Les lavabos du Block 11

ETE 1940 : le premier "Krematoriumskommando" est composé de prisonniers Polonais, probablement au nombre de trois, à Auschwitz I. Le premier four bimoufle du premier crématoire, le K I, a été terminé le 25 juillet et la cheminée en août. Les ingénieurs de la Topf (entreprise allemande de construction, spécialisée dans la crémation) estimaient son rendement à 30 à 36 corps en 10 heures (courrier de la Topf en date du 14 juillet 41). La date du 15 août 1940 est donnée par J.C. PRESSAC dans son ouvrage 'Les Crématoires d'Auschwitz' comme étant celle de l'incinération du premier corps de prisonnier. C'est aussi la date de l'arrivée au camp d'un convoi du district de Varsovie dont faisait partie Waclaw LIPKA. Il sera enregistré sous le n° 2.520 et affecté au K I comme "Heizer" (= affecté aux fours, voir le mot "chauffeur" dans le glossaire). Il sera au camp et au Sonderkommando jusqu'au 05 janvier 45 (voir ci-dessous à cette date).

1940-41 : l'équipe est composée de 10 à 20 personnes.

JANVIER 41 : le 1er four du K I est endommagée, le 20 les travaux pour un 2ème four commencent, ils seront achevés le 21 février.

MARS 41 : HIMMLER vient à Auschwitz le 1er mars et ne reste que deux heures, le temps de décider de l'agrandissement d'Auschwitz I, de la création d'un second camp à grande capacité (Birkenau) et la mise à disposition de 10.000 prisonniers destinés à construire le site de la Buna (Monowitz) et mettre en valeur la "zone d'intérêts".

JUIN 41 : Mietek MORAWA, prisonnier Polonais, est nommé Kapo du Kommando.

AOUT 41 : à la fin du mois, en l'absence du commandant du camp Rudolf HÖSS, le SS Karl FRITZCH expérimente le tout premier gazage au Zyklon sur quelques prisonniers (témoignages notamment de Höß lui-même et du survivant Michal KULA en 45).

OCTOBRE 41 : l'ingénieur PRÜFER de l'entreprise Topf vient passer deux jours à Auschwitz où se décide avec le SS BISCHOFF de la Bauleitung la construction d'un important crématoire à Birkenau pour lequel différents plans seront proposés.

DECEMBRE 41 : à la suite de l'expérimentation du mois d'août, HÖSS organise le renouvellement de l'opération sur un grand nombre de personnes (les témoignages de survivants confirment cette date de décembre plutôt que celle de septembre souvent rencontrée). C'est le premier gazage de masse. On s'accorde à penser qu'il s'agit de 600 prisonniers de guerre Soviétiques et 250 prisonniers Polonais. Le nombre de victimes, dans tous les cas, est compris entre 550 et 850. Il a lieu après l'appel du soir dans les cellules du sous-sol du Block 11 d'Auschwitz I dont les petites ouvertures sont calfeutrées de l'extérieur avec de la terre. Le Rapportführer SS G. PALITSCH constate le lendemain matin que certains prisonniers sont encore en vie. Il fait réintroduire du gaz puis constituera une équipe (occasionnelle) de plusieurs dizaines de prisonniers du HKB -médecins et infirmiers- et de la Strafkompanie, pour sortir les corps. Deux nuits seront nécessaires pour les porter depuis sous-sols du Block 11 jusqu'au K I. Il faudra plusieurs jours pour incinérer tous ces corps. Cette utilisation intensive va détériorer le second four.
Les gazages auront ensuite lieu directement au K I, crématoire du camp d’Auschwitz, appelé aussi "petit crématoire" puis "altes Krematorium" où il y a alors deux fours (soit 2 x deux moufles) à partir du 22 février 41. La salle de la morgue est aménagée comme chambre à gaz (système de ventilation, percement de deux ouvertures dans le toit pour jeter le gaz Zyklon). R. HÖSS adopte définitivement le procédé. On y fait arriver directement les victimes. Le processus du meurtre de masse est enclanché. A partir du printemps 42, le SS Walter QUAKERNACK sera le chef de ce crématoire.

MARS 1942 : il a longtemps été dit que c'est à cette date qu'aurait été effectuée la transformation d'un bâtiment en chambres à gaz à Birkenau (mais dans son témoignage en 45, le survivant A. LETTICH parle de janvier 42, d'autres privilégient l'hypothèse de mai 42 -voir ci-dessous à cette date). On l’appellera le Bunker 1 (ou "maison rouge"), il sera utilisé durant l'année 1942. Les corps sortis des deux chambres à gaz de ce bâtiment seront enterrés (dans des fosses creusées à proximité) par une vingtaine de Juifs sélectionnés dans chaque convoi puis amenés à Auschwitz 1 tard le soir et assassinés par injection de phénol (voir témoignage du survivant W. KIELAR à ce propos, qui travaillait alors au Revier). Ces membres des premiers Sonderkommandos sont donc alors assassinés chaque jour et renouvelés le lendemain par une autre sélection parmi les déportés qui sont conduits au Bunker 1.
Le 26, le premier transport de femmes arrive à Auschwitz, déportées du camp de Ravensbrück. Elles seront tatouées de 1 à 999. Ce sont les triangles verts qui deviendront les "prisonnières de fonction", Blockältesten et Kapos.
Le 30 mars, c'est le premier convoi arrivant de France (Compiègne), tous seront tatoués (n° 27.533 à 28.644). En fait partie Alter FAJNZYLBERG qui sera affecté au K I en novembre 42.

AVRIL 1942 : avec l'arrivée d'un convoi de Juifs Slovaques, une nouvelle équipe spéciale est constituée pour le Bunker 1. Le Sonderkommando compte alors 200 membres dont 150 travaillent à creuser de nouvelles fosses, 20 à 40 sont affectés au bâtiment du Bunker 1, un autre groupe d'une cinquantaine de membres est affecté au Bunker 2 (voir juin 42 ci-dessous). À la fin du mois, Arnost ROSIN s'évade, quelques semaines seulement après son arrivée. Il est donc survivant d'un groupe de Sonderkommandos qui sera entièrement "liquidé" en décembre.

MAI 1942 : le Bunker 1 entre peut-être en service à cette date (on ne peut avoir de certitude, voir ci-dessus à la date de mars), parce que la morgue du K I est en travaux et donc inutilisable. Dans tous les cas, il est utilisé en mai : le Kalendarium de Danuta CZECH fait part le 04 mai de la première sélection à Birkenau de prisonniers destinés au gazage, qui auraient été emmenés "aux Bunkers" ("nach den Bunkern zum Vergasen gebracht") et le 12 mai d'un transport de 1.500 Juifs, hommes, femmes et enfants, en provenance de Sosnowiec, gazés au Bunker 1. Par ailleurs, D. CZECH rapporte que le 09 mai la Strafkompanie quitte les sous-sol du Block 11 pour être envoyée à Birkenau, au Block 1 du BIb.
Le troisième four à deux moufles est terminé et ajouté au K I d'Auschwitz. On considère (F. PIPER et JC. PRESSAC) que 340 corps pouvaient alors être brûlés en 24 h. Mais le 30 mai, nouvel incident avec la cheminée du K I, sans doute à cause d'une remise en service intensive d'après JC PRESSAC. Le cerclage de la cheminée, qui s'était déjà fissurée, se détache Elle menace de s'effondrer en cas de grand vent. Une nouvelle cheminée de 15 m est prévue. Les travaux commenceront le 12 juin par la démolition de l'ancienne.
A cette époque Filip MÜLLER, arrivé au camp le 13 avril, prisonnier Juif Slovaque, fait partie du "Fischl-Kommando", qui est un Krematoriumskommando, appellation antérieure à celle de Sonderkommando. Le SS STARK lui a donné ce nom, qui est celui de l’un des prisonniers. Ce Sonderkommando comptera toujours une dizaine de personnes, sept en général, durant les six semaines où il y sera affecté, jusqu’à la fin juin. Il existait une autre équipe identique, les deux n’avaient aucun contact entre elles.
Le K I étant temporairement arrêté pour réparation (cheminée défectueuse, trop sollicitée avec l'adjonction du 3è four), les membres des Sonderkommandos doivent jeter les corps des victimes dans des fosses communes.

JUIN 1942 : nombreux sont les spécialistes qui pensent qu'au début du mois, HÖSS aurait été convoqué à Berlin par HIMMLER (et non pas en 41 comme il l'écrit dans ses Mémoires) pour l'informer de la décision d'utiliser Auschwitz comme centre d'anéantissement massif des Juifs. "L'action" commencerait le 1er juillet, d'où la nécessité de mise en place d'un nouveau lieu de gazage : ce sera le Bunker 2. Ce second bâtiment est "réaménagé" à Birkenau, comme le Bunker 1. Il comporte quatre chambres à gaz. Il sera parfois appelé "maison blanche". Le Sonderkommando voit alors son effectif augmenté : 400 prisonniers.
Suite à une tentative d'évasion d'une cinquantaine de membres de la Strafkompanie le 10 juin dont seuls neuf ne seront pas repris, vingt sont abattus par les SS AUMEIER et HÖSSLER à la Königsgraben et les 320 (environ) membres du Strafkommando restant sont emmenés au Bunker 1 de Birkenau où ils sont gazés.
A Auschwitz I les deux groupes ("Fischl Kommando" et "Krematoriumskommando") sont regroupés en un seul avec Mietek (Mieczyslaw) MORAWA, prisonnier Polonais, comme Kapo. La construction d'une nouvelle cheminée pour le K I est entreprise le 12 juin en remplacement de la précédente.

JUILLET 1942 : pour la première fois une sélection est effectuée directement sur la "Rampe" à l'arrivée d'un convoi de Juifs Slovaques. Une partie des sélectionnés est affectée au Sonderkommando. De nouveaux Juifs Français arrivent aussi au Sonderkommando. A partir de cette époque on demande aux victimes de se déshabiller avant d'entrer dans les chambres à gaz (jusqu'alors ce travail devait être fait par les Sonderkommando après le gazage). Les prisonniers du Sonderkommando sont logés dans un Block du FKL (camp des femmes) isolé des autres.
Une épidémie de typhus éclate.
Lors de sa visite des 17 et 18 juillet, H. HIMMLER donne l'ordre de vider les fosses communes près des Bunkers. Cette opération de suppression de traces sera initiée à Chelmno par le SS Paul BLOBEL et appelée "Aktion 1005".

AOUT 1942 : la décision est prise d'installer à Birkenau deux crématoires de cinq groupes de trois fours (qui seront les K II et K III) et deux autres plus petits avec huit fours (K IV et K V) lors de la visite de PRÜFER le 18 août. Les K IV et V avaient alors été pensés uniquement comme lieux de crémation, rattachés aux chambres à gaz des Bunkers 1 et 2, et équipés de deux fours trimoufles chacun. Un cinquième crématoire sera prévu plus tard, qui aurait été le K VI (plus grand encore) mais l'ordre d'arrêt de ce projet a été donné en 44 par HIMMLER (arrêt du processus d'extermination).
Des Juifs Hollandais arrivent au Sonderkommando.
Les travaux (gros oeuvre) pour le K II commencent, c'est essentiellement l'entreprise Huta, déjà présente dans le camp par ailleurs, qui les assure. Des prisonniers fournissent une main d'oeuvre supplémentaire, bien entendu.

SEPTEMBRE 1942 : le 05, une "Selektion" a lieu au HKB du camp des femmes de Birkenau. 800 malades juives seront assassinées le jour même dans les chambres à gaz. Le SS Kremer, "médecin" qui est présent à la sélection comme au gazage, écrit, dans son compte-rendu de la journée, cette phrase dans son journal : "Heute Mittag bei einer Sonderaktion aus dem FKL. 'Muselmänner': das schrecklichste der Schrecken." (= Ce midi [j'étais] à une action spéciale au camp des femmes. Des 'musulmanes' : la plus horrible des horreurs).
Le 16 Rudolph HÖSS va à Chelmno pour "l'Aktion 1005" avec les SS HÖSSLER et DEJACO afin de récolter l'expérience de "vidage des fosses communes" (sortir les corps pour les brûler). Ils observent un système d'empilage alternatif de corps et de bois, associé à ce qu'ils appelèrent un "gril" fait de rails de chemin de fer. L'Hauptsturmführer HÖSSLER reçoit l'ordre de faire déterrer et incinérer les corps des fosses communes de Birkenau. Une partie des membres du Sonderkommando (300 personnes au moins) surveillée par 20 à 30 SS est utilisée à la mise en place de bûchers à Birkenau et affectée à cette seule tâche. Filip MÜLLER écrit "ce groupe était surtout composé de Juifs Tchécoslovaques [dont deux de ses anciens camarades du lycée de Trnava] et de quelques déportés originaires de France". On estime que 50 000 à 100 000 corps sont exhumés, 107 000 selon HÖSS, le commandant du camp (voir ses Mémoires). Ils sont brûlés sur de grands bûchers à ciel ouvert. En décembre, ce travail achevé, les membres de ce Sonderkommando seront éliminés dans la chambre à gaz du crématoire du camp principal (K I d'Auschwitz 1). L'appellation "Sonderkommando" venant de Chelmno serait alors officiellement utilisée à Birkenau (bien que sur les écrits des SS elle ne soit jamais utilisée, ils parlent de "Heizer" ("chauffeurs"). Gideon GREIF fait remarquer les variations d'appellations selon les camps, notamment le fait qu'à Chelmno le terme de Sonderkommando incluait les SS affectés à ce Kommando, et qu'à Treblinka ils ont toujours été appelés Leichenträger.
Des baraques de déshabillage sont livrées, deux près du Bunker 1 et trois près du Bunker 2.

OCTOBRE 42 : Le 1er : 2.000 femmes sont sélectionnées au BIa et conduites aux chambres à gaz des Bunkers. Le lendemain ce seront 2.012 femmes et le jour suivant encore 1.800 femmes.
L'hiver glacial de Silésie approche. Du fait des baisses de température, le gazage dans les Bunkers se complique puisque l'acide cyanhydrique du Zyklon réagit à la chaleur. A la fin du mois, le SS BISCHOFF (qui dirige la Bauleitung) calque la situation du K I où la morgue est devenue chambre à gaz, au K II et contacte PRÜFER de la Topf pour lui demander de prévoir une ventilation. Le monteur arrivera le 05 janvier 43.

DECEMBRE 1942 : Le 5 décembre, jour de la St Nicolas, une grande "Selektion" a lieu à nopuveau (voir octobre ci-dessus) au camp des femmes de Birkenau -BIa-. Ce sont 2.000 femmes qui seront conduites aux Bunkers et gazées.
La totalité des membres du Sonderkommando (à l’exception d’Arnost ROSIN et Samuel HEJBLUM qui en étaient sortis auparavant) est éliminée. Selon certaines sources, il serait possible qu'il y ait eu un autre survivant. Ils sont gazés le 09 décembre au K I. Il y avait environ 400 prisonniers (clairement indiqué dans la déposition du survivant Henryk TAUBER au procès de Cracovie). Alter FEINSILBER, qui travaillait alors au K I et faisait partie du commando qui a dû brûler leurs corps, précise : « 380 et quelques prisonniers ». Il se souvient de leur arrivée de Birkenau à Auschwitz I « un mercredi vers 11 h [...] sous une forte escorte de deux SS pour cinq prisonniers ». D’après Filip MÜLLER entre autres, la raison en était aussi des projets d'évasion dont les SS auraient eu vent. Dans tous les cas, il s’agissait des prisonniers qui avaient dû vider les fosses communes en déterrant puis brûlant les cadavres et il n'en fallait pas de témoin. Un texte écrit par EICHMANN indique et confirme : "Les prisonniers des Sonderkommandos doivent être liquidés après chaque opération importante".
Il semble que les deux raisons soient exactes. Une évasion de deux membres du Sonderkommando -Wladyslaw KNOPP et Samuel CULEA- a eu lieu le 07. Ils sont repris et tués le 15 au Block 11 d'après D. CZECH. Une évasion collective avait également été prévue pour le 9 décembre. Six prisonniers réussissent à s'enfuir à cette date, parmi lesquels seuls Bar et Nojech BORENSTEIN sont nominativement connus à ce jour. Tous seront repris et exécutés devant l'ensemble des membres du Sonderkommando.
Un nouveau Sonderkommando d'environ 200 Juifs est constitué, en partie avec des prisonniers de la partie BIb du camp. Lejb LANGFUS, Abraham et Shlomo DRAGON en font partie ainsi qu'Eliezer EISENSCHMIDT et Milton BUKI. Ce dernier témoigne du fait que le premier travail du nouveau Sonderkommando est de brûler les corps de l’ancien.
Ce même mois de décembre 1942, sera également assigné au Sonderkommando, parmi beaucoup d'autres, Zalmen GRADOWSKI (arrivé le 10 décembre). À cette époque, le Sonderkommando vit au Block 2 du camp des hommes, un Block isolé avec garde. Leur chef est le SS Hauptscharführer Oswald KADUK jusqu’à la fin de la construction des crématoires (mais qui, au procès d'Auschwitz à Francfort, nie avoir jamais mis les pieds à Birkenau et assure avoir passé des mois à l’hôpital à cette époque, pour malaria).

JANVIER 1943 : les travaux de construction des quatre crématoires se poursuivent. Pour ces chantiers sont employés entre 100 et 150 personnes dont deux tiers sont des prisonniers et un tiers des civils.
Henryk TAUBER et Zalmen LEWENTAL sont affectés au Sonderkommando.

FEVRIER 1943 : un groupe de 22 prisonniers reçoit des instructions sur le fonctionnement des fours car l'entrée en fonction du K II est imminente. Henryk TAUBER atteste de la présence de 22 Juifs au K I, 20 venant de Birkenau + deux "dentistes" Tchèques, et de la présence du Kapo MORAWA avec "Jozek" et "Wacek". S'y ajoutent 4 autres Polonais dont W. BISKUP et J. AGRESTOWSI. Des 22 du départ, douze seront transférés à Birkenau le 4 mars 43 (tous les autres sont morts entre temps...) avec 5 Polonais.
Un convoi de Juifs Français arrive de Drancy le 11 février 43 (46ème convoi) de 1.000 hommes, femmes et enfants. 77 hommes (n°101.043 à 101.119) et 91 femmes (n° 34.969 à 35.059) seront gardés en vie. Les 832 autres seront gazés.

MARS 1943 : le 04, PRÜFER vient tester les cinq fours du K II avec divers "officiels" sur 45 corps d'hommes bien portants choisis au Bunker 2. De nouveaux travaux et essais (liés à l'aération essentiellement) seront menés les 10, 11 et 13 mars.
Un convoi de Juifs Français arrive de Drancy. Cent prisonniers sont sélectionnés pour faire partie du nouveau Sonderkommando du K II qui entrera officiellement en service le 31 après les essais du 4. Ils sont tatoués du n°106.088 au 106.187. En font partie Josef DOREBUS, Jankiel HANDELSMAN, Chaïm HERMAN, Bela FOELDISCH et David LAHANA. Du côté des femmes, 19 seulement entreront dans le camp. Les 874 autres personnes du convoi seront gazées.
Le 09 : deux évasions sont tentées par des membres du Sonderkommando qui sont repris dans la forêt. L'un est abattu, l'autre, Bela FOELDISCH, est envoyé au Block 11, où il mourra le 16.
Le premier gazage au K II, dans la nuit du 13 au 14, est celui de 1.492 Juifs sur les 2000 environ (hommes, femmes et enfants) d'un convoi arrivant du ghetto de Cracovie. Il leur sera ordonné de se déshabiller dans une baraque édifiée dans la cour du crématoire. Leur incinération durera deux jours.
Les victimes suivantes gazées au K II furent amenées le 20. Il s'agissait de 2.191 Juifs Grecs de Salonique dont l'incinération des corps se poursiuivit jusqu'au 22 où un incendie se déclara.
Le soir du 23, un "barrage" dans le camp des Tziganes envoie les prisonniers des Blocks 20 et 22 à la chambre à gaz du K IV dont c'est la première utilisation (une semaine après la mise en service du K II). Ils sont environ 1 700, sans numéros, ils étaient arrivés de Bialystok quelques jours plus tôt et avaient été mis à l’isolement dans ces deux baraques sous prétexte de typhus possible (une épidémie sévère régnait alors en effet).
MORAWA est transféré du K I d'Auschwitz à Birkenau où il est nommé Kapo du K II.
Le 31 mars, la désaération étant tout à fait terminée, la baraque provisoire installée dans la cour pour le déshabillage est démontée et le K II est officiellement livré. Dans les documents de cette livraison, on fait mention de "portes étanches au gaz".

JUIN 1943 : première utilisation de la chambre à gaz du K III (le 25 juin) auquel est affecté Milton BUKI. Les commandos sont logés dans le Block 13 du BIId, le seul bloc isolé par un mur. Leur effectif approche 400 pour les quatre crématoires.

JUILLET 1943 : le 19, l'activité du K I est définitivement suspendue. Les 8 membres rattachés à ce Kommando sont transférés au K IV de Birkenau, "six Juifs et deux Polonais" dit Alter FEINSILBER qui en fait partie. Il témoigne du fait que les prisonniers du Sonderkommando étaient dans le Block 13 du Lager D et qu’ils étaient une centaine pour les K II et III et une soixantaine pour les K IV et V.
En été 43 c’est aussi le retour de Filip MÜLLER dans un Sonderkommando après avoir réussi à s'échapper du K I en 42. Il sera affecté quelques semaines au K II puis définitivement au K V dont le chef était le SS Rottenführer GORGES qui est également resté au même crématoire jusqu’à l’évacuation. Le chef des 4 crématoires était alors le SS Oberscharführer VOSS.

AOUT 1943 : le Kapo du K IV, Wladislaw TOMICZEK est assassiné au bureau de la section politique du camp. L'Oberscharführer QUAKERNACK fait apporter son corps décapité au K V pour y être brûlé. Les membres des Sonderkommando le reconnaitront néanmoins.
Un groupe de résistance se constitue dont font partie : Josef DERESINSKI, Josef DOREBUS, Zalmen GRADOWSKI, Jankiel HANDELSMAN, Ajzyk KALNIAK, Lejb LANGFUS, Zalmen LEWENTAL, Lejb PANUSZ. Lorsque des occasions le permettaient, ce groupe faisait parvenir divers biens au reste du camp, notamment des médicaments.

JANVIER 44 : le Sonderkommando dépasse 400 hommes.

FEVRIER 1944 : les Archives d'Auschwitz attestent le 2 d'une sélection de 800 femmes de Birkenau, jeunes et vieilles, malades et en bonne santé, menées le jour même aux chambres à gaz. Le 6, d'un transport de 1214 personnes arrivant de Drancy dont 999 tuées immédiatement dans les chambres à gaz. Le 12, un nouveau transport de Drancy : sur 1500 personnes, 1229 sont immédiatement conduites aux chambres à gaz.
Le 24, une sélection importante a lieu au Sonderkommando : 200 prisonniers (soit environ la moitié, comme le confirment Chaïm HERMAN ou Zalmen LEWENTAL dans leurs manuscrits) sont envoyés à la mort à Majdanek "suite à une tentative de fuite, dit Alter FEINSILBER, non réussie d’ailleurs, de l’un des prisonniers de ce groupe. Ce prisonnier a été tué avec quatre autres à 7 km en dehors du camp". Filip MÜLLER se souvient que ce prisonnier était Daniel OSTBAUM et que l'un de ses quatre compagnons était Fero LANGER.

MARS 1944 : nuit du 8 au 9 : l’extermination des Theresienstädter a été décidée. Les hommes sont amenés au K III puis les femmes au K II. Au matin du 9 mars, 3 791 personnes avaient été assassinées (D. CZECH, Kalendarium). Filip MÜLLER témoigne du fait que ce fut d’une "brutalité inouïe", avec une "grêle de coups et de hurlements" à la sortie des camions. Après avoir vécu au camp, ils savaient le sort qui leur était réservé.
Le 10, ce sont 1501 Juifs qui arrivent de Drancy dont plus de 1300 sont conduits aux chambres à gaz.
Un document du 13 mars fait état de l'envoi d'une commande de 210 kg de Zyklon B vers Auschwitz.
Le 30 mars, 1000 Juifs arrivent de Drancy dont 472 seront conduits aux chambres à gaz.

AVRIL 1944 : le 16, un transport particulier arrive du camp de Majdanek, près de Lublin, à l'Est de la Pologne. Il est composé de 299 prisonnières Juives et deux bébés ainsi que de 19 prisonniers de guerre Russes accompagnés de leur Kapo allemand, qui faisaient partie du Sonderkommando à Majdanek. Ils sont envoyés dans celui de Birkenau. Il compte alors 207 membres : 121 aux K II et III, et 86 aux K IV et V.
Ce même jour 1500 Juifs arrivent de Drancy dont 1112 sont conduits aux chambres à gaz.

MAI 1944 : ce sont les préparatifs pour la déportation puis l'extermination massive des Juifs de Hongrie. R. HÖSS fait accélérer les travaux de construction de la "Neue Rampe" immense voie ferroviaire à l'intérieur du camp de Birkenau, remettre en fonction les fours du K V et les chambres à gaz du Bunker 2, creuser cinq fosses pour une incinération de plein air près du K V et une fosse de 30 m² près du Bunker 2. Il nomme le SS Otto MOLL (qui était alors responsable du camp annexe de Gleiwitz) à la direction des crématoires. L'effectif du Sonderkommando est considérablement augmenté, notamment avec l'affectation de 100 prisonniers Grecs arrivés le mois précédent, parmi lesquels Yakov GABBAÏ. Daniel BENNAHMIAS témoigne du fait que 40 à 50 hommes de son convoi (arrivé le 11 avril) ont été choisis sans un mot par un médecin SS dans la baraque de quarantaine où ils étaient depuis quelques semaines et menés au Block 13 du B II d. Anciens et nouveaux, ils étaient environ 180 en tout au Block 13. Le nombre de prisonniers du Sonderkommando augmentera ensuite de mois en mois jusqu'à 903 personnes au début du mois d'août, ce qui constitue le nombre le plus élevé enregistré dans les documents officiels (confirmé par Milton BUKI comme par Filip MÜLLER). C’est le mois où arrivera Dov PAISIKOVIC (témoin au procès d'Auschwitz à Francfort) avec 250 autres personnes. D’après le livre tiré du film de James MOLL : « 54 jours pour rassembler et déporter la population juive [de Hongrie]. 437 402 Juifs. 148 trains. »
Les responsables du groupe de résistance clandestine au sein du Sonderkommando, devant l'extermination des Juifs Hongrois, jugent que le moment est opportun pour la révolte générale du camp dont il est question déjà depuis des mois. Les SS soupçonnent les projets de soulèvement et décident de transférer les prisonniers du Sonderkommando pour les loger à l'intérieur des crématoires. Les hommes travaillant au K II et au K III habiteront sous les toits de ces bâtiments et ceux qui travaillent au K IV, au K V et au Bunker 2 occuperont le vestiaire du crématoire IV. Deux médecins seront rattachés au Sonderkommando, il s'agit de Miklos NYISZLI à partir du mois de juin et Charles BENDEL à partir du mois d'août.

JUIN 1944 : le 16 juin, les SS O. POHL vient inspecter le camp, accompagné notamment par R. HÖSS revenu au camp dans le cadre de "l'action Hongroise".
Le 20 Jakob EDELSTEIN, le Judenälteste du ghetto de Theresienstadt, sa famille et ses collaborateurs sont tués au K III.

JUILLET 1944 : 837 hommes font partie du Sonderkommando. Ils se répartissent en équipes de jour et équipes de nuit. Selon certains témoignages un groupe de 400 Juifs Grecs sélectionnés pour le Sonderkommando est éliminé parce qu'ils refusent d'exécuter les ordres.
10/11 juillet : du camp des familles de Theresienstadt section BIIb, environ 3.000 femmes et enfants sont amenés au crématoire et gazés.
11/12 juillet : du camp des familles de Theresienstadt section BIIb, environ 4.000 hommes et femmes, les derniers Juifs de Theresienstadt encore en vie à Birkenau, sont amenés à la chambre à gaz.

AOUT 1944 : Durant la nuit du deux août, Yakov KAMINSKI, au premier rang du mouvement clandestin, est assassiné par le SS-Hauptscharführer MOLL du K V ou par MUHSFELDT (d’après Milton BUKI).
La "liquidation" du camp des Tziganes est décidée. 1.408 personnes jugées aptes au travail sont emmenées (à Buchenwald pour les 918 hommes et Ravensbrück pour les femmes) et les 2.897 Tziganes encore à Birkenau sont amenés en camions à travers le camp au K IV après l’appel du soir, où ils seront gazés puis brûlés dans les fosses dans des conditions d'une violence extrême.
C'est aussi en août 44 que seront prises les photographies des bûchers près du K V. Alter FAJNZYLBERG dans une déposition faite aux Archives du musée d'Auschwitz explique que l'appareil photo lui a été donné par Dawid SZMULEWSKI qui était alors Blockschreiber au BIId, baraque 4 sauf erreur. Seuls 4 clichés ont pu être pris sur la pellicule déjà engagée dans l'appareil. Ces photos ont été faites par un Juif Grec qui était appelé Aleks, pendant que trois autres membres du Sonderkommando (parmi lesquels Shlomo DRAGON) faisaient le guet. L'appareil fut enterré à proximité du K V et la pellicule ramenée à D. SZMULEWSKI qui réussira à la faire sortir du camp grâce à l'organisation clandestine de résistance.
Les effectifs du Sonderkommando sont attestés à 874 hommes le 29 août.
Un message clandestin du 30 août sorti par Stanislaw KLODZINSKI pour Teresa LASOCKA fait état du fait que «Les fosses, dans lesquelles les cadavres des gens gazés étaient brûlés quand les fours des crématoires ne suffisaient pas, sont refermées pour effacer les traces.» 

SEPTEMBRE 1944 : vers le 25 septembre, 200 membres du Sonderkommando utilisés pour le recouvrement des fosses de crémation sont envoyés à la mort à Auschwitz 1. Dans sa déposition au procès de Francfort, Dov PAISIKOVIC le confirme -bien qu’il propose plutôt la date d’août que celle de septembre- et complète l’information en disant qu’il s’agit de membres des Sonderkommandos des K IV et V ainsi que du Bunker 2 (son père et lui étaient rattachés au K III dont le chef était l’Unterscharführer STEINBERG). A l’automne 44 ce n’était plus MOLL le chef des crématoires (il avait été muté) mais le SS BUCH.
Ces 200 Juifs environ du Sonderkommando qui avaient été employés à brûler les cadavres dans les fosses à ciel ouvert, devaient soi-disant être déplacés au camp de Gleiwitz. Ces fosses avaient été fermées et nivelées entre temps. Les prisonniers concernés ont perçu de la nourriture et sont partis de la voie ferrée de Birkenau, dans des wagons de marchandises. Le train n'est pas allé à Gleiwitz, mais juste à côté, à Auschwitz I. Là les prisonniers ont été amenés dans un petit bâtiment dans lequel leurs vêtements ont été épouillés. Le soir, le SS Oberscharführer MOLL et des membres de la SS qui étaient là comme gardiens burent du schnaps et en donnèrent aux prisonniers. Lorsqu'ils les eurent enivrés, ils fermèrent le local dans lequel les prisonniers se trouvaient, jetèrent par une fenêtre du Zyklon B et tuèrent ainsi les prisonniers. Le médecin SS de service qui surveillait le gazage était le Dr Horst FISCHER.
Dans sa déposition d'octobre 63, Dov PAISIKOVIC dit que leurs corps furent ramenés au K III et brûlés par les SS eux-mêmes, le Sonderkommando de ce crématoire ayant été consigné. On leur fit en revanche emporter leurs vêtements.

7 OCTOBRE 1944 : on connaît à cette date, celle de la révolte, les effectifs des différents Sonderkommandos. Ils sont 663 prisonniers (environ 85 par équipe, l'une de jour l'autre de nuit, et par crématoire). Au début de l'après-midi du 7 octobre, une sélection est prévue concernant les prisonniers du K IV et du K V. Les membres des Sonderkommandos, qui n'en peuvent plus d'attendre que la décision de la révolte pour l'ensemble du camp soit acceptée par les groupes de résistance, décident que le moment est venu. Les Sonderkommandos l'attendaient, la préparaient et devaient la repousser depuis des mois. Les groupes de résistance du camp considéraient, étant donnée les rumeurs de proximité des troupes Soviétiques, qu'il fallait reporter chaque fois la date prévue jusqu'à nouvel ordre et selon les informations complémentaires qu'ils auraient. Les Sonderkommandos décident donc de lancer seuls la révolte, mais des éléments imprévus sont venus modifier le projet tel qu'il avait été conçu. Au lieu de la voir débuter au K II et au moment prévu, ils découvrent avec surprise que la révolte commence au K IV. Le premier foyer d'incendie devait en effet être celui du K II. Dov PAISIKOVIC raconte d'ailleurs comment il participait à amener l'essence -fournie par la complicité de la résistance intérieure- à la place des récipients de soupe. Ils sont alors tous pris de court. Le K IV est néanmoins incendié. Plusieurs dizaines de prisonniers s'enfuient des K IV et V puis II en coupant les barbelés avec des cisailles isolées. Ils seront tous abattus, certains sur le champ, d'autres à plusieurs kilomètres du camp. Au K III  ils sont enfermés à l'intérieur du bâtiment dès le déclanchement de la révolte. Dans les heures qui suivent, des dizaines de prisonniers seront fusillés en guise de représailles. 450 membres du Sonderkommando meurent ce jour-là. Parmi eux, bien sûr, la plupart des responsables du groupe clandestin. 14 personnes ayant mené la révolte, seront emmenées dans les sous-sol du Block 11 d'Auschwitz 1 parmi lesquels cinq prisonniers Russes et les quatre femmes employées dans une usine de munitions de Monowitz accusées d'avoir fourni de l'explosif aux révoltés. Les 212 membres du Sonderkommando encore en vie sont installés au-dessus du crématoire III dont font partie les 83 hommes du K III. Dans le manuscrit de C. HERMANN on trouve alors "je suis de la dernière équipe de 204 personnes" puis peu après "il reste 170 hommes".
Dans son 'Histoire du camp', pour cette date Danuta CZECH rapporte :
"Le nombre de personnes composant les Sonderkommando était de 663 prisonniers.
Ce samedi, l'organisation de résistance d'Auschwitz a informé le chef du groupe de lutte du Sonderkommando du fait que leur service d'information avait obtenu un message selon lequel la direction d'Auschwitz avait l'intention très prochainement de supprimer les membres encore en vie du Sonderkommando. La nouvelle s'est probablement répandue le jour même. Vers midi, la réduction annoncée des Sonderkommandos des K IV et V de près de 300 hommes déjà prévue, avec un prétendu transport, devait être exécutée. Les prisonniers prévus pour ce transport ont demandé aux autres membres des Sonderkommandos qu'ils participent à leur défense. À 13 h 25, le groupe directement concerné s'est jeté avec des marteaux, des haches et des pierres sur les SS qui voulaient venir les chercher. Après que le K IV soit incendié, une partie des prisonniers du commando 59-B s'est enfuie dans la forêt. Simultanément commençait aussi l'action au K II des prisonniers du commando 57-B. Les prisonniers des K III et V donc des commandos 58-B et 60-B n'ont pas participé à l'action parce qu'une partie d'entre eux n'en était pas informée. 250 prisonniers du Sonderkommando sont morts dans cette lutte, parmi lesquels les organisateurs de la révolte Salmon GRADOWSKI de Suwalki, Josef WARSZAWSKI (réellement : Josef DOREBUS) de Varsovie qui avait été déporté du camp de Drancy, Józef DERESINSKI de Luna à Grodno (?), Ajzyk KALNIAK de Loma, Lejb LANGFUS de Varsovie qui avait été déporté de Maków Mazowiecki, et Lejb PANUSZ (Herszko) de Lomza.
Le soir, tous les prisonniers tués ont été amenés sur le terrain du K IV et les prisonniers restants du Sonderkommando ont été regroupés. Environ 200 membres des Sonderkommandos participant à la révolte ont été tués. L'adjoint du commandant de camp a alors fait un discours pour prévenir que si un tel cas se reproduisait, tous les prisonniers seraient tués. Ensuite le travail a recommencé aux K II, III et V.
Pendant la révolte du Sonderkommando, les prisonniers ont tué trois membres de la SS qui étaient des Unterscharführer : Rudolf ERLER, Willi FREESE et Josef PURKE."
Si l'on en croit le témoignage de Miklos NYISZLI, alors médecin auprès de MENGELE au K II, 70 SS seraient morts ce jour-là dont "52 Sturmmann, c'est à dire soldats de deuxième classe".

10 OCTOBRE 44 : trois femmes Juives employées à l'Union-Werke : Ala GERTNER, Estera WAJCBLUM et Regina SZAFIRSZTAJN sont arrêtées. Elles sont accusées, selon les sources, d'avoir pris de la poudre ou des grenades à main au magasin de l'Union-Werke pour les transmettre à des prisonniers du Sonderkommando afin qu'ils puissent les utiliser lors de la révolte (voir paragraphe ci-dessus). Il est plus vraisemblable de se fier aux témoignages évoquant de petites quantités de poudre passées jour après jour (au risque de leurs vies bien entendu) qui complètent cette information en expliquant que ce sont les prisonniers Russes du Sonderkommando qui s'occupaient d'en faire des grenades à main.
14 prisonniers du Sonderkommando, dont Jankiel HANDELSMAN de Radom (l'un des organisateurs de la révolte), le Juif Polonais WROBEL auquel les femmes Juives remettaient l'explosif, et cinq prisonniers Russes arrivés en avril 1944 au Sonderkommando ont été arrêtés et conduits au Bunker du Block 11. Ces hommes seront abattus le mois suivant, en novembre, sans avoir dénoncé qui que ce soit.
Le Sonderkommando, après l'arrestation de ces prisonniers, comprenait 198 personnes. Ils étaient répartis en trois commandos de 66 hommes et affectés aux K II, III et V. Les commandos ont ensuite travaillé en deux équipes, l'une de jour et l'autre de nuit. Chaque équipe était formée de 33 prisonniers. Le K IV détruit pendant la révolte n'a plus servi. D’après Filip MÜLLER, 170 étaient logés dans les combles des K II et III et les 30 autres au K V.
Dans le camp de femmes de Birkenau, une autre femme Juive est arrêtée et accusée d'avoir entretenu des contacts avec le Sonderkommando pour fournir des explosifs. Il s'agit de Róza ROBOTA, une Polonaise qui travaillait sur le terrain de l'Effektenlager du BIIg à proximité du K IV. Il semble que c'était Róza ROBOTA qui transmettait à WROBEL du Sonderkommando les explosifs qui lui étaient remis par Ala GERTNER.

14 OCTOBRE : le Sonderkommando commence à achever la démolition des murs du K IV que la révolte avait mis hors service.
Durant la 2è quinzaine d'octobre S. LEWENTHAL fait part (manuscrit enterré) de son épouvante devant l'attitude des SS (et l'impuissance du Sonderkommando !) à l'arrivée et au gazage de 600 garçons Juifs de 12 à 18 ans.

NOVEMBRE 1944 : c'est la date probable où cessent les gazages (le survivant Miklos NYISZLI affirme la date du 17 novembre 44 comme étant celle à laquelle un sous-officier SS lui annonce la fin des gazages, ce qu'il dit constater ensuite dans les faits). Le K V reste néanmoins en activité comme incinérateur pour les corps venant du HKB. Filip MÜLLER témoigne du fait que de nombreux documents sont alors amenés au crématoire et brûlés sous surveillance. HIMMLER donne l'ordre de détruire les crématoires. Au K II on fait démonter des pièces spécifiques, par exemple la ventilation destinée à Mauthausen et les canalisations pour Groß-Rosen. Les K II et III sont démantelés par un Kommando de démolition.
Une nouvelle sélection a lieu. Les 200 membres des Sonderkommandos sont rassemblés dans la cour du K II. De très nombreux SS, armés, sont derrière le réseau de barbelés. Les SS HOUSTER et BOGER dirigent les opérations à l'issue de laquelle on (l'Oberscharführer Steinberg, d'après le prisonnier Miklos NYIZLY, médecin auprès de MENGELE) renvoie les médecins et leurs assistants, puis les 30 membres du Sonderkommando du K V et les 70 de l'équipe de démolition (Abbruchkommando Krematorium). Ils habiteront de nouveau au Block 13. Aux autres (100 à 170) on dit qu’ils iraient prendre un bain dans le "Sauna" puis partiraient pour Groß-Rosen. Ils furent vraisemblablement conduits le 26 au bord d'une fosse d'incinération et fusillés. Miklos NYISZLI dit avoir vu leurs corps le lendemain lorsqu'ils furent portés au K II pour y être incinérés et qu'au vu de leur état, ils avaient pu être assassinés au lance-flammes.

DECEMBRE 1944 : le 1er, un commando de démolition composé de 100 femmes est composé et affecté au démantèlement du K III. Avec ce commando en est formé un autre, dont le travail consiste à recouvrir toute trace et faire disparaître les restes des victimes, on leur fera même reboiser une zone une fois aplanie.
Sur des photos prises par des avions américains le 21 décembre, on constate qu'à Birkenau la clôture et les miradors du B III "Mexico" sont démontées, que la couverture de la chambre à gaz et du vestiaire en sous-sol du K II ont été enlevées, et que plus tard le toit et la cheminée du K II ont également été démontés. La clôture autour du K II a été supprimée ainsi que celle du K III. Les environs des crématoires sont jonchés de ruines. Le but suivant du "nettoyage tactique" était l'usine de IG-Farben AG et sa production.

JANVIER 1945 : 100 membres du Sonderkommando sont encore en vie. 30 pour l'incinération des corps dans le dernier crématoire encore en activité (K V) et 70 dans les commandos affectés au démantèlement et à la suppression des traces de l'extermination.

Le 5 Janvier : six prisonniers indiqués comme "porteurs de secret" quittent le BIId du camp des hommes à Birkenau pour à Mauthausen. Il s'agit de cinq membres du Sonderkommando Polonais non juif : Waclaw LIPKA (n° 2.520), Mieczyslaw MORAWA (n° 5.730), Józef ILCZUK (n° 14.916), Wladyslaw BISKUP (n° 74.501) et Jan AGRESTOWSKI (n° 74.545) ainsi qu'un prisonnier qui était affecté au service de la stérilisation auprès du médecin SS Horst SCHUMANN, section BIa de Birkenau. Il s'agit du Tchèque Stanislav SLEZAK (n° 39.340). Ils furent tués le 3 avril 1945 à Mauthausen au bâtiment du crématoire.

Le 6 janvier : les quatre femmes Juives qui ont aidé à la révolte des Sonderkommandos en leur faisant passer des explosifs sont pendues à Auschwitz, ce sont Ala GERTNER, Róza ROBOTA, Regina SZAFIRSZTAJN et Estera WAJCBLUM.

Le 15 janvier : les hommes faisant partie du Kommando de démolition 104 B et anciens membres du Sonderkommando sont toujours au nombre de 70. Les autres membres du Sonderkommando encore vivants sont les 30 prisonniers affectés au K V.

Le 18 janvier : le dernier numéro d'immatriculation tatoué sur le bras d'un prisonnier est attribué (202 499). Confusion dans tout le camp. Un chef de Block arrive au K V dans l’après-midi et leur dit d’aller dans le camp. L'évacuation commence. 50 000 prisonniers se mettent en route vers l'ouest. D'après les témoignages des membres survivants du Sonderkommando, 80 d'entre eux environ (1) parviennent à se joindre aux prisonniers de la dernière colonne. Et c'est la marche de la mort...

Le 20 janvier les SS font sauter à l'explosif ce qui reste des K II et III. Durant une nuit entre le 22 et le 26 janvier, le K V, qui était resté intact, est dynamité.Le 27 janvier, les soldats Soviétiques arrivent dans le camp.

(1) 82 d’après Dov PAISIKOVIC lors de sa déposition au procès d’Auschwitz à Francfort en 1964, 96 d’après Dario GABBAÏ in Les Derniers jours.

 

[ Première mise en ligne 2006, dernière mise à jour 2012 ]