Birkenau Rampe

Vous trouverez ici des compléments à l'histoire d'Auschwitz et Birkenau.


La rubrique s'intitule "les autres prisonniers" dans le sens où elle ne traite pas des prisonniers membres des Sonderkommandos.


Dans l'immédiat, trois sous-rubriques sont prévues :

-> la première concerne les tatouages, donc l'ensemble des prisonniers, quel que soit le Kommando de travail auquel ils ont été affecté,
-> la deuxième évoquera le "Familienlager" de Birkenau, aussi appelé "camp des familles Tchèques"
-> la troisième, le "Zigeunerlager" de Birkenau, ou "camp des Tsiganes".

 
I - CELLE QUI CONCERNE LES TATOUAGES

une perspective globale concernant les tatouages à Auschwitz en explicitant les différentes séries de numéros, les choix de la SS (les pratiques, les lieux) et la situation pour les prisonniers (le moment du tatouage, ses conditions, les ressentis).

 


II – CELLE QUI CONCERNE LES "THERESIENSTÄDTER"


plan citadelle Terezin Theresienstadt

 Plan de la citadelle de Terezin.

 
Le camp de Birkenau, devenu immense au fil du temps, appelé aussi Auschwitz 2, était divisé en trois zones : B I, B II, B III et chacune en sous-camps : B II a, B II b, B II c, etc (pour ouvrir une page où vous trouverez un plan, cliquez ici). Chacune des sous-parties du camp était attribuée à un type de prisonniers (mais selon les époques, il n'y avait pas les mêmes types de prisonniers dans les différentes parties du camp).

Par ailleurs, il y a une ville, pas très loin de Prague, qui s'appelle Terezín, une ville militaire avec une citadelle. Les nazis rebaptisent la ville "Theresienstadt" (germanisation du nom de la ville). Leurs habitants sont alors les "Theresienstädter" (comme à Berlin vivent les "Berliner"). La citadelle existante y est rapidement transformée en ghetto puis en camp. Les prisonniers y étaient le plus souvent particuliers : y furent enfermés notamment beaucoup d'enfants, de grands noms de la culture juive (musiciens, écrivains, scientifiques, etc) et les Juifs du Danemark (pour les grandes lignes de leur histoire durant la Shoah, cliquez ici).

Toute une partie de ce camp était organisée en "vitrine". La Croix Rouge, demandant à visiter un camp afin de savoir comment les SS traitaient leurs prisonniers, des représentants sont venus à "Theresienstadt" et ont vu un quartier très propre et sans rapport avec la vie réelle du camp (fleurs, magasins, …) Des prisonniers devaient y jouer les figurants durant le temps de la visite. Un grand concert y a même été donné. Un témoin survivant raconte cette folie dans un très beau livre (voir présentation sur le blog du site).

Des milliers de ces prisonniers de "Theresienstadt" seront envoyés à Birkenau. Ils seront regroupés dans une partie du camp que les SS appelaient "Theresienstädter Lager" (= le camp des habitants de la ville de Theresienstadt). Il a aussi été appelé "Familien Lager" (le camp des familles) parce que des conditions spécifiques y étaient en vigueur. Les prisonniers y vivaient en effet en famille, relativement convenablement en comparaison de l'épouvantable combat pour la survie des prisonniers des sections voisines de Birkenau. Ce camp dans le camp a eu une existence de six mois... à l'issue de laquelle ils ont été conduits aux chambres à gaz, ce dont ont témoigné les membres du Sonderkommando.

Rudolf Vrba (Juif Slovaque survivant) en a beaucoup parlé dans son livre (voir la bibliographie, rubrique "livres écrits par des survivants d'Auschwitz"). 

 

III – CELLE QUI CONCERNE LES "TZIGANES"


Samudaripen Porrajmos Tziganes Tsiganes Zigeuner Sinti Roma image archives

 

De la même façon que pour les "Theresienstädter", une partie spécifique du camp de Birkenau a été attribuée un temps aux "Zigeuner", secondes victimes de la persécution nazie, dont le génocide est appelé Samudaripen (terme de la langue Romanès ou Romani) ou Porrajmos. De la même façon, hommes, femmes et enfants n'ont pas été séparés dans la partie du camp qui leur a été attribuée (BIIe). Les conditions de survie en revanche y étaient épouvantables. Il est connu notamment que ces enfants développèrent des nomas, maladie infantile et mortelle, déformant le visage sous un aspect de gangrène, causée par la sous-nutrition et le manque d'hygiène (maladie qui avait disparu d'Europe à l'époque). Ils firent également l'objet d'expériences pseudo-médicales (sur la stérilisation par exemple). On rappellera que Mengele fut le "médecin" du "camp des Tziganes" de Birkenau durant la période de son existence (de février 43 à août 44). Yehuda Bauer écrit dans Repenser l'Holocauste (éd. Autrement, 2002) : "le sort des Tsiganes à Auschwitz fut exactement parallèle à celui des Juifs".

Des camps pour les Tziganes furent ouverts dans les villes allemandes dès 1933. Un bureau spécifique prenait des décisions quant à ces populations, la "Zigeunerzentrale" dont Himmler décida le déplacement à Berlin en mai 1938. Année qui, pour Günther Lewy, historien spécialiste de ce sujet, marque la bascule certaine de l'attitude nazie eu égard aux Tziganes, ne considérant plus ces prisonniers comme des "asociaux" mais comme des "raciaux". D'autres spécialistes considèrent que cette évolution est antérieure et marquée par les lois raciales de Nuremberg de la fin 35 où l'on peut lire : "On ne trouve en général de sang différent (artfremden Blut) que chez les Juifs et les Tziganes".

Dans tous les cas, un document du 27 septembre 1939 confirme que le RHSA prévoit la déportation hors de l'Allemagne et de l'Autriche des 30.000 Tziganes qui y sont répertoriés. En août 40 Himmler propose de reporter la déportation définitive de tous les Tziganes vers la Pologne à la fin de la résolution du "problème juif". Le 29 janvier 43 il rédige un courrier de sept pages exposant ses instructions concernant les Tziganes, on y lit la demande de leur déportation à Auschwitz (le texte précise par exemple qu'il faut y inclure les enfants dont les parents sont morts dans d'autres camps…)

A Birkenau fut décidée la suppression du "Zigeunerlager" par leur envoi aux chambres à gaz, ce dont témoignent là aussi les membres du Sonderkommando.