Treblinka se trouve à proximité de Varsovie. C’était un camp de petites dimensions comparables à celui de Sobibor "500 mètres dans sa plus grande extension" témoigne le SS Suchomel, mais 1km sur 600m pense Ya'akov Wiernik, survivant de ce camp. Il semble que ses dimensions aient été de 600 x 400m. Il est conçu en deux parties : le camp inférieur (la zone d’arrivée) aussi appelé "camp 1" et le camp supérieur ou camp 2, le "Totenlager" (la zone d’extermination). Il ne reste rien aujourd’hui de ces 24Ha car, après la révolte des prisonniers (02 août 43) où tout le camp a été incendié à l'exception des chambres à gaz qui étaient des constructions de brique, ce qui restait encore du camp a été entièrement démantelé. Les SS ont tout arasé et fait disparaître les moindres traces.

Vingt à trente SS en assuraient le commandement (une quarantaine était affectée au camp, mais une vingtaine était présente en permanence), avec quatre-vingt à cent gardes Ukrainiens (Trawniki). 500 à 1 000 prisonniers Juifs étaient utilisés aux corvées, régulièrement renouvelés, parmi lesquels les prisonniers affectés au commando équivalent aux Sonderkommandos qui, à Treblinka, était appelé Leichentransportkommando ou Leichenkommando (commando des cadavres) ou encore Totenjuden. D’après Suchomel, il s’agissait d’une centaine de personnes "renouvelée" tous les jours. Les témoignages de deux survivants ayant dû travailler au Totenlager, Eliahu Rosenberg et Avraham Lindwasser, prouvent le contraire. En effet, l'un comme l'autre ont été affectés dès leur arrivée du ghetto de Varsovie, en été 42 (mais par deux convois différents), au camp 2. E. Rosenberg au transport des corps entre les chambres à gaz et les fosses et A. Lindwasser comme "dentiste" (de même qu'à Birkenau, c'était ainsi qu'étaient appelés les prisonniers qui devaient extraire les dents en or au sortir des chambres à gaz). Ces deux témoins ont donc passé un an au camp 2. Bien entendu, ils témoignent du fait que les SS travaillant dans cette partie du camp n'hésitaient pas à tuer des prisonniers, il leur suffisait ensuite d'en sélectionner d'autres parmi les arrivants du convoi suivant. Les prisonniers Juifs de ce Kommando étaient environ 200.

Le premier convoi est arrivé le 23 juillet 42. Le camp ne comportait alors "que" trois chambres à gaz alimentées par un moteur diesel. Le dernier convoi est arrivé le 19 août 43. Entre temps un bâtiment plus grand comportant 2 x 5 chambres à gaz (Eliahu Rosenberg) de 7m x 7m (Ya'akov Wiernik). L'estimation officielle du nombre de victimes, acceptée par tous, en porte le nombre à 900.000. Néanmoins, certains parmi les survivants ont témoigné de l'organisation d'une "fête du millionnième mort" chez les SS du camp et Franciszek Zabecki, qui était contrôleur du trafic ferroviaire à la gare de Treblinka et membre de la Résistance Polonaise, a pris des notes détaillées sur tous les trains partant au camp, déclare : "J'ai noté les chiffres inscrits à la craie sur chaque wagon. Je les ai additionnés encore, encore et encore. Le nombre de tués à Treblinka a été de 1.200.000. Là-dessus, il ne peut pas y avoir de doute."

Les commandants du camp furent : Imfried EBERL jusqu’à la fin d’août 42, Franz STANGL jusqu’en août 43 puis Kurt FRANZ.
Eberl ne sera pas jugé : arrêté par les Américains en 1948, il se suicidera dans sa cellule.

Il est à noter que : sur "tous" les SS jugés pour leurs activités à Treblinka (c'est à dire 1 sur 4, les autres n'ont pas été poursuivis), aucun n'a été condamné à mort...

Le premier procès concernant un responsable de Treblinka fut celui de  


Josef HIRTREITER (1909-1978), Scharführer.

Il intégra le NSDAP en 1932. Il participa à l’Aktion T4 et "passa par Lublin" (1) avant d'arriver à Sobibor. A Treblinka d’octobre 42 à octobre 43, il surveillait le déshabillage des victimes avant le gazage. Arrêté en 46, il fut condamné à Francfort sur le Main le 03 mars 1951 à la réclusion à perpétuité.

(1) [Par "passer par Lublin", entendre une affectation décidée par Odilo Globocnik au quartier général SS. Il dirigeait l'extermination des Juifs en Pologne, après avoir été Gauleiter de Vienne et démis de ces fonctions pour "irrégularités financières". Il se suicida le 06 juin 45 lorsqu'il allait être arrêté.]

On remarquera également que la centaine de SS choisis pour mener "l'action Reinhardt" en Pologne l'ont été parmi les 400 membres de "l'action T4" d'euthanasie.

Le second procès, celui qui est couramment appelé « procès de Treblinka » s’est tenu à Düsseldorf du 12 octobre 64 au 03 septembre 65. Il a concerné dix accusés dont neuf ont été condamnés. Plus de 100 témoins y ont été entendus.

Les accusés étaient :


Kurt FRANZ (1914-1998), Untersturmführer.

Il entre dans la SS en 37. Il fait partie du projet euthanasie, intervient dans différents camps (Buchenwald en 1940). Il est très vite réputé brutal et sadique. En 42 il passe par Lublin puis va à Belzec et Treblinka (août à novembre 43) où il aura la charge des gardes Ukrainiens avant de devenir commandant du camp. Il  est surnommé "poupée". Il s’occupe alors des derniers gazages puis du démantèlement du camp. Arrêté en 1959 (alors qu'il est revenu vivre à Düsseldorf, sa ville natale, sous son vrai nom) il est jugé et condamné à la prison à vie. Du fait de son âge et de sa santé, il est libéré en 1993 et meurt en 1998.

 

Heinrich MATTHES (1902- ?), Oberscharführer.

Il entre à la NSDAP en 37, à la SS en 42. Participe à l’Aktion T4. Arrive à Treblinka en été 42. Il est responsable du "camp supérieur" qu’il commande et surveille : faire entrer dans les chambres à gaz, fermer, ventiler, faire sortir les corps. En septembre 43 il est envoyé à Sobibor. En 1962 il est arrêté (il avait repris la vie civile en toute quiétude lui aussi) jugé et condamné à perpétuité.

 

August MIETE (1908- ? /, Unterscharführer.

Il entre à la NSDAP en 1940 et la SS en 42. Participe à l’Aktion T4. Arrive à Treblinka en juin 42 (jusqu’à novembre 43) où il est affecté au "camp inférieur" (arrivée des transports, gestion des tueries du Lazarett après Mentz). Il est surnommé "l’ange de la mort". Arrêté en 1960 il est condamné à perpétuité et meurt en détention.

Willi MENTZ (1904- ? ), Unterscharführer.

Entre à la NSDAP en 32, participe à l’Aktion T4. A Treblinka de l’été 42 à novembre 43, il est successivement assigné aux deux parties du camp (inférieur et supérieur) et au Lazaret. Il est surnommé "Frankenstein" par les prisonniers. R. Glazar ou K. Teigman parmi d'autres survivants se souviennent très bien de son aisance à tuer au "Lazarett"… Condamné à perpétuité.

Otto STADIE (1897 - ? )

A Treblinka de juillet 42 à juillet 43, il s’occupe de l’administration du camp (personnel allemand et ukrainien) et de l’arrivée des convois. Il est surnommé "Fesele" pour son embonpoint. Arrêté en juillet 63, il est condamné à sept ans de prison qu’il n’effectuera pas pour raisons de santé.

 

Gustav MÜNTZBERGER (1903-1977) Unterscharführer.

Menuisier de formation qui entre à la SS en 38 et au NSDAP en 40. Il arrive à Treblinka de Lublin après avoir officié à Sonnenstein (euthanasie) en septembre 42. Assistant de Matthes (chambres à gaz, Leichentransportkommando). Il est responsable des deux Ukrainiens Ivan et Nicolaï qui géraient les chambres à gaz. Il reste jusqu’à décembre 43. Arrêté en juillet 63, il est condamné à 12 ans de prison dont il sort en juillet 1971 pour bonne conduite.

 

Franz SUCHOMEL (1907-1979 ?), Unterscharführer.

Participe à l’Aktion T4 de 40 à 42 à Berlin et Hadamar. A Treblinka d’août 42 à octobre 43. D’abord en poste à l’arrivée des trains puis à la baraque de déshabillage des femmes avant le Schlauch, et enfin en charge des « Goldjuden ». Il est ensuite envoyé à Sobibor. Arrêté en juillet 63, il est condamné à 6 ans de prison. Libéré en 1969.

 

Erwin LAMBERT (1909- ? ) Unterscharführer.

Entre à la NSDAP en 1933. Il construit des chambres à gaz pour l’Aktion T4 en divers endroits dont Hadamar. De même à Treblinka il gère la construction de baraques et des nouvelles chambres à gaz en août 42. En octobre il est envoyé à Sobibor. Arrêté en mars 62 il est condamné à 4 ans de prison. Un témoin le décrit comme traitant bien les prisonniers mais n’osant rien par peur de ses collègues SS.

 

Franz RUM (1890-1970), Unterscharführer.

Adhère à la NSDAP en 1933. Participe à l’Aktion T4. Arrivé à Treblinka en décembre 42, il y reste jusqu’en novembre 43. Il commande le Leichenkommando et surveille le Schlauch (le « tube » : passage conduisant aux chambres à gaz après que les victimes se soient déshabillées et que les femmes aient été tondues). Condamné à trois ans de prison.

 

Karl LUDWIG (1906-1963), Scharführer.

Arrivé à Treblinka début 43. Il est acquitté parce que les témoins Juifs décrivent son comportement de façon positive.

 

Le troisième procès fut celui de Franz STANGL en 1970 à Düsseldorf (qui avait jusqu’alors réussi à échapper à la justice en s’enfuyant à l’étranger).

Franz STANGL (1908-1971), Hauptsturmführer.

En novembre 1940 il est au centre d’euthanasie de Hartheim puis à celui de Bernburg. Il met en place le camp de Sobibor (Reichleitner lui succèdera) avant de devenir commandant de Treblinka de septembre 42 à août 43. Il est peu vu au camp (mais souvent dans un costume de cavalier de couleur blanche...). Il est muté pour Trieste trois semaines après la révolte des prisonniers du camp. Arrêté en été 47 pour ses activités à Hartheim, il s’évade en mai 48. Il passe en Syrie puis va s'installer avec sa famille au Brésil où il est arrêté grâce à Simon Wiesenthal et extradé en 1967. Lors de son procès, il déclare que, s’il a été le commandant du camp de Treblinka, il n’a pour autant rien à voir avec l’extermination des Juifs… Condamné à la prison à vie, il meurt quelques mois après d’une attaque cardiaque.

Certaines informations figurant sur cette page proviennent de l’excellent site http://www.deathcamps.org/
et beaucoup, bien sûr, du livre de Gitta SERENY / Au fond des ténèbres (voir médiagraphie).
Il convient de citer l'ouvrage du survivant Richard GLAZAR (témoignant dans le film Shoah) titré Trap with a green fence.
On peut également signaler une biographie de Globocnik par Siegfried PUCHER en 1997.
A la Libération, seuls 57 survivants de Treblinka sont connus. Les témoignages disponibles sont celui de Yankel (Ya'akov) WIERNIK en 1945 puis celui de Samuel RAJZMAN en 1946 à Nuremberg. Il fallut attendre ensuite le procès Eichmann à Jérusalem en 1961 où quatre survivants déposèrent (session 66) : Y. WIERNIK à nouveau, Kalman TEIGMAN, Eliahu ROSENBERG et Avraham LINDWASSER.
En 2009 est édité le témoignage de Chil RAJCHMAN / Je suis le dernier Juif dont l'auteur (né en 1914 à Łódź) a réussi à s'évader de Treblinka lors de la révolte du camp. Il a écrit cet extraordinaire document dans l'immédiat après guerre (également chroniqué dans la médiagraphie du site dont le lien figure ci-dessus).

A propos de John DEMJANJUK, voir ici le post du 6 avril 2009 sur le blog du site.

D'autres informations sur Treblinka (compte-rendu de visite) sont visibles sur le présent site.