Le camp de Bergen-Belsen a été construit par des prisonniers Juifs que les SS ont déplacés des camps de concentration de Buchenwald et Natzweiler. Il a ouvert le 30 avril 1943. Il était considéré comme ayant une capacité de 10.000 prisonniers. Le premier commandant du camp a été le SS Hauptsturmführer Adolf Haas auquel a succédé Josef Kramer le 02 décembre 1944.
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Le 15 avril 1945, à l'arrivée des troupes Britanniques qui vont libérer le camp de Belsen, l'horreur de la découverte des conditions de (sur)vie dans le camp est totale. Les Alliés réalisent véritablement ce que signifiaient les camps de l'Allemagne nazie. On estime à 60.000 le nombre de prisonniers entassés dans le camp (Belsen a été la destination de nombreuses évacuations de prisonniers d'autres camps). Les conditions dans lesquelles les Britanniques trouvent ces prisonniers sont épouvantables, tant du point de vue du manque de nourriture que de celui de l'hygiène. Plus de 10.000 morts y côtoient les vivants entre les baraques. 13.000 personnes mourront encore dans la période qui suivra, leur état de santé étant déjà si épouvantable qu'ils ne pourront être sauvés.
La plupart des membres du personnel SS du camp s’étaient enfuis, mais plusieurs dizaines étaient encore sur place, y compris le commandant du camp, Josef Kramer (photo ci-dessous).
Deux jours plus tard, 48 personnes sont officiellement arrêtées, dont J. Kramer, et les Britanniques leur imposent d’enterrer de leurs propres mains les corps des prisonniers épars dans tout le camp.
Devant l’état du camp et la situation spécifique due à une épidémie de typhus, les Britanniques décident de brûler les bâtiments, c’est pourquoi il ne reste aujourd’hui du camp d’origine que les emplacements des fosses communes.
Ce procès a duré 54 jours (du 17 septembre au 17 novembre 45) en présence de 200 journalistes et observateurs internationaux. Il a eu lieu en Allemagne, à proximité du camp, dans la ville de Lüneburg, au 30 Lindenstraße.
Il s’agissait d’un tribunal militaire Britannique. Il s’est donc tenu en anglais (avec traducteurs allemands et polonais). Il est appelé «procès de Belsen» mais en réalité c’était un procès bicéphale car y ont été jugées des personnes ayant officié à Bergen Belsen, mais aussi antérieurement à Auschwitz pour certaines. En fait, 19 personnes parmi les accusés avaient davantage sévi à Auschwitz et la plupart n’étaient en réalité venues à Bergen Belsen qu’à l’approche des troupes Soviétiques fin 44 et début 45.
Les accusés étaient au nombre de 48 au départ, mais les charges contre trois d’entre eux ont été abandonnées (Nikolas Jenner, Paul Steinmetz et Walter Melcher) et l'état de santé d'un quatrième (Ladislaw Gura) lui a évité le procès. Ils étaient donc quarante quatre. Ainsi ce procès est dit «procès de Josef Kramer et 44 autres».
Josef Kramer et Fritz Klein étaient les deux principaux accusés, qui avaient essentiellement sévi à Birkenau (Auschwitz II) jusqu’en décembre 44, date à laquelle ils sont arrivés à Bergen-Belsen.
Vingt-quatre avaient officié à Belsen, dix-neuf étaient concernés par les deux procès et une seule était accusée pour ses exactions à Auschwitz et n’était pas allée à Belsen (Stanislawa Staroska ou Starostka, appelée "Stanie" par les prisonnières). Trente deux des accusés avaient été des membres de la SS dont seize femmes, douze (sept hommes et cinq femmes) avaient été des prisonniers de fonction (Kapo, Blockältester, Lagerältester).
Huit hommes et trois femmes ont été condamnés à la peine de mort et exécutés par pendaison le 13 décembre 45 à la prison de Hameln. Dix neuf autres ont été jugés coupables et condamnés à diverses peines, quatorze ont été acquittés.
Il était très difficile de se prononcer en connaissance de cause pour ce tribunal. La réalité et les particularités de la vie dans les camps (ici, en l'occurence à Auschwitz-Birkenau) n'étaient pas encore suffisamment connues pour que la cour puisse toujours poser les questions les plus pertinentes ; en outre les accusés venaient de camps divers, ils n'étaient arrivés à Belsen que dans les tous derniers mois du fait des évacuations. Les véritables exactions et responsabilités de ces accusés ne pouvaient donc être clairement posées et connues parce qu'elles avaient eu lieu dans d'autres camps.
[Lien vers la présentation des accusés de ce procès]