Livre Korczak Journal ghetto

Un texte étrange car, s'il est en effet écrit essentiellement durant le temps du ghetto de Varsovie, et particulièrement les trois derniers mois de vie de l'auteur avant sa déportation à Treblinka en août 42, il n'en évoque que très peu les conditions au quotidien.
Ce journal ne parle pas vraiment non plus des convictions psycho-éducatives de J Korczak. Il s'agit véritablement d'un journal intime, d'écrits au jour le jour, où l'auteur s'interroge sur lui-même et pour lui-même, en évoquant des éléments de sa biographie, notamment son rapport à ses parents et sa façon d'exercer son métier de médecin.

 

Éd. Robert Laffont, coll. Pavillons poche, 2012, ISBN 2-221-12689-9

Née en 1932, cette petite fille de Varsovie devenue dentiste en France nous confie ici tout ce qu'elle sait de sa famille disparue dans la folie antisémite meurtrière des nazis et nous raconte en particulier tout ce dont elle se souvient quant au ghetto de Varsovie dont le courage de son père et son oncle lui ont permis de s'enfuir à la mi-décembre 1942, après la "große Aktion" dans laquelle a disparu sa mère. Son témoignage inclut également son parcours d'enfant orpheline dans la Pologne d'après guerre, appuyé sur des extraits de son journal intime de l'époque. L'auteur mène aujourd'hui des recherches sur le ghetto et la résistance des insurgés.

L'Harmattan, 1997, ISBN 2-7384-5647-2

Cet ouvrage est une sorte de catalogue d'expo qui s'est tenue à l'USHMM de décembre 2006 à octobre 2007. L'existence du ghetto de Lodz y est retracée au travers de photos d'enfants (archives du ghetto) et d'extraits de leurs journaux retrouvés, explicités par des textes. (Sur ce sujet, voir aussi les pages sur Łódź).

Ed. Oficyna Bibliofilów et USHMM, 2009, 83-61743-24-8

Rédigés du 06 septembre 1939 au 23 juillet 1942 (jour de son suicide / du début de la "große Aktion"), ce texte est le journal du Président de la communauté juive de Varsovie. Jour après jour, le chef du Judenrat (jamais nommé ainsi par lui-même) note les démarches qu'il entreprend, les réunions auxquelles la SS le convoque, les choix qu'il est amenés à faire (notamment la priorité absolue qu'il essaie de donner aux enfants, soins, éducation puis surtout nourriture). Un texte précis et très sobre (factuel) parce que l'auteur n'inclut (hélas) pas ses pensées, réactions ou interrogations. Il écrit juste se percevoir tel le commandant du paquebot qui coule, ordonnant de faire jouer l'orchestre comme étant encore ce qu'il y a de mieux à faire.

La Découverte n°143, 2003 (1ère parution 1968), 2-7071-3937-8

Le précieux texte Le Ghetto lutte écrit en 1945 par le célèbre insurgé est un rapport pour les responsables de son parti, le Bund. On trouve déjà chez le jeune homme qui l'écrivit la parole belle et libre de l'homme honnête et engagé qu'il restera (voir la page le concernant ici) Ce texte est encadré par une préface de P. Vidal-Naquet et suivi d'une chronologie et d'une bibliographie.

Liana Levi, 2002 (3è éd. en français), 978-2-86746-311-2

Le dernier ouvrage de Marek Edelman, dicté à Paula Sawicka. Elle nous propose là une belle restitution d'un langage oral où Marek Edelman nous livre des souvenirs de Juifs du ghetto de Varsovie, de tous âges, de toutes conditions. Ce texte "ressemble à ce que l'on sait de lui" : direct, engagé et défendant la conviction que l'amour et la solidarité sont les meilleurs remparts contre la barbarie. Bien qu'ayant vécu toute sa vie à Lodz après guerre, l'auteur a désormais sa tombe dans le carré du Bund du cimetière de Varsovie.

1ère éd. en polonais 2008, éd. Liana Lévi 2010 pour la trad. en français, 2-86746-543-7

Un ouvrage bilingue anglo-polonais dans lequel, après un historique chronologique des étapes concernant le ghetto de Varsovie, chaque double page propose deux photos prises dans Varsovie : l'une d'époque, l'autre actuelle et avec le même angle de prise de vue, accompagnées de textes évoquant ce qui est visible sur ces images (les témoignages sont pour beaucoup ceux d'A. Czerniaków ou E. Ringelblum). Particulièrement intéressant pour qui souhaite se rendre à Varsovie à la recherche des rares traces subsistant du ghetto (rasé par les nazis après les déportations).

Ed. Mówia wieki, ŻIH, 1997, 978-8386-15698-6

Livre LaskierIl s'agit du journal d'une jeune fille de 14 ans (née en 29) écrit au ghetto de Będzin du 19 janvier au 24 avril 1943. C'est la fin de la période où il est encore ouvert. Ensuite, en août, ce sera l'insurrection et la grande "Aktion" de liquidation du ghetto, Rutka sera déportée avec sa famille. Sa mère et son frère de six ans seront gazés à leur arrivée à Auschwitz. Son père survivra. Elle-même mourra du choléra d'après le témoignage d'une survivante. Będzin se trouve à une cinquantaine de km au Nord d'Auschwitz.
En janvier, on lit les mots d'une petite jeune fille qui écrit davantage sur ses amies et amoureux potentiels que sur la situation. Et puis, à partir de février, la narration de ses ressentis intimes et ses espoirs se chevauche avec la relation d'épisodes d'une grande violence, vus dans le ghetto. Outre ces meurtres dont elle a été témoin, elle évoque le nom d'Auschwitz, les fours, ... Le journal s'arrête après avril, comme s'il était impossible pour elle de concilier l'idée de la rédaction d'un journal intime (idée d'une certaine normalité ?) avec l'horreur dévorante du quotidien.
Ce journal est resté caché durant plus de 60 ans chez une amie (non juive) de Rutka, un texte de sa demi-soeur nous l'apprend en posface. Lui succède un long texte de Marek Halter évoquant notamment l'histoire des Juifs en Pologne et celle de la langue yiddish. 

Ed. Laffont, coll. Pocket n°14274, 2008, ISBN 2-266-19827-1 (1ère éd. en Pologne en 2006, à la découverte du manuscrit).

Un livre éprouvant qui met violemment face à la générale et définitive noirceur humaine : on ne peut rien attendre, de personne, y compris de soi-même, lorsqu'on est jeté dans une situation extrème. Il s'agit de la terrible autobiographie d'un intellectuel juif polonais en pleine ascension sociale en 1939. Il couvre la période de 39 à 43. Ce livre est écrit en 1943, l'auteur a moins de 30 ans, il le rédige depuis la pièce où il est caché, avant de mourir. Il raconte ce qui s'est passé, étape après étape, dans sa ville d'Otwok (près de Varsovie). Aux paliers successifs et calculés avec perversité des violences qui sont faites aux Juifs par l'envahisseur nazi, s'ajoutent l'absence de réaction puis les réactions égocentriques et souvent sordides de tous. Il fera partie de la "Ghetto Polizei" de sa ville et en tant que tel amènera sa femme et sa fille sur l'Umschlagplatz pour leur départ à Treblinka. Détaillant l'attitude de chacun (et la sienne) dans ce livre témoignage qui est un cri de désespoir, le lecteur est face à l'étouffante constatation d'inéluctable à laquelle se surajoutent les effrayantes attitudes humaines.

Ed. Liana Levi, 1995 (1ère parution en Polonais 1995), 2-86746-124-3

Un petit livre d'un format inhabituel, très facile à glisser dans une poche arrière, idéal pour aller à la découverte de la ville sur les traces du ghetto de Lodz. Une mine d'informations, construite sur une première partie chronologique et factuelle, et une seconde, géographique, au travers de la ville, avec cartes pour se repérer et photos d'archives.

Piątek Trzynastego, 2004, 83-7415-000-9

Cet album bilingue (polono-anglais) ne concerne pas directement le ghetto de Łódź même s'il ne manque évidemment pas de l'évoquer. Il s'agit de vues générales du plus grand cimetière juif d'Europe (plus de 42 Ha). Il existe depuis 1892. Mais on y trouve également de nombreuses photos de tombes spécifiques, soit pour une particularité esthétique, soit parce qu'elles permettent de faire (re)découvrir des individus dont l'existence a marqué la ville, soit enfin comme appui pour aider les non-Juifs à la "lecture" des pierres tombales. Un ouvrage intéressant pour qui ne peut se rendre à Łódź.
En ce qui concerne Łódź et le ghetto de Litzmannstadt, voir aussi les pages spécifiques qui leur sont consacrées.

Ed. Hamal, année non précisée, 83-925420-4-9

Livre RolnikaiteJ'ai hésité quant à la rubrique sous laquelle devait figurer ce témoignage. Il pourrait aussi bien se trouver parmi les livres "sur l'extermination" en général. En effet, il s'agit du journal (version intégrale) d'une toute jeune fille. Il couvre la période allant de 1941 -elle a alors 13 ansà la mise en place du ghetto- jusqu'à sa libération par les Soviétiques en 45, après avoir été prisonnière de plusieurs camps et à l'issue d'une "marche de la mort". On le comprend immédiatement : cette enfant juive a traversé toutes les épreuves de la Shoah. Son livre est extraordinaire, comme elle-même, à n'en pas douter.
Les deux premiers tiers sont peut-être les plus utiles à l'historien -mais il est difficile de se permettre de telles appréciations. Ils sont consacrés au quotidien du ghetto de Vilnius, capitale de la Lituanie et ville de Macha. Elle va le décrire et en raconter le quotidien in situ (auxiliaires de police lituaniens, transferts et tueries de masse dans la proche forêt de Ponar, organisation juive dans le ghetto avec Jacob Gens, résistants du FPO à l'aube de 42 et Itzik Witenberg, ... jusqu'à la liquidation de septembre 43. En effet, ce livre, même s'il a été "repris" par l'auteur après guerre, comme elle l'explique dans la préface, est néanmoins réellement un journal. Après l'avoir écrit, elle l'apprenait par coeur -les SS du ghetto l'auraient trouvé, c'était la mort immédiate- le déchirait, puis le réécrivait et le poursuivait, ... C'est ainsi que nous pouvons lire une description incroyable de la vie au ghetto, riche et détaillée, fine et intelligente. Macha a pu faire sortir ces cahiers du ghetto et les a retrouvés après guerre. Elle a en outre poursuivi ces modalités (écriture / mémorisation / destruction / réécriture) chaque fois que la chose était possible durant son enfermement à Kaiserwald, Strasdenhof (sous-camps de Riga) et Stutthof (sur du papier de sacs de ciment, etc). Dès sa libération, avant la fin de la guerre et durant sa récupération (elle pèse alors moins de 40 kg), elle reconstitue ses notes...

Ed. Liana Levi, 2003 (1ère éd expurgée, en yiddish -langue de la rédaction- en 1965 à Moscou, 2è éd. -intégrale- en allemand en 2002).