accusé Mulka à une peine de prison de 14 ans ;

2. l’accusé Höcker à une peine de prison de 7 ans ;

3. l’accusé Boger à la réclusion perpétuelle et une peine de 5 ans ;

4. l’accusé Stark à une peine de 10 ans seulement en raison de son âge ;

5. l’accusé Dylewski à une peine de prison de 5 ans ;

6. l’accusé Broad à une peine de prison de 4 ans ;

7. l’accusé Schlage à une peine de prison de 6 ans ;

8. l’accusé Hofmann à la réclusion à perpétuité  ;

9. l’accusé Kaduk à la réclusion à perpétuité ;

10. l’accusé Baretzki à la réclusion à perpétuité et une peine de prison de 8 ans ;

11. l’accusé Lucas à une peine de 3 ans 3 mois ;

12. l’accusé Dr. Frank à une peine de prison de 7 ans ;

13. l’accusé Dr. Capesius à une peine de prison de 9 ans ;

14. l’accusé Klehr à la réclusion à perpétuité et une peine de 15 ans ;

15. l’accusé Scherpe à une peine de prison de 4 ans et 6 mois ;

16. l’accusé Hantl à une peine de prison de 3 ans et 6 mois, considérée comme déjà purgée en détention préventive ;

17. l’accusé Bednarek à la réclusion à perpétuité.

Sont privés de leurs droits civiques :

1. à vie les accusés Boger, Hofmann, Kaduk, Baretzki, Klehr et Bednarek ;
2. durant 10 ans pour l’accusé Mulka ;
3. durant 6 ans pour l’accusé Schlage ;
4. durant 5 ans pour les accusés Höcker, Frank et Capesius ;
5. durant 4 ans pour les accusés Dylewski, Broad et Scherpe
6. durant 3 ans pour l’accusé Hantl.

Compléments :

A. Les accusés Mulka, Höcker, Boger, Stark, Dylewski, Broad, Schlage, Baretzki, Lucas, Frank, Capesius, Klehr et Scherpe verront leurs peines d’emprisonnement amputées des temps de détentions provisoires déjà effectués.

B. Les accusés Schoberth, Breitwieser et Schatz sont acquittés.

C. Les accusés supporteront les frais de procédure pour autant qu’ils sont condamnés, dans tous les cas rien ne restera à la charge des fonds publics.

Remarques :

N’ont donc pas été jugés :
- Richard BAER qui est mort durant la détention préventive (en 1963),
- Heinrich BISCHOFF, Gerhard NEUBERT et Hans NIERZWICKI tous trois pour raisons de santé.

Stefan BARETZKI s’est suicidé en détention en 1988 (à 69 ans).

Six des 24 accusés semblaient toujours vivants en 2000.

Sont sortis en 1968 :

  1. Victor Capesius (peine de 9 ans. Mort en 1985 à 78 ans).
  2. Klaus Dylewski (peine de 5 ans).
  3. Robert Mulka (peine de 14 ans. Mort en 1969 à 74 ans).
  4. Hans Stark (peine de de 10 ans. Mort en 1991 à 70 ans).

Le dernier libéré a été Oswald Kaduk : en 1989. (Il est mort en 1997 à 91 ans).


L’accusé Richard BAER

1. en 1942 au camp de concentration de Neuengamme en tant que SS Obersturmführer et officier d’ordonnance du Commandant de camp Lütkemeier :
a) au printemps 1942, en compagnie d’une commission médicale, a tué par injection un nombre indéterminé de prisonniers choisis dans le camp et amenés ensuite, dans le cadre de "l’action d’euthanasie", à l’établissement hospitalier de Bernburg ;
b) en été 1942, a participé au gazage d’un nombre indéterminé de prisonniers de guerre Russes dans une pièce spécialement arrangée à cet effet, donnant les ordres nécessaires à cette action et la surveillant en tant que représentant du Commandant du camp.

2. entre le 13 novembre 1942 et le 14 mai 1944 :
en tant qu’Hauptsturmführer et officier d’ordonnance de Oswald Pohl (Obergruppenführer, chef des SS au bureau central d’administration d’Oranienburg) ; et du 15 mai 1944 à fin janvier 1945 en tant que Sturmbannführer et Lagerkommandant du camp de concentration d’Auschwitz :
a participé au meurtre d’un nombre indéterminé mais considérable de prisonniers de l’ensemble d’Auschwitz et de personnes envoyées à Auschwitz depuis divers pays d’Europe.

L’accusé a, en particulier :
a) participé à la mise en place du programme de destruction massive national-socialiste (installation, activité des lieux de gazage, Herbeischaffung du Zyklon B nécessaire aux gazages, organisation du déroulement de la sélection des personnes civiles arrivant en train par la Wachsturmbann, collaboration aux sélections sur la rampe, transport en camions des sélectionnés vers la chambre à gaz, surveillance des sélections dans le camp) dans la connaissance de l’illégalité de tels ordres de meurtres ;
b) incité à l’exécution de certains prisonniers , en particulier le 30 décembre 1944, parmi lesquels : Bernard Swierczyna, Ludwig Vesely, Ernst Burger, Rudolf Friemel und Piotr Piaty;

3. et 4. à la mi-janvier 1945 :
lors de l’évacuation du camp de Monowitz, a ordonné le dynamitage du HKB où de nombreux prisonniers malades furent tués, ayant été laissés à l’intérieur,
lors de l’évacuation d’Auschwitz, a ordonné, en tant que Commandant du camp, de tuer les prisonniers trop faibles pour continuer à participer à la marche d’évacuation, ce qui a donc impliqué la mort d’un nombre indéterminé de prisonniers durant cette marche encadrée par des SS. 

5. en mars 1945 :
en tant que Commandant du camp de Dora Mittelbau :
en guise de représailles à un prétendu acte de sabotage, a fait pendre un prisonnier Soviétique sur cent présents dans ce camp, soit 57 personnes, à un gibet collectif.

L’accusé Stefan BARETZKI

Durant les années 1942 à 1945, en tant que SS Sturmmann ou Rottenführer et Blockführer au camp de Birkenau :

1. a participé dans un nombre indéterminé de cas à des sélections sur la Rampe de Birkenau et dans le camp de Birkenau, à la suite desquelles de nombreux prisonniers étaient gazés ; et au chargement de ces prisonniers dans des camions ainsi qu’à leur accompagnement aux crématoires

2. a tué un nombre indéterminé de prisonniers par un coup avec la main qu’il présentait aux autres SS comme "Spezialschlag" (coup spécial)

3. a participé dans de nombreux cas à l’exécution de prisonniers par pendaison, en poussant la chaise ou la boîte sur laquelle les prisonniers se tenaient debout, la corde au cou

4. au début de 1943 a poussé deux prisonniers qui se trouvaient à la clôture du camp pour communiquer avec des prisonnières du camp des femmes (Birkenau section C). La clôture étant électrifiée, les deux prisonniers ont ainsi trouvé la mort

5. le 4 octobre 1943, avec d’autres membres de la SS, a pris part à ce qu’ils appelaient "chasse au lièvre" (Hasenjagd), c'est-à-dire la poursuite de prisonniers jusqu’à ce qu’ils aillent dans les fils électrifiés, où sont morts onze prisonniers d’un transport de Lemberg en Pologne

6. le 19 avril 1944 a tué le prisonnier Michael Liczka (n° 85.140) d’un coup de bâton

7. en été 1944 a tué un prisonnier dans l’entrée d’une des baraques du camp

8. en 1944, a tué une femme à son arrivée avec un transport en provenance de Lodz parce que son frère, déjà prisonnier au camp, l’a reconnue et appelée

9. en mars 1944, a pris part à la liquidation du camp des familles de Theresienstadt à Birkenau, où environ 4.000 personnes furent gazées

10. à l’automne 1944, après la révolte des prisonniers du crématoire, a tiré depuis sa bicyclette sur des prisonniers à l’intérieur de la ligne de postes, et tué ainsi plusieurs personnes

11. en 1944, arbitrairement et sans raison, a tué au pistolet un prisonnier Juif à Birkenau.

L’accusé Emil BEDNAREK

De 1940 à 1945, en tant que prisonnier de fonction : Blockältester à Auschwitz, ainsi que durant l’hiver 1942/1943 en tant que Blockältester de la compagnie pénale à Birkenau ; il a maltraité un nombre indéterminé de prisonniers avec une violence telle qu’ils en sont morts.

L’accusé a, en particulier :

a) entre 1940 et l’hiver 1942/43 au Block 8 du camp souche, tué des centaines de prisonniers par sévices divers

b) à partir de l’hiver 1942/43, tué de nombreux prisonniers de la compagnie pénale en les battant avec une chaise

c) dans de nombreux autres cas, il a contraint des prisonniers de la compagnie pénale à rester aussi longtemps sous une douche froide qu’ils se frigorifient et tombent inanimés. Il les laissait alors dans la cour du Block où ils restaient par terre la nuit durant, ce dont la plupart sont morts

d) en été 1944, avec d’autres SS, lors de la liquidation du camp des familles, il a battu à mort au moins 10 des prisonniers Juifs qui s’opposaient à leur transport vers la chambre à gaz

e) a tué par des sévices, avec d’autres prisonniers de fonction, un prisonnier de la compagnie pénale qui s’était plaint de coups

f) a tué par des sévices le prisonnier de la compagnie pénale nommé Pines

g) au printemps 1944 a tué un prisonnier de la compagnie pénale en utilisant la "balançoire"

h) l’été 1944, a tué un prisonnier sur la place d’appel par des coups avec un manche de pelle.

L’accusé Heinrich BISCHOFF

Durant les années 1942 à 1945, en tant que SS Rottenführer, Unterscharführer et Blockführer :

1. en été 1943 au camp de Birkenau sans raison et sans discernement, en compagnie d’autres SS, a tiré sur un groupe de prisonniers Juifs, et 5 ou 6 en sont morts

2. à l’automne 1943 ou au printemps 1944 dans le camp annexe de Schwientochlowitz, a tué le prisonnier Belge Zwick (ou Zick), qui était amené dans le camp par un commando de prisonniers, par des coups de bottes sur le cou et le thorax alors que le prisonnier était au sol puis a annoncé "avec ça, il est fini" (mit dem sei er fertig)

3. au printemps 1944 a tué un prisonnier de deux coups de pistolet dans la grande salle de Valva au camp annexe de Schwientochlowitz

4. au camp annexe de Schwientochlowitz, a tué un prisonnier Français appelé Hatem en le frappant avec un manche de pelle et en lui écrasant le cou avec ce manche de pelle

5. en janvier 1945, lors de la marche d’évacuation, a tué au pistolet deux prisonniers Juifs parce qu’ils étaient un peu à l’écart de la colonne.

L’accusé Wilhelm BOGER

De 1942 à 1945, en tant que SS Oberscharführer et chargé d’enquête au service politique :

1. dans de nombreux cas, a participé à des sélections et accompagné un nombre indéterminé de prisonniers au gazage, en particulier il a participé à de nombreuses sélections sur la rampe de Birkenau et à une sélection dans le camp des Tziganes

2. dans un nombre indéterminé de cas, il a participé, avec d’autres SS membres du service politique, à des sélections au Block d’arrestation des prisonniers, où il décidait des prisonniers relevant de sa compétence et devant être tués

3. dans un nombre indéterminé mais important de cas, il a participé à des exécutions de masses de prisonniers au „mur noir“ entre les Blocks 10 et 11

À ce propos, en particulier :

a) en février ou début mars 1943 au „mur noir“ il a tué 50 à 60 prisonniers Polonais avec une carabine de petit calibre
b) quinze jours après cela, il a tué de nouveau 40 prisonniers Polonais de la même manière
c) début avril encore 100 prisonniers Polonais
d) en avril 1943, lors de l’exécution de 40 commissaires Soviétiques, parmi lesquels 3 femmes, au Block 11, a participé et tué lui-même 5 de ces prisonniers
e) en septembre 1943, il a tué le prisonnier Kalinowski au „mur noir“ entre les Blocks 10 et 11
f) au Block 11, il a tué deux officiers Soviétiques d’un coup de pistolet dans la nuque

a tué avec le Scharführer Palitzsch 94 hommes et 8 femmes, qui avaient été condamnés à mort par la justice, sur le terrain clôturé à côté du crématoire

4. dans un nombre de cas indéterminé, a maltraité si violemment des prisonniers lors „d’interrogatoires aggravés“ qu’ils en sont morts. Ainsi, l’accusé, dans le but d’obtenir des aveux, a suspendu des prisonniers avec les mains attachées aux genoux sur une perche suspendue, torture connue comme „la balançoire à Boger“ auprès de prisonniers, en particulier :

a) en février 1943, torturé un prisonnier nommé Slezarow si violemment qu’il en est mort le lendemain
b) en février 1943, tant maltraité un prisonnier du nom de Janicki, suspendu à cette perche durant un interrogatoire, qu’il est mort de ces coups le lendemain
c) en complément au point b) l’interrogatoire décrit a également servi à tuer un prisonnier du nom de Wroblewski dans le Bunker après qu’il l’ait maltraité sur la „balançoire“ parce qu’il l’avait trouvé avec un vieux revolver rouillé
d) en 1943, il a maltraité un prisonnier Polonais qui en est mort
e) en été 1943, après l’incendie dans les ateliers Allemands de réparation [Ausrüstungswerken], il a si violemment maltraité un jeune prisonnier Polonais dans une pièce de la DAW qu’il en est mort
f) en 1943, il a si violemment maltraité un prisonnier Polonais soupçonné d’avoir volé de la viande, qu’il en est mort le soir même au Revier
g) en 1943, il a tué le prisonnier Polonais Jan Lupa lors d’un interrogatoire
h) le 15 septembre 1943, il a causé au prisonnier Juif Walter Windmüller de si graves blessures aux testicules et aux reins qu’il en est mort le 21 septembre 1943
i) il a si violemment maltraité lors de leurs interrogatoires les prisonniers Wienhold et deux autres qui préparaient une évasion du Bunker du Block 11, qu’ils sont morts des suites de leurs blessures

5. il a exécuté un groupe de Résistants Polonais, parmi lesquels : les pilotes Gilewicz et Dziama, le supérieur Stamirowski, Maurycy Potocki, les commandants Boncza et Kurczewski, les lieutenants Lisowski et Szumielewicz, le sous-officier Karp et l’avocat Wozniakowski;

6. il s’est opposé à la décision du médecin du camp au sujet d’un prisonnier du Block 21 venant de subir une opération et l’a fait tuer

7. il a tué la Slovaque de 22 ans Lily Tofler qui remplissait l’office de prisonnière secrétaire au lavabo du rez-de-chaussée du Block 11 de deux coups de pistolet

8. lors du transport de la section B du camp (Theresienstädter) il a tué la journaliste Nowotny qui refusait de monter dans le camion qui emmènerait les prisonniers aux chambres à gaz

9. a tué un prisonnier de Varsovie au Block 10

10. a pendu un prisonnier Soviétique à une potence montée à côté de la cuisine du camp

11. en octobre 1942, il a tenu la tête sous l’eau d’un ecclésiastique Polonais de 60 ans environ dans la cuisine jusqu’à ce que mort s’ensuive

12. au printemps 1943, il a emmené au Block 11 un couple Polonais avec leurs trois enfants de 3 à 10 ans, où il les a tués en commençant par les enfants en tirant au pistolet à une distance de 3 mètres

13. le 9 mai 1943, en état d’ébriété, il a tué un prisonnier Polonais lors d’un interrogatoire en lui tirant dans la tête  

14. en juin 1943, au Krankenbau du Block 28 il a malmené jusqu’à la mort le Général Dlugiszewski, amaigri jusqu’à en être squelettique et souffrant de psoriasis

15. l’été 1943, il a mené la pendaison de 4 prisonniers de guerre Soviétiques, qui étaient condamnés à mort pour une prétendue activité politique illégale. L’un de ces prisonniers était un responsable culturel Soviétique.

16. à la fin de l’année 1943 ou au début de 1944, il a tué auprès du point d’eau un jeune prisonnier Polonais auquel un autre SS avait ordonné de ramener de l’eau dans un récipient de cuisine

17. au printemps 1944, il a poussé les prisonniers Juifs d’un transport de Hongrie à renfort de coups avec un nerf de boeuf (Ochsenziemer) vers le crématoire où il a participé à leur gazage

18. en 1944, il a pris part à l’exécution par pendaison de deux Polonaises

19. au printemps ou en été 1944, il a pendu le Blockältester du Block 28 au camp D de Birkenau

20. à la mi 1944, au Block 11, il a tué au pistolet 46 prisonniers du Kommando „Union“, qui n’étaient plus aptes au travail pour cause d’épuisement physique

21. en août 1944, il a pendu devant la cuisine du camp quatre prisonniers de guerre Soviétiques qui s’étaient enfuis du camp et  avaient été repris

22. en 1943 ou 1944, après la répression de la révolte du Kommando des prisonniers du crématoire, qui s’opposaient à la conduite d’un transport à la chambre à gaz en s’asseyant dans le passage, il a ordonné à la centaine de prisonniers concernés de se coucher sur le sol et les a abattus avec l’aide du SS Houstek-Erber [voir ce nom dans les biographies SS]

23. le 30 décembre 1944, il a participé à la pendaison des prisonniers Bernard Swierczyna, Ludwig Vesely, Ernst Burger, Rudolf Friemel et Piotr Piaty

24. en été 1944, il a participé à l’envoi de force aux chambres à gaz des personnes lors de la supression du camp des Tziganes.

L’accusé Arthur BREITWIESER

En octobre 1941, en tant que SS Rottenführer et "désinfecteur" :

a introduit du gaz toxique, le Zyklon B, dans les caves du Block 11 lors du 1er gazage humain à Auschwitz I, tuant ainsi environ 850 prisonniers de guerre Soviétiques et environ 220 personnes du Krankenbau.

L’accusé Perry BROAD

De 1942 à 1945 en tant que SS Rottenführer et chargé d’enquête auprès de la section politique :

1. a aidé activement dans un nombre de cas indéterminé à la sélection des prisonniers Juifs destinés au gazage sur la Rampe à Birkenau et accompagné ces transports au crématoire en camion, en particulier à l’arrivée des grands transports de Juifs de l’automne 43

2. a tué ou abattu des prisonniers dans un nombre indéterminé de cas durant des interrogatoires où il les frappait

3. a pris part dans un nombre indéterminé de cas à la sélection de prisonniers du Block 11 des arrêts et à leur exécution au mur noir entre les Blocks 10 et 11, et en particulier à l’exécution de nombreux Tchèques après l’attentat contre le SS Obergruppenführer Heydrich à Prague, ainsi que l’exécution de plusieurs prisonniers en automne 1943, parmi lesquels se trouvait une certaine Mme Strowak, qui avait été arrêtée pour avoir donné à manger à des prisonniers et être soupçonnée d’avoir contribué à une évasion.

 
L’accusé Victor CAPESIUS

De la fin 43 à Noël 1944 en tant que SS Hauptsturmführer et à partir du 9 novembre 1944 en tant que SS Sturmbannführer et chef de la pharmacie SS d’Auschwitz Birkenau :

1. au printemps et en été 1944, d’avoir mené ou surveillé dans un nombre considérable de cas la sélection à l’arrivée de transports de prisonniers sur la Rampe de Birkenau, à l’issue desquelles un nombre indéterminé de prisonniers étaient triés et ensuite emmenés pour être gazés dans les chambres à gaz, où il a alors surveillé les SS qui jetaient le Zyklon B ; et en particulier :
- en avril 1944, sélectionné en compagnie des médecins du camp Dr. Mengele et Dr. Klein des transports RSHA.
- le 5 mai 1944, sélectionné de lui-même un transport RSHA arrivant de Roumanie
- le 25 mai 1944, il a sélectionné avec Mengele un transport RSHA de Roumanie
- le 11 Juin 1944, sélectionné seul un transport RSHA de Hongrie
- en août 1944, sélectionné un transport RSHA de Roumanie, d’environ 1.000 personnes

2. dans 5 cas au moins, il a pris part à des sélections dans le camp de Birkenau où chaque fois de nombreux prisonniers étaient envoyés à la mort par gazage. En particulier :
- lors d’une sélection dans le camp des femmes de Birkenau, il est allé cherché des femmes qui s’étaient cachées dans un Block et en a trouvé une qu’il a faite gazer aussi
- en deux occasions en été 1944, il a pris part avec Mengele à des sélections dans une baraque du camp des femmes, traduisant en Hongrois que les femmes malades devaient se présenter à l’invitation du Dr. Mengele. Les femmes qui se sont annoncées ont été gazées
- en août 1944, il a participé, avec Mengele et deux autres SS dont les noms ne sont pas connus, dans la baraque II des enfants à sélectionner environ 1.200 enfants, y compris en employant la violence physique, pour le gazage. Il a pris part aussi à leur transport en camion vers les chambres à gaz
- le 13 octobre 1944, a pris part avec Mengele à la surveillance de toutes les prisonnières qui étaient dans le Revier du camp des femmes pour les mener de là jusqu’aux chambres à gaz
- le 31 juillet 1944, avec Mengele et d’autres SS, a surveillé la liquidation du camp des Tziganes

3. a cherché des moyens pour exécuter des prisonniers avec des anesthésiants, en mélangeant de l’evipan et de la morphine au café et en augmentant chaque fois la dose, au moins deux prisonniers sont morts d’avoir bu cette boisson

4. a utilisé ses connaissances sur le meurtre de prisonniers par utilisation de Phenol pour en demander aux services de santé afin d’exécuter ou faire exécuter les injections mortelles.

L’accusé Klaus DYLEWSKI

Durant les années 1941 à 1944 en tant que SS Unterscharführer et à partir du 17 avril 1944 en tant qu’Oberscharführer et chargé d’enquête pour le service politique :

1. a participé activement, dans un nombre indéterminé de cas, à des sélections sur la Rampe de Birkenau à la suite desquelles un grand nombre de prisonniers seraient gazés

2. a entrepris, dans un nombre indéterminé de cas, mais de façon régulière, avec d’autres SS membres du service politique, des sélections au Block d’arrêt, où il déterminait quels prisonniers relevant de sa compétence devaient être exécutés (ce qui était appelé les "vidages de Bunker" : Bunkerentleerungen). Il a ainsi décidé en été 1943 que parmi un groupe, le prisonnier Lewandowski serait exécuté en tant qu’agent provocateur alors qu’aucun procès n’était engagé contre lui

3. dans un nombre indéterminé de cas, il a tué des prisonniers au „mur noir“  par un coup de pistolet dans la nuque, bien que –comme il le savait- aucun arrêt de mort n’ait été prononcé à l’encontre de ces prisonniers. L’accusé et d’autres membres du service politique alternaient à ces exécutions, l’accusé a participé en particulier à celle des commissaires Soviétiques en 1941/42

4. a si violemment maltraité les prisonniers Sojecki et Pisenczykiewicz lors d’un interrogatoire qu’ils en sont morts.

L’accusé Willi FRANK

Du printemps à l’automne 1944 en tant que SS Hauptsturmführer et chef du service dentaire :
dans un nombre de cas important mais indéterminé, il a effectué ou surveillé des sélections à l’arrivée des transports de prisonniers Juifs sur la rampe de Birkenau, à l’issue desquelles un grand nombre de prisonniers étaient menés aux chambres à gaz ; là il surveillait le service de santé qui mettait le Zyklon B.

L’accusé Emil HANTL

Durant les années 1943 et 1944 en tant que SS Rottenführer et à partir du 1er septembre 1943 Unterscharführer du service de santé au HKB [Häftlingskrankenbau, "hôpital" des prisonniers] :

dans un nombre indéterminé de cas, il a sélectionné 28 prisonniers en présence du médecin du camp dans le Block d’accueil qui ont été amenés au Block 20 pour être tués par injection de Phenol dans le coeur qu’il surveillait ou effectuait lui-même. A diverses reprises, il a accompagné le médecin de service du camp au HKB où 100 à 200 prisonniers étaient chaque fois sélectionnés et emmenés en camion pour être gazés à Birkenau.

En particulier, l’accusé a :
- les 28 février et 1er mars 1943 au Block 20 du camp souche, en compagnie de l’accusé Scherpe, tué 119 garçons Polonais qui avaient entre 13 et 17 ans, par des injections de Phenol dans le coeur
- en mai ou juin 1944, tué 8 à 10 prisonniers Allemands de droit commun arrivant de Breslau au Block 20 du camp souche par piqûre de Phenol dans le coeur.

L’accusé Karl HÖCKER

De mai 1944 à janvier 1945 en tant que SS Obersturmführer, en qualité d’officier d’ordonnance du commandant du camp (SS Baer) :
avoir participé au meurtre d’un nombre indéterminé de prisonniers sur l’ensemble du camp d’Auschwitz et de personnes amenées de divers pays d’Europe pour être exterminées à Birkenau.

L’accusé a, en particulier :
été responsable de participer à la réalisation du programme d’extermination national-socialiste (mise en place, activités des lieux de gazage, gestion des réserves de Zyklon B, organisation et gestion du déroulement des sélections de transports de civils, tri des gens sur la Rampe, transport des personnes en camion vers les chambres à gaz) en tant qu’officier d’ordonnance, responsable de l’ordre dans le camp auprès du commandant et de l’exécution aussi rapide et exacte que possible des ordres ; en toute connaissance de l’illégalité de tels ordres.

 

L’accusé Franz HOFMANN

Du 1er décembre 1942 à juin 1944, en tant que SS Hauptsturmführer et Schutzhaftlagerführer (chef de camp) à Auschwitz I ainsi qu’en tant que chef du camp des Tziganes à Birkenau :

1. a surveillé la sélection un nombre de fois indéterminé sur la rampe de Birkenau à l’arrivée des transports de prisonniers Juifs, parmi lesquels un grand nombre était emmené aux crématoires et tué dans les chambres à gaz. Il a surveillé aussi plusieurs fois le déroulement du gazage

2. il a participé un nombre indéterminé de fois en tant que membre de la commission du Block 11 des arrêts, à l’exécution au mur noir –partiellement en sa présence- des prisonniers qui étaient dans le Bunker

3. il a maltraité si violemment des prisonniers un nombre de fois indéterminé, en tant que chef du camp des Tziganes à Birkenau, qu’ils en sont morts

4. à l’automne 1943, il a tant maltraité les Stubendienst et les Blockältester du camp des Tziganes à Birkenau durant 1h ½ à 2 h par des exercices physiques (pratique appelée "Sportmachen“) que 6 ou 7 prisonniers en sont morts

5. en été 1943, il a amené un prisonnier Juif qui s’opposait à lui, à la chambre à gaz où il l’a abattu au pistolet

6. en 1943, il a tué un prisonnier en lui causant une fracture du crâne mortelle parce qu’il lui avait lancé une bouteille sur la tête

7. durant l’hiver 1942 ou 1943,  il a contraint 10 à 12 prisonniers de guerre Soviétiques déjà affaiblis, à se tenir nus dans un froid si vif qu’ils sont morts gelés

8. en 1943, il a sélectionné 40 à 50 enfants de 6 à 12 ans parmi le camp des enfants du camp souche (cellule du Block 18) pour les faire gazer

9. en janvier 1944, il a sélectionné dans la vieille blanchisserie entre les Block 1 et 2 avec l’accusé Kaduk et le Rapportführer de cette époque Clausen, environ 600 prisonniers parmi lesquels il y avait aussi des enfants, pour les faire gazer.

L’accusé Oswald KADUK

De 1942 à 1945 en tant que SS Unterscharführer et Block- puis Rapportführer :

1. a pris part dans un nombre de cas indéterminé à des sélections par instruction sur des prisonniers individuels et avec d’autres membres de la SS ou seul et de façon arbitraire, à la suite desquelles un grand nombre de prisonniers ont été gazés. A ce sujet il a en particulier :
a) entrepris à de nombreuses reprises des sélections au Sauna et au Krankenbau d’Auschwitz I, à l’issue desquelles il envoyait les prisonniers en camion pour être gazés. Parmi les prisonniers concernés, il y eut Horowitz et Kolawski d’Anvers ainsi que Opoka-Löwenstein
b) en hiver 1943, il a fait emmener environ 300 prisonniers du commando de bois (Holzhofkommando) en camions pour être gazés aux crématoires.
c) en 1943 il a fait emmener environ 150 prisonniers du Block 9 en camion pour être gazés
d) en janvier 1944, il a sélectionné dans la vieille blanchisserie entre les Block 1 et 2 avec l’accusé Hofmann et le Rapportführer de cette époque Clausen, environ 600 prisonniers parmi lesquels il y avait aussi des enfants, pour les faire gazer.
e) l’été 1944, il a sélectionné de son propre chef et par deux fois au moins des prisonniers qu’il a envoyés au gazage
f) à l’automne 1944, il a effectué une sélection avec d’autres membres de la SS sur la "Birkenallee" qui a eu pour conséquence le gazage de très nombreux prisonniers
g) en novembre 1944, il a sélectionné une fois aux premières heures du matin au Block 16, en état d’ébriété et avec un autre membre de la SS 5 ou 6 prisonniers pour être gazés qu’il a fait défiler nus devant lui. La même nuit, l’accusé est allé dans d’autres Blocks avec d’autres SS où ils ont sélectionné environ 100 prisonniers pour être gazés et qui l’ont été après 10 à 14 jours

2. le 11 octobre 1943, il a pris part à l’exécution de 40 prisonniers environ qui appartenaient à l’intelligence Polonaise

3. début 1943, et plusieurs fois au Block 8, en état d’ébriété, il a battu et étranglé ensuite des prisonniers en leur mettant sur le cou une canne sur laquelle il s’appuyait, ce dont ils mouraient. Il a notamment tué de cette manière le diamantaire Moritz Polakewitz, l’ancien secrétaire du conseil Juif (Judenrat) d’Anvers Teidelbaum, ainsi qu’un autre prisonnier dont le nom n’est pas connu au Block 8a

4. en été 1943, il a si violemment maltraité un prisonnier Juif de Hollande qu’il a trouvé en possession de nourriture, que le prisonnier a dû être amené sans connaissance au Krankenbau où il est mort des suites de ce traitement

5. en hiver 1943, il a participé à l’exécution d’environ 50 prisonniers de guerre Soviétiques qui avaient refusé de travailler

6. en octobre 1943,  il a battu un prisonnier Juif de Lodz travaillant pour Krupp ("Krupp-Betrieb") avec une canne

7. en 1943 ou 1944, il a „secoué“ jusqu’à ce qu’il en meure un jeune prisonnier Juif qui n’était pas présent à l’appel parce qu’il dormait

8. en 1943, il a abattu cinq prisonniers à la gravière

9. en 1943, il a pris part à l’exécution de 225 prisonniers au « mur noir »

10. en été 1943, lors de l’exécution de 12 prisonniers par pendaison, il a poussé la sellette sur laquelle plusieurs d’entre eux étaient posés

11. début 1943, il a maltraité puis abattu trois prisonniers, qui travaillaient à la construction d’une usine, parce qu’ils avaient caché des cigarettes derrière un wagon

12. en mai 1943 et août 1944, il a participé à une exécution au mur noir en abattant 8 à 10 des prisonniers par un coup de pistolet dans la nuque

13. en 1943 ou 1944, il a tiré dans la poitrine ou le ventre d’un Tzigane qui regardait par la fenêtre, la blessure a entraîné la mort

14. fin 1943 ou début 1944, il a écrasé intentionnellement, avec sa moto, un prisonnier Juif de France qui en est mort

15. au printemps 1944, il a fouetté puis pendu un prisonnier parce que lors d’une pendaison la corde avait rompu

16. en 1944, avec le prisonnier appelé Bunkerkapo Jakob [qui travaillait au Block 11] il a attrapé 10 à 12 prisonniers passant sur le chemin dans le camp et les a noyés dans la cuve derrière les cuisines

17. le 25 août 1944, lors de la confusion suscitée par une attaque aérienne, il a tué de nombreux prisonniers par sévices physiques

18. en septembre 1944, il a fait subir de si violents sévices à trois prisonniers que l’un est mort des suites de ces sévices l’après-midi même

19. deux semaines environ après le cas décrit ci-dessus, il a tué trois otages en représailles à une évasion, bien qu’il s’était révélé que le prisonnier disparu ne s’était pas enfui mais était mort d’épuisement

20. en 1943 ou 1944, un prisonnier du Block de quarantaine ayant dû rester à l’appel durant toute une journée et ayant fait ses besoins sous lui, il l’a contraint sous les coups à „aller aux fils“ mais comme exceptionnellement la clôture n’était pas électrifiée, il a fait abattre le prisonnier par un garde

21. il est allé en état d’ébriété au camp des Tziganes et a tiré au hasard sur les prisonniers, au moins l’un d’entre eux en est mort

22. le 30 décembre 1944, a participé à la dernière exécution publique de 5 ou 6 prisonniers parmi lesquels Bernard Swierczyna, Ludwig Vesely, Ernst Burger, Rudolf Friemel et Piotr Piaty

23. en mai 1943, il a frappé différents prisonniers avec un piquet, sans raison, parmi lesquels Wascha qui est mort de ses blessures

24. lors de la marche d’évacuation, il a abattu plusieurs prisonniers qui s’étaient écroulés d’épuisement

25. peu de temps (un ou deux jours) après l’évacuation d’Auschwitz, il y est revenu et il a tiré dans le ventre du prisonnier Hollandais Ackermann qui est mort de cette blessure.

L’accusé Josef KLEHR

de 1941 à 1944, en tant que SS Oberscharführer au service de santé et chef des commandos dits "de gazage" (Vergasungskommandos) :

1. il a participé dans un nombre indéterminé de cas à la sélection sur la rampe de Birkenau et au HKB, et il a mené de façon indépendante des sélections au HKB (Häftlingskrankenbau) à la suite desquelles quantité de détenus ont été gazés.

L’accusé a, en particulier :
- le 20 avril 1942 amené environ 300 prisonniers qui ont été gazés dans la pièce appelée „Schonungsstube“ au Block 20 du HKB du camp souche destiné au gazage
- le 29 août 1942, il a sélectionné avec le SS Entress, médecin du camp et l’accusé Scherpe au Block 20 du HKB du camp souche environ 700 prisonniers malades pour le gazage, de telle sorte que le Block a été vidé de ses occupants qui ont été emmenés par camions
- en janvier 1943, il a sélectionné sur la rampe 40 à 50 prisonniers d’un transport qui arrivait, les destinant au gazage  
- au printemps 1943, il a sélectionné les fiches individuelles de prisonniers malades au Block d’infection du HKB du camp souche et les a envoyés au gazage, simultanément il a sélectionné aussi les arrivants qui lui paraissaient malades
- en mai 1943, il a sélectionné personnellement environ 70 prisonniers du HKB du camp souche qui ont été gazés
- en automne 1944, il a sélectionné pour le gazage au HKB plusieurs prisonniers blessés lors d’une attaque à la bombe
- pour une date qu’on ne peut établir, au Block 21 du HKB du camp souche, il a sélectionné pour le gazage plusieurs prisonniers malades, parmi lesquels le prisonnier Szende qui souffrait de gelures

2. dans un nombre indéterminé de cas –souvent plusieurs fois par semaine- il a participé aux sélections menées par des médecins SS, à la suite desquelles un grand nombre de prisonniers a été tué par injection de Phenol dans le cœur, injections que l’accusé a surveillé ou accompli lui-même

L’accusé a, par ailleurs :
- en été 1942, après un incident dans le camp des femmes, pratiqué une piqûre dans le cœur d’une femme, ce qui a immédiatement entraîné sa mort
- en 1942 et 1943, il a tué par injection de Phenol quantité de prisonniers, qui avaient survécu aux expériences sur le thyphus menées sur eux
- en été 1942, il a tué un commissaire politique Soviétique par injection de Phenol
- en septembre 1942, il a tué par injection de Phenol les prisonniers Teofil Cyron, Dr. Phil. Weiner et Zygmunt Stobiecki (étudiant) qui devaient être abattus mais qui n’étaient pas transportables
- à Noël 1942, il a sélectionné de lui-même environ 200 prisonniers au HKB et les a tués par injection de Phenol
- fin 1942 ou début 1943, il a tué 20 prisonniers par injection de Phenol
- il a tué plusieurs jeunes prisonniers du Block 20 par injection de Phenol
- en été 1942, il a tué par injection de Phenol un groupe de 15 prisonniers Juifs employés au camp annexe de Jawischowitz et arrivés au camp souche en ambulance
- en été 1942 ou 1943, il a tué deux prisonnières par injection de Phenol dont la Polonaise Terlikowska de Varsovie
- l’année 1942 ou 1943, il a tué le prisonnier Dr. Samson dans les caves du Block 28 par injection de Phenol, après qu’il l’ait torturé par des exercices physiques (ce qu’on appelait "Sportmachen")

3. dans un nombre indéterminé de cas, il a conduit le gazage en masse de prisonniers en tant que chef du commando de gazage.

L’accusé a, en particulier :
- en automne 1942, conduit le gazage d’un grand nombre de prisonniers au petit crématoire
- au printemps 1943, il a mené le gazage d’environ 200 prisonniers, également au petit crématoire (gazage d’un "Sonderkommando")

4. dans la 2ème moitié de l’année 1942, il a torturé plusieurs infirmiers de prisonniers dans le grenier d’un Block du HKB au camp souche en leur faisant "faire du sport" si longtemps, que le cœur du prisonnier Rudek a laché

5. en mai ou juin 1944, il a emmené une vieille femme Juive et sa fille qui refusaient de se séparer après la sélection, vers l’une des fosses creusées près des crématoires de Birkenau et les a jetées vivantes dans le feu.

L’accusé Franz LUCAS

Au printemps et en été 1944, en tant que SS Obersturmführer et médecin du camp :
il a mené ou surveillé les sélections dans un nombre considérable de cas des Juifs arrivant sur la rampe de Birkenau, à la suite de quoi quantité de prisonniers ont été transportés aux chambres à gaz, où il a également surveillé les membres du service sanitaire qui y jetaient le Zyklon B.

L’accusé Robert MULKA

De février 1942 à mars 1943, en tant que SS Obersturmführer puis Hauptsturmführer :
1) en qualité de commandant de compagnie d’une Wacheinheit et plus tard
2) en tant qu’officier d’ordonnance du commandant de camp Höß
a participé au meurtre d’un nombre indéterminé de prisonniers sur l’ensemble du camp d’Auschwitz et de personnes amenées à Birkenau de divers pays d’Europe pour être exterminées.

L’accusé a, en particulier :
- été responsable de participer à la réalisation du programme d’extermination national-socialiste (mise en place, activités des lieux de gazage, gestion des réserves de Zyklon B, organisation et gestion du déroulement des sélections de transports de civils, tri des gens sur la Rampe, transport des personnes en camion vers les chambres à gaz) en tant qu’officier d’ordonnance, responsable de l’ordre dans le camp auprès du commandant et de l’exécution aussi rapide et exacte que possible des ordres ; en toute connaissance de l’illégalité de tels ordres.

L’accusé Gerhard NEUBERT

En 1943 et 1944, en tant que SS Oberscharführer et membre du service sanitaire :
- il a, dans un nombre de cas indéterminé, mené des sélections avec les médecins SS au HKB de Monowitz et au camp de Monowitz, à la suite desquelles quantité de prisonniers ont été gazés. Il a discuté des "cas à trier" (jeweils auszusondernden Fälle besprach), a conduit aussi des sélections de son propre chef qu’il laissait ensuite confirmer au médecin SS.

L’accusé Hans NIERZWICKI

De 1942 à 1944, en tant que SS Unterscharführer et membre du service sanitaire :
- il a, dans un grand nombre de cas, pris part aux sélections avec les médecins SS et entrepris isolément des sélections, à la suite desquelles un grand nombre de prisonniers ont été gazés ou piqués au Phenol dans le cœur, soit par lui-même, soit sous sa surveillance, à certains moments, 30 à 40 prisonniers par jour.

L’accusé a, en particulier :
- au HKB du camp souche, maltraité et finalement tué par une injection de Phenol un prisonnier qui avait volé sa montre à un autre  
- tué à Birkenau une enfant Polonaise aveugle de cinq ans par une piqûre de Phenol
- tué au HKB de Birkenau en été 1943 des nouveaux-nés par des piqûres de Phenol dans le coeur
- à l’automne 1943, tué par une injection de Phenol au Revier du camp annexe Janina, un prisonnier qui s’était gravement blessé au pied durant son travail
- participé au meurtre par injection de Phenol au camp de Birkenau avec un médecin SS resté inconnu, d’environ 10 "musulmans".
 

L’accusé Willi SCHATZ

Du printemps à l’automne 1944, en tant que SS Untersturmführer et dentiste :
- il a mené ou surveillé dans un grand nombre de cas la sélection des prisonniers Juifs arrivant sur la Rampe à Birkenau, ce qui a conduit à la mort un grand nombre de prisonniers dans les chambres à gaz où ils étaient amenés. Là, il a surveillé le service sanitaire chargé de jeter le Zyklon B.

L’accusé Herbert SCHERPE

en 1942 et 1943, en tant que SS Oberscharführer et membre du service sanitaire :
1. a participé à des sélections dans un nombre indéterminé de cas avec les médecins SS, à la suite desquels ces prisonniers ont été tués par injection de Phenol dans le coeur. Dans un nombre indéterminé de cas, il a soit lui-même pratiqué les injections, soit les a surveillées.

L’accusé a, en particulier :
- les 28 février et 1er mars 1943 au Block 20 du camp souche, tué par injection de Phenol deux groupes  de 119 enfants Polonais en tout, qui avaient entre 13 et 17 ans. Il a pratiqué la plupart des injections lui-même, les autres ayant été pratiquées par l’accusé Hantl sous sa surveillance

2. le 29 août 1942, il a sélectionné avec le médecin du camp Entress et l’accusé Klehr au Block 20 du HKB du camp souche environ 700 prisonniers malades pour qu’ils soient gazés.

 

L’accusé Bruno SCHLAGE

En 1942-1943, en tant qu’inspecteur des arrêts (Arrestaufseher) au Block 11 du camp souche :
- a participé au choix, dans un nombre indéterminé de cas, des prisonniers de la cave du Block des arrêts qui seraient exécutés au mur noir entre les Blocks 10 et 11 par un coup de pistolet dans la nuque et a pris part personnellement à ces exécutions. Il savait qu’elles étaient menées sans procédures judiciaires convenables et qu’elles étaient donc illégales.

L’accusé Johann SCHOBERT

De 1943 à la fin 1944 en tant que SS Rottenführer et à partir du 1er février 1944 en tant qu’Unterscharführer et membre du service politique :
1. dans un nombre de cas indéterminé il a mené des exécutions de prisonniers en compagnie du SS Unterscharführer Bernhard Kristan dans le vieux crématoire

2. en été 1944, a participé au moins une fois à une sélection de prisonniers arrivant sur la rampe de Birkenau de nuit, à la suite de laquelle un grand nombre de personnes ont été gazées.

3. a participé activement au moins une fois à une action de gazage au K II, où il surveillait le gazage des prisonniers avec une liste.

L’accusé Hans STARK

De la fin 1940 à décembre 1941 et de mars 1942 à novembre 1942, en tant que SS Unterscharführer puis Oberscharführer et chef du service d’accueil au service politique :

1. a participé un nombre de fois indéfini à l’exécution de prisonniers dans un local prévu spécialement à cet effet du vieux crématoire [K I], et en particulier en mai / juin 1942 avec le Rapportführer de cette époque-là nommé Palitzsch, en tuant par un coup de pistolet dans la nuque deux groupes de prisonniers d’environ 20 personnes chacun, parmi lesquels des femmes et des enfants, les enfants ayant entre 5 et 12 ans

2. a participé dans un nombre de cas indéterminé à l’exécution contraire au droit de prisonniers, en particulier de prisonniers de guerre Soviétiques, au "mur noir" entre le Block 10 et le Block 11

a) à l’automne 1941 il a participé à l’exécution au mur noir d’environ 20 à 30 commissaires soviétiques avec d’autres membres de la SS, chacun tirant à tour de rôle, il y a tué cinq à six personnes lui-même

b) au printemps 1942, il a tué un prisonnier au mur noir, après en avoir tué d’abord un autre avec le Rapportführer Palitzsch, en raison d’une confusion à cause de noms semblables

3. en automne 41, il a jeté le Zyklon B, gaz toxique avec lequel étaient pratiqués les gazages, en compagnie d’un SS du service sanitaire, dans le petit crématoire par l’ouverture prévue à cet effet. 200 à 250 hommes, femmes et enfants Juifs ont été tués de cette façon.

4. en été 1942 il a surveillé ou participé activement, selon les cas, un nombre de fois indéterminé à la sélection sur la rampe de Birkenau. Il a ensuite dirigé ces personnes au crématoire et les a fait entrer par la force dans la chambre à gaz.



[Page mise en ligne en juin 2006]

photo archives salle procès Auschwitz FrancfortDans cette page, je propose l’essentiel des éléments biographiques concernant les 24 accusés originellement prévus au procès d’Auschwitz qui s’est tenu à Francfort d’octobre 1963 à août 1965. Finalement, Richard Baer est mort en détention préventive avant la tenue du procès proprement dit et trois autres : Heinrich Bischoff, Gerhard Neubert et Hans Nierzwicki ont été jugés incapables de participer aux débats pour raison de santé. Ce sont ainsi 20 personnes qui ont effectivement été jugées lors de ce procès.
Le détail des actes d’accusation concernant leurs agissements à Auschwitz pour lesquels ils sont inculpés lors de ce procès est traité dans une sous-rubrique, et la liste des peines infligées dans une autre.

BAER, Richard.  Né à Floss (Palatinat/Bavière) le 9 septembre 1911. Ecole primaire puis formation de confiseur en apprentissage. Membre du parti NS fin 1930, il adhère à la SS en juin 32 (n°44 225) et abandonne son métier. En avril 33 il arrive à Dachau comme garde où il reste un an et demi et où il est promu Rottenführer. Il est ensuite muté à Oranienburg et promu simultanément Unterscharführer. En 37 il est à Sachsenhausen et en 38 à Buchenwald. Il y devient commandant de compagnie et Untersturmführer. Il part ensuite pour Neuengamme où il entre dans une division Totenkopf. Il est déplacé en France, à Korbach et promu Obersturmführer. Son unité est déplacée en Prusse-Orientale, il y est blessé durant l’hiver 41 (et soigné par Wirths qu’il retrouvera donc à Auschwitz mais qui officiait alors à Neuengamme). Il se marie en janvier 42. Il reste à Neuengamme en tant qu’officier d’ordonnance du commandant du camp jusqu’en novembre 42. Promu Hauptsturmführer. Il est ensuite muté à Berlin où il devient officier d’ordonnance de l’Obergruppenführer Pohl. Promu Sturmbannführer. Il arrive à Auschwitz comme commandant du camp le 15 mai 1944, poste qu’il conserve jusqu’à l’évacuation.  À partir du printemps 45, il se fait embaucher chez différents agriculteurs et prend le nom de Karl Neumann. Il est arrêté en décembre 1960 mais ne pourra être jugé à Francfort parce qu’il meurt en détention en juillet 1963.

BARETZI, Stefan. Rottenführer. Né le 24 mars 1919 à Czernowitz en Roumanie. Fils de mécanicien. Il a une sœur et deux frères. Formation scolaire jusqu’en 36. Leur père est mort en 38 ou 39. En automne 42 il est envoyé à Auschwitz en tant que SS. En mai 43 il est mis aux arrêts durant 21 jours pour bagarre avec des membres de la Wehrmacht en état d’ébriété. Membre de la Wachsturmbann et Blockführer à Birkenau du printemps 1942 à janvier 45. « Le redoutable Blockführer S. Baretzki » le nomme l'historien survivant H. Langbein. Il participe activement aux sélections et accompagne les victimes vers les fours crématoires pour leur gazage. En mai 45 il est capturé par les Soviétiques et relâché en août de la même année. Il ne s’est pas marié. En 55 il est condamné à une amende pour résistance à l’autorité publique et en 56 à une autre amende pour coups et blessures. En détention préventive depuis avril 1960, il se suicide en prison le 21 juin 1988 à Bad Nauheim (Allemagne).  

BEDNAREK, Emil. Né le 20 juillet 1907 à Königshütte (= Chorzów, Pologne). Son père travaillait dans les mines. Il a 4 frères et sœurs. Il suit une formation commerciale. À partir de 1920 il travaille à la mine. En 1927 il fait son service militaire en Pologne. Il se marie en 33 et il a deux enfants. Lors de la déclaration de guerre, il est rappelé dans l’armée Polonaise. Après une courte captivité, il travaille comme comptable dans une briqueterie. En avril 40 il est arrêté par la Gestapo pour appartenance à un mouvement de Résistance Polonais. Le 7 juillet 40 il est envoyé à Auschwitz, n° 1.325, où il restera jusqu’à l’évacuation. En tant que Volksdeutscher, il bénéficie d’un statut particulier. Il devient ainsi rapidement (octobre 40) Blockältester (au Block 8). En hiver 42/43 il est déplacé à Birkenau dans un Kommando de travail. Quelques semaines plus tard, il devient à nouveau Blockältester de la compagnie disciplinaire. À l’évacuation, il est transporté à Mauthausen avec environ 45 autres Polonais où il reste jusqu’à la libération du camp par les troupes Américaines. Il revient ensuite dans sa famille à Königshütte. En 47, il ouvre un café à la gare de Schirnding (Bavière) qu’il agrandit au fil du temps (kiosque, magasin d’alimentation) où il vit maritalement. Lors de sa déposition auprès du juge d’instruction, il déclare n’avoir jamais tué aucun prisonnier. Lors du procès ensuite, nombre de témoins racontent les circonstances dans lesquelles ils l’ont vu de leurs propres yeux. Il est décrit comme extrêmement brutal et sadique. En détention préventive depuis novembre 1960. Libéré le 1er décembre 1975. 

BISCHOFF, Heinrich. Unterscharführer. Né le 16 juillet 1904 à Überruhr (Allemagne). Fils de mineur. Son père est mort d’un accident en 26 et sa mère en 31. Il ne peut poursuivre d’études au-delà de 1917 pour situation de guerre. À 13 ans il travaillait aux mines de charbon jusqu’à ce qu’il soit au chômage (de 31 à 33). Il se marie en 29. Il entre au parti NS en 31 et dit en avoir été exclu en 34. Il est ensuite chauffeur à l’hôpital de la mine. En juillet 42 il entre aux SS Totenkopf et arrive à Auschwitz quelques jours plus tard. Il est d’abord affecté au service de surveillance. Il est ensuite muté à Golleschau, camp annexe. Il est ensuite Blockführer à Birkenau. Il s’occupait parfois de la surveillance de la Rampe. En septembre 43 il est de nouveau muté dans un camp annexe comme chef de bloc, à Schwientochlowitz. Fin 44 il change à nouveau de camp extérieur. À la mi-janvier 45 c’est l’évacuation vers Gross-Rosen, qu’il accompagne. Il part alors au front où il est blessé. En mai 45 il est capturé par les Américains qui le relâchent en août de la même année. Il retourne travailler à la mine. Victime d’un sévère accident en 48, il reste invalide. Un infarctus du myocarde entraîne son invalidité complète en mai 57. Son accusation ne sera finalement pas menée à terme pour raisons de santé.

BOGER, Wilhelm. Oberscharführer. Né le 19 décembre 1906 à Stuttgart. Il quitte les études en 1922, il a 16 ans, et entre aux Jeunesses hitlériennes, alors à peine connues, où il reste jusqu’en 29, il entre alors au parti NS et à la SS en 1930 (n°2 779), il est alors Hauptsturmführer. En 31 il se marie, il aura 2 fils et sa femme obtient le divorce pour faute en 41. Il se remarie deux mois après et aura trois filles. Dans le dossier constitué lors de ce mariage, il est écrit qu’il "vient d’une famille héréditairement chargée" (aus einer erblich belasteten Familie), information complétée par les formules suivantes : "son père est présenté comme un obsédé sexuel et son frère comme un psychopathe instable, fréquemment condamné" ("Sein Vater wird als geschlechtlich unmässig bezeichnet, und sein Bruder ist haltloser Psychopath, häufig vorbestraft").  En 33 il est appelé, en tant que membre de la SS, au service de police (Hilfspolizei) puis au service de la police politique. De l’automne 36 au printemps 37, il prépare l’école professionnelle de police et réussit l’examen. De 37 à 40 il occupe différents postes en rapport avec cette formation. Il passera un court laps de temps en prison à Berlin à cette époque pour aide à l’avortement (jusqu’en décembre 40). En novembre 41 il part au front dont il revient blessé à la mi-mars 42. D’après ses indications, c’est en décembre 42 qu’il arrive à Auschwitz en tant que SS Totenkopf, au grade de Sturmbann. Etant donné sa formation, il est versé au service politique du camp. Son activité concerne donc les faits criminels ayant eu lieu dans le camp. Plus tard y sera ajouté le service d’information. Il reste de décembre 42 à janvier 45. Il est alors Oberscharführer. Il était surnommé "le diable de Birkenau" pour sa cruauté, le savait et en concevait de l’orgueil. Un moyen de torture était nommé "la balançoire de Boger". "Il était particulièrement anti Polonais et volait beaucoup, comme Grabner" écrit H. Langbein. Dans les derniers jours de janvier 45, il emporte, avec l’aide de l’Untersturmführer Schurz (son adjoint), l’Oberscharführer Kirschner et le SS Pery Broad, un camion chargé de dossiers vers Buchenwald. Il rejoint ensuite Dora avec eux, puis Nordhausen où il reprend son activité au service politique. Il encadre 5 000 prisonniers de ce camp dans la marche d’évacuation jusqu’à Ravensbrück puis part à Ludwigsburg (où vivent ses parents). Il y est arrêté en juin 45 par la police militaire américaine. En novembre 46 il doit être livré à la Pologne et réussit à s’enfuir. Durant 3 ans, il va travailler chez des agriculteurs. En juillet 49 il est arrêté et emprisonné à Lüneburg  jusqu’en août (pour violences lors d’un interrogatoire en 36). En détention préventive depuis octobre 1958. Meurt le 3 avril 1977.

BREITWIESER, Arthur. Unterscharführer. Né le 31 juillet 1910 à Lwow (Lemberg). Obtient le Bac en 31 puis fait des études de droit à l’université jusqu’en 36. Pendant ses études il devient membres du "parti de la jeunesse Allemande" (Jungdeutschen Partei). Il travaille comme conseiller juridique. En novembre 39 il entre à la SS. Il est "formé" à Varsovie et Buchenwald et envoyé à Auschwitz en mai 40. Il est dans l’administration puis aux "magasins" d’Auschwitz 1 (Häftlingsbekleidungskammer). En octobre 40 il est Sturmmann. Un an plus tard il revient dans un service de l’administration du camp. En juillet 41 il est Rottenführer. Il est notamment accusé d’avoir été parmi les premiers à expérimenter le gaz Zyklon B sur des victimes humaines en octobre 41 (témoignage de Motz, de Varsovie, ingénieur civil et de Schlupper notamment). Il était en compagnie de Frisch, Hauptsturmführer. Ces expérimentations de gazage ont eu lieu dans les caves du Block 11 sur des prisonniers Russes. Il avait été informé sur le Zyklon B, explique-t-il, à Hambourg durant l’été 41. Dans le service où il travaillait, il devait assurer la désinfection des locaux et des vêtements. En février 43 il est promu Unterscharführer. En avril 44 il est muté à Monovitz. Il accompagne la marche d’évacuation jusqu’à Buchenwald. De là, il est déplacé, avec d’autres SS, à Ohrdruf. Il est capturé. En décembre 46 il est livré à la Pologne. Il est condamné à mort au procès de Cracovie en décembre 47 ("verurteilte das Oberste Volkstribunal zur Todesstrafe wegen seines niederträchtigen Charakters"), où ses juges sont particulièrement choqués par le fait que cet homme qui a grandi et a été formé en Pologne, bien que citoyen Allemand, se soit retourné contre la Pologne et les Polonais au camp d’Auschwitz ("Dieser Angeklagte dankte dem polnischen Staate, auf dessen Territorium er geboren und erzogen wurde, damit, daß er im Konzentrationslager Auschwitz, dessen Hauptziel die Extermination der Polen war, die Häftlinge polnischer Nationalität schlug und sie bei den Lagerbehörden denunzierte.") L’année suivante (janvier 48) la peine a été commuée en perpétuité et après onze ans de détention (18 janvier 59) il est libéré. Il a travaillé ensuite comme comptable. Il sera donc parmi les accusés du procès de Francfort, détention préventive du 9 au 22 juin 1961. Il meurt en 1978.

BROAD, Perry. Unterscharführer. Né le 25 avril 1921 à Rio. Son père était Brésilien et commerçant, sa mère Allemande. Il naît à Rio de Janeiro, mais vient seul avec sa mère en Allemagne peu après sa naissance. En 26 il vit à Berlin. De 31 à 36 il était membre des Jeunesses hitlériennes. Il poursuit ses études jusqu’en 41 (école technique). En 42 il devient membre de la SS. Son bataillon est envoyé au front, lui à Auschwitz pour cause de myopie (?). Il est affecté à la surveillance mais demande à changer de service et faire partie de l’administration. Grabner (chef du service politique "Politische Abteilung") l’y fait venir en juin 42. À l’exception des mois de juin et juillet 44 où il est allé en formation, il est resté au service politique jusqu’à l’évacuation du camp en janvier 45. Il est décrit comme musicien, cultivé et insaisissable. Il prenait régulièrement part aux exécutions au Bunker [du Block 11 ou du K I] ou au mur noir. En tant que membre du service politique, il participait aux sélections des Juifs arrivant par les divers convois. Il encadrait aussi des transports en camions de prisonniers sélectionnés vers les chambres à gaz. Il est parti d’Auschwitz dans un camion chargé des dossiers du service politique avec d’autres membres de la SS. En mai 45 il a été capturé par les Anglais qui l’ont relâché en 47. Il se marie en 48, divorce en 55 et se remarie en 58. Il n’a pas eu d’enfant. Il a alors travaillé comme employé commercial dans une scierie jusqu’en 1953. Cette entreprise ayant fait faillite, il reprit ce même emploi à Brunswick. En détention préventive d’avril 59 à décembre 1960 puis de novembre 64 à février 66. Meurt en février 1994.

CAPESIUS, Victor. Sturmbannführer. Né le 07 février 1907 à Reussmarkt (= Miercurea Sibiului, Roumanie). Il est allé à l’école Hongroise et Allemande. Il obtient son bac en 24 puis étudie la pharmacie. En 31 il fait son service militaire Roumain (1 an). Il reçoit son diplôme en octobre 33. Il se marie en 34, il a trois filles. Jusqu’en août 43 il travaille comme visiteur médical et occasionnellement à la pharmacie de l’hôpital de l’armée de terre Roumaine de Cernavode. Du fait de la convention entre l’Allemagne et la Roumanie, il devient Allemand en août 43. Il est versé dans la SS comme pharmacien avec le grade d’Hauptsturmführer. Il fait de courtes durées à Berlin (service central de santé) et Dachau puis est appelé à Oranienburg où il est chargé, en décembre 43, de la direction de la pharmacie d’Auschwitz. Il n’y arriverait pourtant qu’en février ou avril 44 (Capesius dit avril, mais certains documents évoquent février, notamment la date de la mort de Krömer : 18 février 44) en remplacement d’Heinrich Kühler (muté à Plazow) et deux semaines avant la mort de Adolf Krömer, le SS qu’il remplacera finalement. En novembre 44 il est promu Sturmbannführer. Il travaille et sélectionne avec le médecin SS Mengele. Il va sur la rampe comme tous les officiers de santé. Beaucoup le connaissaient au procès, des convois de Hongrie notamment, et a été évoqué notamment le fait qu’il "organisait" beaucoup et s’enrichissait en volant les objets de valeur des victimes gazées. À l’évacuation du camp, il part à Berlin. À Pâques 45 il est capturé par les Anglais qui le libèrent en juin 46. Il va s’installer à Stuttgart sous son véritable nom et ne peut exercer son activité en tant qu’ancien SS. Il étudie l’électrotechnique. Reconnu par un témoin, la police militaire Américaine l’arrête. Il est détenu quelques semaines à la prison de Munich puis envoyé à Dachau et Ludwigsburg. Il est libéré en août 47. Il travaille ensuite comme pharmacien jusqu’en 1950 et ouvre ensuite sa propre pharmacie puis un salon de beauté. Il est financièrement très aisé au moment du procès à Francfort. Il entre en préventive en décembre 59 et sera libéré en 68. Il meurt en 1985 à 78 ans.

DYLEWSKI, Klaus. Oberscharführer. Né le 11 mai 1916 à Finkenwalde (= Finkenwalde, quartier de Stettin / Szczecin). Fils d’un mineur. Il a grandi près de Katowice parce que son père avait pris la nationalité Polonaise après la 1ère guerre. Scolarisé de 22 à 35, il a ensuite entrepris des études aéronautiques validées par un premier examen en 38. Il interrompt ces études en 39 pour s’engager dans la SS puis cherche à revenir sur cette décision pour reprendre ses études mais cela lui est refusé et il est envoyé à Dachau en tant que SS Totenkopf de régiment d’infanterie. À ce titre il participe à l’expédition de France. En septembre 1940, il est muté en tant que Sturmbann à Auschwitz. Après un congé de quatre mois pour études, il est employé au service politique du camp (avec des périodes d’études en décembre 42 / janvier 43 et du printemps à l’été 44). Cela signifie qu’il prend part aux sélections. En novembre 41 il est promu au grade d’Unterscharführer, et d’Oberscharführer en avril 44. En août 44 il est muté au bureau de l’administration centrale à Berlin pour la construction d’un ouvrage souterrain qui sera effectué par les prisonniers du camp de Hersbruck (en Bavière). En 45 il n’est pas capturé et travaille comme adjoint horticole à Hambourg sous le nom de Peter Schmidt jusqu’en 47. (Il réussira à conserver ce nom, avec de faux papiers, jusqu’en 1952). Il reprend ensuite des études qui lui permettent de devenir professeur dans le domaine industriel, puis expert en matériel technique à Düsseldorf à partir de 52 et jusqu’à la date du procès. Il s’était marié en 43, avait eu une fille, puis avait divorcé en 52 pour se remarier en 53 et a de nouveau eu une fille. Au moment du procès, il annonce avoir des problèmes de santé (cerveau mal irrigué) qui auraient commencé lorsqu’il est allé à Auschwitz. Préventive d’avril à mai 59, de décembre 60 à mai 61 et incarcéré d’octobre 64 à 1968 où il est libéré.

FRANK, Willy. Hauptscharführer. Né le 9 février 1903 à Ratisbonne (Regensburg). Il passe le Bac en 23 puis poursuit des études de mécanique à Munich. Ingénieur de 27 à 29. Il entreprend ensuite des études de dentiste. Il dit être entré au parti NS en 33 et à la SS en 35. Dans son dossier personnel, son curriculum vitae écrit de sa propre main indique : "je suis entré au parti NS en 22 dans le groupe local de Ratisbonne" (1922 trat ich als Gründungsmitglied der Ortsgruppe Regensburg der NSDAP bei), se décrit comme très engagé, très actif, et plus loin mentionne qu’il réitère sa demande d’affiliation au parti NS en 31 parce que sa 1ère demande se serait perdue ("Im Herbst 1931 beantragte ich in Regensburg, wieder meine Aufnahme in die NSDAP […] aber ging nach Angaben des Kreisleiters mein Aufnahmeantrag verloren") et de nouveau en 33 à Munich, puisqu’il a quitté Ratisbone depuis longtemps ("Da ich von Regensburg nichts mehr hörte, ließ ich mich im April 1933 in München abermals in die NSDAP aufnehmen.") Il se marie en décembre 34. Il s’installe comme dentiste indépendant puis postule à la SS où il commence en septembre comme dentiste de l’état-major. Il a un fils en 37 et une fille en 39. En 38 et 39 il a trois promotions qui le font Scharführer en 39. De janvier à mai 42 il est à Dachau puis dans des hôpitaux militaires. Il dirige le service dentaire d’Auschwitz de mars 1943 à août 44 puis le même service à Dachau jusqu’à Noël 44. Les témoins survivants du cabinet dentaire d’Auschwitz semblent porter sur lui un jugement plutôt favorable. Son Kalfaktor, Juif Allemand, Männe Kratz l’a confirmé au procès. Frank s’occupait aussi de la refonte de l’or dentaire pris sur les cadavres des victimes gazées. Les médecins SS n’y suffisant plus à partir du printemps 44 pour la sélection sur la rampe et la surveillance des gazages, les dentistes ont également rempli cet emploi ("Darüber hinaus forderte er auch den ihm unterstehenden Angeschuldigten Dr. Schatz jeweils auf, Rampendienst zu versehen."). Capturé par les Américains, il fut relâché en 47. En préventive depuis octobre 1964 il a été libéré en 1970. Meurt le 9 juin 1989 à 86 ans.

HANTL, Emil. Unterscharführer. Né le 14 décembre 1902 à Mährisch-Lotschnau (près de Zwittau = Svitavy, Tchécoslovaquie). Fils d’ouvrier d’usine. Quatre frères et sœurs. Il apprend la boulangerie à la sortie de l’école primaire puis travaille comme ouvrier non spécialisé dans une usine textile jusqu’en 24, puis comme ouvrier agricole en Bohème durant un an et en 35 il revient en Allemagne où il travaille comme tisserand. En janvier 40 il est appelé dans la Waffen SS à Breslau. Après l’invasion des Sudètes, il s’inscrit au parti NS et à la SS. Il est formé comme SS tête-de-mort et muté à Auschwitz en août 40 comme garde du camp puis comme surveillant d’un Kommando, comme fourrier et à la cuisine (à la distribution des repas). En 42 il est affecté au HKB auprès du SS Wirths (médecin) puis de Klehr et de Scherpe, d’après lui au Block 21. En tant que membre du service de santé (Sanitätsdienstgrad) il a participé à des sélections au HKB. Il est également accusé d’avoir administré des piqûres de phénol. Au printemps 44, il est déplacé à Auschwitz III Monowitz puis dans le camp annexe de Jaworzno dont il s’occupa de la marche d’évacuation. Craignant ensuite d’être accusé de désertion, il a rejoint l’évacuation de Nordhausen. Capturé par les troupes Américaines, il a été relâché 3 semaines après parce qu’il a pu taire son appartenance à la SS et son activité à Auschwitz. Il a alors travaillé quatre ans en agriculture puis comme tisserand. Il nie l’ensemble des faits qui lui sont reprochés (piqûres de phénol, sélections, accompagnement aux gazages). En détention préventive depuis mai 1961, libéré le jour de la proclamation du jugement (19 août 1965). Il meurt en 1984 à 82 ans.

HÖCKER, Karl. Obersturmführer. Né le 11 décembre 1911 à Engershausen (près de Lubeck). Le plus jeune d’une famille de six enfants dont le père est mort durant la 1ère guerre mondiale. Suit une formation de mécanique durant 4 ans après l’école primaire. En octobre 33 il entre à la SS. Il était Sturmmann à la déclaration de guerre. En 37 il en au parti NS et se marie (il aura 2 enfants). En 39 il fait partie d’un régiment d’infanterie (à Danzig). Au printemps 40 il est muté à Neuengamme en tant que SS Totenkopf. Il remplit d’abord des fonctions au bureau de la Kommandantur et devient Unterscharführer. Au printemps 42 il va dans un camp annexe près de Wolfsburg qui ferme à l’automne. Il reçoit alors une formation militaire à l’issue de laquelle (mai 43) il est Untersturmführer et officier d’ordonnance au camp de Majdanek durant un an. Il est alors promu Obersturmführer lorsqu’il devient officier d’ordonnance de Richard Baer (commandant du camp d’Auschwitz 1) en mai 44 (voir la page concernant son album de photos). Il reste à Auschwitz jusqu’à janvier 45. Lorsqu’il arrive, tous les crématoires fonctionnent et les transports de Juifs Hongrois vont commencer. En tant qu’officier d’ordonnance du commandant du camp, il veille au "bon déroulement" de l’extermination. Après l’évacuation d’Auschwitz, on le retrouve pour quelques semaines à Nordhausen. Il est fait prisonnier par les Britanniques qui, ignorant ses activités à Majdanek et Auschwitz, le relâchent en janvier 46. En 1952 il se présente de lui-même au Ministère public et reçoit une peine de prison de 9 mois qu’il n’a pas lieu de purger (loi d’impunité de 1954). Au moment du procès à Francfort, il est employé de banque. Il y est condamné à sept ans de détention. Il en effectue cinq (en détention préventive à partir de mars 1965, il est libéré en 1970) puis retourne travailler dans la même banque de son lieu d'origine. Il meurt en 2000 à 89 ans. 

HOFMANN, Franz Johann. Hauptsturmführer. Né le 05 avril 1906 à Hof sur Saale. Fils de boucher, 5 frères et sœurs, sa mère meurt en 1915. Elève moyen, scolarisé de 1912 à 1919. Il apprend le métier de tapissier. En 32 il entre au parti NS et à la SS. Fin septembre 33 il est nommé à Dachau où il est téléphoniste au bureau du commandant jusqu’en septembre 37, puis il travaille dans le camp. En 39 il est Hauptscharführer. Il se marie. Il a quatre enfants. Il ne retourne pas auprès de sa famille après la guerre et divorce. En 41 Untersturmführer, en 42 Obersturmführer. Il exerce alors les fonctions de chef de camp. En décembre 42 il est muté à Auschwitz comme troisième chef de camp d’Auschwitz (de décembre 42 à mars/avril 43 après Aumeier et Schwarz). En tant que tel, il participe donc à de multiples sélections et surveille le gazage des victimes. Peu de temps après il est à Birkenau comme chef du camp des Tziganes. En novembre 43, Höss est remplacé par Liebehenschel. Le camp est officiellement séparé en trois et Hofmann devient chef du camp I jusqu’à mai 1944. Il est alors promu Hauptsturmführer. Il est ensuite muté (été 44) à Natzweiler comme chef de camp de différents camps annexes jusqu’en février 45. Dans un dossier, le commandant du camp de Natzweiler écrit de lui en août 44 : « Il s’est distingué par son zèle, sa conscience et sa circonspection. Du point de vue de son caractère comme de son comportement, il est irréprochable. […] C’est un national-socialiste convaincu et fanatique […] Il remplit très bien sa fonction actuelle. Il se prête particulièrement bien à ce type d’activités ». (Er hat sich durch Pflichteifer, Gewissenhaftigkeit und Umsicht ausgezeichnet. Charakterlich und haltungsmäßig ist H. einwandfrei […] H. ist überzeugter und fanatischer Nationalsozialist. […] Seine jetzige Dienststellung füllt er sehr gut aus. H. eignet sich für derartige Verwendungen besonders gut.). Il s’enfuit lors de l’effondrement du régime et travaille comme ouvrier agricole puis chauffeur en Bavière. Entendu en 48 ou 49, il prétend n’avoir adhéré au parti NS qu’en 37, tait son appartenance à la SS et a fortiori ses activités dans les camps. En 54, il veut se remarier avec une femme dont il a déjà deux enfants. Il a aussi un autre enfant né d’une troisième femme en 46 dont s’occupe un tuteur. En décembre 61, la cour d’assises de Munich le condamne pour ses activités à Dachau à la prison à vie. Il est libéré en mai 62, sa peine est considérée comme purgée (5 mois ?!). Une autre procédure est en cours à Stuttgart concernant ses activités à Natzweiler, pour laquelle il est en préventive depuis avril 59 et qui prend fin au moment du procès à Francfort, où il retourne donc en préventive pour cette affaire. Meurt en 1973 à 67 ans.

KADUK, Oswald. Obersharführer. Né le 26 août 1906 à Königshütte (= Chorzów, Pologne, en Haute Silésie). Fils de forgeron, cinq frères tous morts durant la 1ère guerre mondiale. Après l’école primaire, devient boucher en 24. Il travaille aux abattoirs de la ville puis comme pompier. Il se marie en 31. Il a un fils. Il entre à la SS fin 39. Il est appelé en 40. Formation militaire à Oranienburg, près de Berlin puis près de Varsovie. Membre de la Wachsturmbann. Au printemps 41 il est Sturmmann. Il est blessé en Finlande. Il est ensuite envoyé à Auschwitz en 42. En février 43 il est Unterscharführer. Il est Block- puis Rapportführer. En tant que tel il a été associé à des sélections et a pris seul des décisions de sélections pour le gazage, notamment au Krankenbau d’Auschwitz I. En automne 44 il est promu Oberscharführer. Il reste à Auschwitz jusqu’à l’évacuation. De lui, le commandant de camp Höß a écrit : « C’est sans doute lui qui a exécuté le plus de détenus d’une balle dans la nuque. Je l’ai beaucoup observé, mais je n’ai jamais pu apercevoir la moindre émotion chez lui. » Après guerre il a travaillé dans une sucrerie. En 46 il est arrêté par les Soviétiques parce qu’un ancien prisonnier d’Auschwitz le reconnaît. Il est condamné à 25 ans de prison en mars 1947. Il est libéré en avril 1956. Pour le procès de Francfort, il entre en préventive en juillet 1959 et sera libéré en 1989. Il meurt en 1997 à 91 ans.

KLEHR, Josef. Oberscharführer. Né le 17 octobre 1904 à Langenau (= Elblag, en Pologne, près de Szutowo / Stuthof, non loin de Gdansk). Ecole religieuse, formation de menuisier, apprentissage d’ébéniste. Entre à la SS en 32. Il se marie en 33, il a deux fils. Engagé par un établissement hospitalier fin 34 dans lequel il reste jusqu’en 38. Arrive à Buchenwald en 39 et à Dachau en 40 au Sanitätsdienstgrad (service de santé) en tant que Rottenführer et passe Unterscharführer en janvier 41. Peu après, il est muté au HKB de Birkenau. En 43 il devient Oberscharführer. Spécialiste des piqûres de phénol, pour les prisonniers choisis par le médecin mais aussi pour ceux qu’il sélectionnait lui-même. (Les accusés Hantl, Nierzwicki et Scherpe participaient aussi aux meurtres par piqûres de phénol). Au printemps 43 il devient chef du "commando de désinfection" (Vergasungskommando) ce qui l’associe directement aux meurtres dans les chambres à gaz. La tâche de ce service était d’introduire le Zyklon dans les chambres à gaz. Celle de Klehr en particulier était d’établir le tableau de service des personnels, auquel il participait souvent lui-même en surveillant ou versant lui-même le gaz. Il a aussi fait "faire du sport" [en cas de besoin, voir cette expression dans le glossaire]. Il a été présent aux fosses où étaient brûlés les corps et à des sélections sur la Rampe (comme tous les médecins et personnels de santé du camp). En juillet 44, il est nommé chef de l'hôpital du camp annexe de Gleiwitz. En janvier 45, lors de la marche d’évacuation, il mène un groupe de prisonniers à Groß Rosen. Il part ensuite au front en Tchécoslovaquie. Il est arrêté par les Américains en mai 45 puis libéré en mars 48. Il travaille alors de nouveau comme ébéniste. Un témoin qui le voyait très souvent (Czesław GLOWAKI) a déclaré au procès de Francfort : "Pour lui, tuer était une jouissance". En préventive depuis septembre 1960, il est libéré en 1988 et meurt la même année (23 août 1988) à 84 ans.

LUCAS, Franz. Obersturmführer. Né le 15 septembre 1911 à Osnabrück. Père boucher. Passe le bac à 22 ans et commence des études de médecine à Münster, puis Rostock puis Danzig. Entré en juin 33 dans la SA qu’il abandonne en 34 (parce que cela ne correspondait pas à l’idéal qu’il s’en était fait, dit-il) et entre dans la SS en 37. En 42 il obtient son diplôme. Il est Hauptscharführer. Fin 42 il est déplacé à Nuremberg où il fait son service comme médecin dans un hôpital militaire SS. Il y reste environ un an pendant lequel il est promu Untersturmführer puis Obersturmführer. Selon l’accusé, pour avoir tenu des propos défaitistes un soir de beuverie (« während eines Bierabends ») il est formé comme parachutiste d’octobre à décembre et finalement envoyé ensuite à Auschwitz. Il est médecin du camp de Birkenau (d’abord aux camp des Tziganes et des Theresienstädter) de décembre 1943 à l’été 44 en remplacement du Dr Thilo. "Peut-être de l’indifférence mais pas de cruauté" dit H. Langbein à son sujet. En tant que médecin, il a donc été de service de Rampe (décisions de sélection) et à la surveillance des gazages au Zyklon B. Il est ensuite muté à Mauthausen. Refusant de signer des certificats de mort naturelle pour 40 prisonniers Hollandais, il est muté à nouveau. C’est l’automne 44. Cette fois il arrive à Stutthof. Il n’y reste pas : au 1er janvier, il est à Ravensbrück puis très vite à Sachsenhausen. En conflit avec un plus haut gradé que lui, d’après ses dires, il craint le conseil de guerre, s’enfuit et se réfugie chez un ami près de Postdam jusqu’à la fin de la guerre. Il se marie en 50 et a deux enfants. Il travaille ensuite de nouveau comme médecin jusqu’à ce que son passé de SS soit connu du fait du procès, début 63. En préventive de mars 1965 à mars 68. Jugement levé en cassation en 1969, il est libre en octobre 70.  

MULKA, Karl Ludwig. Hauptsturmführer. Né à Hambourg le 12 avril 1895. Ecole communale puis collège. En 1914 il est engagé volontaire. Il va en France, en Russie et en Turquie. Il en sort officier. Il revient à Hambourg en 1920 où il se marie et travaille comme employé avant de fonder sa propre agence en 1931. Il entre à la Waffen SS en 1941 où il est Obersturmführer. En février 42 il est envoyé à Auschwitz en tant que commandant de compagnie. Il devient très vite officier d’ordonnance du commandant de camp R. HÖSS. En mars 43 il est suspendu de ses fonctions. Lorsque commencent les bombardements de Hambourg, il se met à disposition du chef de la police SS « Nordsee ». Début 45 on lui donne congé pour cause de maladie : il sera dans différents camps à partir de cette date et jusqu’en mars 1948. Il devient ensuite commerçant indépendant. En détention préventive de novembre 1960 à mars 61, puis de mai à décembre 61, et de février à octobre 64. Libéré en 1968. Meurt le 26 avril 1969 à 74 ans.

NEUBERT, Gerhard. Unterscharführer. Né le 12 juin 1909 à Johanngeorgenstadt (Allemagne). Formation de facteur de pianos. Il se marie en 34, il a trois enfants. En mai 40, il entre dans le régiment SS de l’Est à Prague et quatre semaines après il va en Hollande où il reste un an. Après le début de la guerre avec l’Union Soviétique, il est envoyé sur le front de l’Est. Son unité ayant subi des pertes considérables, elle est rapatriée à Cracovie. Au début de 43 il est envoyé à Auschwitz. Il travaille au service de désinfection des vêtements puis est formé à Oranienburg. Lors de son retour, il est affecté au SDG service de santé (Sanitätsdienstgrad) du HKB (Häftlingskrankenbau) d’Auschwitz III Monowitz. Il y sélectionnera les prisonniers qui seront amenés au gazage à Birkenau, avec le médecin SS et aussi de façon indépendante. Les prisonniers malades n’osant pas se déclarer, sachant que du HKB ils partiraient pour la chambre à gaz, tout le camp de Monowitz a dû défiler nu et Neubert s’est chargé de la présélection dont il a présenté le résultat au médecin SS pour décision définitive. Des documents d’époque montrent que lors de la présence de Neubert, les statistiques de "transferts" (signés de sa main) augmentent. Est indiqué comme motif de ces transferts du HKB vers Birkenau "faiblesse physique" (Körperschwäche). Neubert dit qu’il avait reçu l’ordre de ne pas garder de prisonniers au-delà de 5 à 6 semaines au HKB, mais que, bien qu’il avait entendu parler de gazage de prisonniers, il ignorait que ceux qu’il sélectionnait partaient pour les chambres à gaz. En janvier 45, il s’occupe de la marche d’évacuation du camp annexe de Gleiwitz vers Buchenwald. Il passe ensuite un court laps de temps à Nordhausen et Neuengamme. Il est ensuite emprisonné dix semaines. Au moment du procès, il travaille comme administratif dans un aérodrome. Il sera finalement jugé incapable de participer aux débats pour cause de maladie rénale (en juillet 64, soit treize mois avant la fin du procès). Il sera condamné à trois ans et demie de détention lors d’un autre procès.

NIERZWICKI, Hans. Unterscharführer. Né le 18 janvier 1905 à Tczew (Pologne). Citoyen Polonais d’origine Allemande. Formation de garçon de café. Il se marie en 33, sa femme meurt dix ans après, il se remarie en 46. Entre dans la marine de guerre Polonaise l’été 39. Capturé par les Allemands en septembre, il est relâché trois jours après en raison de son origine Allemande. En janvier 41 il entre dans la Waffen SS en tant que Sturmmann. Il est blessé en Hollande. Après sa guérison, il est formé en tant qu’infirmier et envoyé à Oranienbourg. Il est promu Unterscharführer. Il est envoyé à Auschwitz comme infirmier où il travaillera au HKB d’Auschwitz I, au camp des femmes de Birkenau, et dans le camp annexe de Janina. En tant que tel, il participera aux sélections au HKB et à l’administration des piqûres de phénol (qu’il faisait lui-même ou ordonnait), tant à Auschwitz I qu’à Auschwitz II Birkenau. Lors de son interrogatoire par le juge d’instruction, il prétend ne pas s’en souvenir, c’est dire l’importance qu’il y a accordé et son courage pour assumer ses actes : "Je ne parviens pas à me souvenir, si j’ai administré des piqûres à des gens. C’était un tel désordre, on ne savait pas du tout ce qui se passait. Je ne parviens pas à me souvenir de si j’ai fait ces piqûres".  ("Ich kann mich nicht darauf erinnern, abgespritzt zu haben. Das war ja so ein Durcheinander, man wußte gar nicht, was los war. Ich kann mich deshalb nicht erinnern, ob ich abgespritzt habe"). Inutile de dire que de nombreux témoins s’en souviennent et feront des déclarations dans ce sens. Fait prisonnier par les Américains, il est relâché à l’automne 46. S’est présenté au juge d’instruction pour la préventive mais est resté libre pour cause de tuberculose. Il est mort le 15 mai 1967 à 62 ans.

SCHATZ, Willi. Untersturmführer. Né le 1er février 1905 à Hanovre. Après le bac, il suit des études de dentiste à Göttingen. Il obtient l’examen en 33 et s’inscrit au parti NS la même année.  En 37 il a une amende pour aide à un avortement, ce qui le fait exclure du parti. En 40 il est appelé et reste travailler à Hanovre comme dentiste, mais au service de l’armée de terre. Fin 43 il entre à la SS. En janvier 44 il est Untersturmführer et muté au bureau du commandant du camp d’Auschwitz en tant que dentiste. Son supérieur direct est le SS W. Franz (co-accusé à Francfort). Au printemps 44, du fait de l’affluence de convois (Juifs de Hongrie) le Dr Wirths (qui se suicidera à la fin de la guerre) ordonne qu’outre les médecins, les dentistes et pharmaciens soient également affectés au service de Rampe et à la surveillance des gazages. Schatz a donc rempli aussi ces services. Il reste à Auschwitz jusqu’à l’automne 1944 puis est muté à Neuengamme. Fait prisonnier par les Anglais à la fin de la guerre, il est libéré en janvier 46. Il revient à Hanovre, reprend son métier et se marie. Il meurt en 1985 à 80 ans.

SCHERPE, Herbert. Oberscharführer. Né le 20 mai 1907 à Gleiwitz. Fils d’un ingénieur électricien. Formation de boucher. Membre du parti NS et de la SS depuis 1931 et à la SS Totenkopf depuis 1939. Arrive à Auschwitz l'été 40, au service de surveillance puis au SDG (Sanitätsdienstgrad) service de santé d’Auschwitz I jusqu'en mars 43. L'année suivante (avril 43 à mars 44) il sera dans le camp annexe de Goleszow (Golleschau) et à partir d'avril 44 à Blechhammer. En détention préventive depuis août 1961, il est libéré le 19 août 65.

SCHLAGE, Bruno. Oberscharführer. Né le 11 février 1903 à Trutenau (= Trutnowy, région de Gdansk en Pologne). Fils d’ouvrier. Il fait une formation de maçon. Il se marie en 24 et a deux enfants. Il travaille et ne fait partie d’aucune formation politique. Il est appelé en 40, et directement affecté à une division SS. En novembre ou décembre 41 il est détaché à Auschwitz où il reste, avec des interruptions, jusqu’en janvier 45. Il est garde dans une Wachkompanie. En 42 ou 43 il devient inspecteur aux arrêts (Block 11 du Stammlager). A ce titre, il a participé aux "vidages de bunkers" sur ordre de la section politique. Plus tard il est chef d’un Kommando extérieur qui travaille dans une cimenterie. En mai 45 il est capturé par les Polonais qui le libèrent en août 49. Il rentre alors auprès de sa famille à Dehme (à l'Ouest de Hanovre) où il vit depuis. En préventive depuis avril 1964, il a été libéré en 1969. Il est mort le 9 février 1977 à 74 ans.

SCHOBERT, Johann. Unterscharführer. Né le 17 décembre 1922 à Aufsess (près de Bayreuth). Sa mère est une paysanne, non mariée. Son père, meunier, quitte la ville deux ou trois ans après sa naissance et ne s’est jamais soucié de lui. (Au moment du procès, l’accusé vit avec sa mère dans cette même ferme). Il suit l’école élémentaire puis une école agricole durant 3 ans (jusqu’en 36). Il travaille ensuite (à 15 ans). Il fait partie des Jeunesses hitlériennes et pense qu’à ce titre il s’est trouvé automatiquement inscrit au parti NS. En février 41 il entre dans la Waffen SS, reçoit un enseignement de 8 semaines, est déplacé en Norvège puis en Laponie avec son unité. Il est blessé à deux reprises. Soigné, il est renvoyé au front dont il revient avec une 3ème blessure, très sévère, notamment à la colonne vertébrale. Après un long séjour dans les hôpitaux militaires, il est envoyé à Auschwitz en 43 avec deux autres membres de la SS. Il passe encore plusieurs semaines à l’hôpital de Katowice parce que sa blessure ne guérit pas. Il est d’abord affecté au bureau de poste auxiliaire puis à l’état civil qui dépend du service politique. Il y reste un an, soit jusqu’à l’été 44. Il est ensuite muté à Debica comme formateur pour des SS, puis renvoyé au front fin 44. Il est à nouveau blessé en avril 45 et capturé par les Soviétiques qui le libèrent fin août 45. Il se marie en 49 et a un enfant. Il meurt en 1988 à 66 ans.  

STARK, Hans. Untersturmführer. Né le 14 juin 1921 à Darmstadt. Etudes de 1927 à 37. Son père, policier, le fait ensuite entrer aux SS-Totenkopf. Il a 16 ans ½. Il est affecté à Oranienburg (près de Berlin) et, en tant que membre d’un bataillon de garde (Wachbataillon) il est envoyé aux camps de Sachsenhausen, Buchenwald et Dachau. En juin 40 il est Unterscharführer. Vers Noël 40 il est envoyé à Auschwitz comme Blockführer du Block 7 dans lequel il y a 150 prisonniers politiques Polonais, essentiellement des étudiants. En juin 41 il est muté au bureau politique où la conduite du service d’accueil lui est attribuée.  À ce titre il prenait part aux fusillades. (Au procès de Francfort, un pédagogue Polonais, Josef KRET, déclare : "il était jeune, il avait l’air sympathique, je ne m’expliquais pas sa cruauté". Filip MÜLLER l’évoque longuement, ne pouvant oublier, vingt ans après, un tel plaisir à la violence, une telle aisance à faire souffrir de la part d’un jeune homme de 20 ans, comme lui-même). Il obtient un congé, de Noël 41 à mars 42, pour passer l’examen allemand équivalent au Bac (Abitur). Il revient ensuite à Auschwitz où il est nommé Oberscharführer. Il obtient un nouveau congé de novembre 42 à avril 43 pour études et s’inscrit à l’université de Francfort. En mai il demande à partir pour le front de l’Est. Il est rapatrié pour blessure. Il participe alors à des cours de formation d’officier. Il est Untersturmführer. En janvier 45 il demande à repartir au front. Il est capturé par les Russes en mai 45 et réussit à s’enfuir deux jours après. Il travaille chez un agriculteur jusqu’à l’automne 46. Ensuite il suit des études d’agriculture, de l’automne 46 à l’été 48, puis en 50 et 51. Il est enfin (jusqu’à son arrestation) soit professeur dans une école d’agriculture, soit employé par la chambre d’agriculture de Francfort. Il se marie en 1953 et aura deux enfants. En préventive d’avril 1959 à octobre 63. Libéré en 1968. Il meurt le 21 mars 1991 à Darmstadt à 70 ans.

 

[Page mise en ligne en 2006]