Sila Çehreli est une historienne turque, maître de conférence à Istanbul (historienne des Droits de l'Homme et des génocides du XXè siècle). Quelques mots -une fois n'est pas coutume- sur cette chercheuse hors pair, qui s'est munie d'un impressionnant bagage linguistique : outre sa langue maternelle bien entendu, Sila parle couramment allemand, anglais et français, et a appris le yiddish. On signalera aussi son niveau d'exigence remarquable. Toutes ces compétences laissent entendre à elles seules la valeur et la rigueur de son ouvrage. Écrit en français, il est sous-titré en couverture : La résistance juive dans les centres de mise à mort - Chełmno, Bełżec, Sobibór, Treblinka. Jean-François Forges (auteur notamment de l'excellent Éduquer contre Auschwitz) en assure la préface.
Sila Çehreli propose ici de détailler chaque aspect du Kurbn (équivalent de Shoah, en yiddish, terme utilisé à l'époque) par l'étude des témoignages de survivants et de SS des centres de mise à mort (sauf erreur de ma part, 4 prisonniers survivants à Bełżec et à Chełmno, un peu plus de 40 à Sobibór et à Treblinka). En croisant ces informations, elle nourrit et explicite la réflexion quant aux modalités de la résistance des Arbeitsjuden des camps de l'Action Reinhard. Elle détaille les particularités de chacun de ces lieux de mort, depuis les tentatives d'évasion individuelles ou de quelques prisonniers, jusqu'aux révoltes concertées, longuement mûries. Elle vient ainsi apporter un démenti sans appel à l'image de passivité souvent véhiculée.
Éditions Kimé / Fondation Auschwitz de Bruxelles, 2013, ISBN 2-84174-638-5
L'auteur (né le 14 juin 1914 à Łódź) a écrit cet ouvrage peu de temps après son évasion du camp de Treblinka (lors de la révolte du 2 août 43), ce qui en fait un témoignage de première importance. Affecté à la partie dite "camp 1" (zone d'arrivée des victimes) puis au "camp 2" (zone d'extermination) il a pu être témoin de l'ensemble du fonctionnement du camp dont il expose toutes les modalités.
Ed. Les Arènes, 2009, 2-35204-066-8.
Force m'est de reconnaître que j'abordais ce livre avec circonspection parce qu'il est l'oeuvre d'un journaliste et non le travail d'un historien (de ma part c'est un comble !) Il s'avère qu'il s'agit d'un livre dont le niveau d'exigence est remarquable. L'auteur reconstitue, autant que faire se peut, le quotidien et l'histoire de Sobibor, du printemps 1942 à la révolte du 14 octobre 1943. Pour ce faire, outre la lecture de tous les documents disponibles, il a rencontré, longuement interviewé et croisé les informations de 19 survivants. Il nous fait part également des modalités de ces rencontres parmi lesquelles, bien entendu, Toïvi Blatt, Shlomo Szmajzner, "Sacha" Petchersky, Esther Raab Terner.
Renaissance, 1983, 2-85616-257-6.
L'ouvrage de référence pour qui travaille sur Treblinka, paru en 1974 à Londres. G. Sereny y rapporte ses 70 heures d'entretien avec Franz Stangl en 1971 dans sa prison, mais aussi quantité d'autres entretiens avec tous les personnages-clés, survivants du camp (Richard Glazar, Stanislaw Szmajner, Berek Rajzman,...) mais aussi SS (Franz Suchomel notamment) et autres responsables (Dieter Allers,...) voire familles dans certains cas.
Denoël, 2007, 2-20725929-0
Un ouvrage en deux parties. Dans la première, l'auteur (né en 1923), survivant de Treblinka, nous confie tous ses souvenirs du camp (son fonctionnement, son personnel SS et Ukrainien, ses amis prisonniers Juifs comme lui, jusqu'à la révolte et l'évasion). Dans la seconde, il explique comment il a vécu et combattu ensuite à Varsovie et tout ce qu'il a personnellement pu connaître de cette situation pour l'avoir vécue.
Ramsay, collection L'Indicible, 2004, ISBN 2-84114-663-4