Auschwitz Birkenau crématoire chambre à gaz zyklon

Cette page présente les lieux de l’extermination à Auschwitz I et Birkenau de façon générale. Une page spécifique est consacrée à chacun de ces lieux dans les sous-rubriques pour des informations plus détaillées.

 Plus de douze firmes ont travaillé sur les chantiers des crématoires d’Auschwitz (source : R. Hilberg) même si c’est l’entreprise Topf und Söhne qui est la plus connue (sa signature figurait notamment sur chaque moufle de chaque four). Par ailleurs, cette même entreprise a construit et installé les fours crématoires d’autres camps. La plupart des camps en étaient dotés, tels Dachau, Mauthausen, Bergen-Belsen, Buchenwald, Neuengamme, Flossenburg, Ravensbrück, … Ils étaient destinés à la crémation des corps des prisonniers y mourant quotidiennement. Deux entreprises principales se disputaient ces "marchés" : la Topf et la Kori.


La décision de brûler les corps a été prise tôt par le régime nazi, très rapidement après la mise en place des premiers camps. En effet, les coups et mauvais traitements de toutes natures ayant été d’emblée inhérents au quotidien des camps, la mortalité était importante. Les inhumations trop fréquentes dans les cimetières des villes environnant les camps attiraient l’attention. Construire un crématoire annexé, à la lisière du camp, permettait de n’avoir pas à rendre de comptes sur le nombre de morts. Néanmoins, sur les lieux d'extermination (Bełżec, Chełmno, Sobibór, Treblinka) ou dans les camps "mixtes" (Auschwitz et Majdanek, qui étaient à la fois camps de concentration et d'extermination), le nombre de corps était évidemment considérable et jusqu'à la fin de l'année 42, des fosses communes y étaient en place dans l'enceinte même des camps.

Un "four" ne correspond pas à un foyer de crémation : en effet, les fours utilisés à Auschwitz comportaient selon les cas, soit deux, soit trois moufles. Au total, à Auschwitz, la capacité maximale était donc de 52 moufles (ou creusets). Le mot "four" est donc à entendre en termes de "construction unique", donc n'ayant qu'une même cheminée, alors qu'il pouvait être tri-moufle par exemple, c'est à dire être équivalent à trois fours au sens commun du terme, avec trois ouvertures pour la crémation sumultanée de corps, mais sans avoir à construire trois cheminées. [Pour un complément d'information, voir les termes de "four" et "moufle" dans le glossaire]
A Auschwitz I et Birkenau, sont appelés "crématoires" ou K, des bâtiments comprenant l'ensemble du processus d'extermination dans le même lieu, c'est à dire : une salle de déshabillage, une (ou plusieurs) chambre(s) à gaz, et une salle des fours (souvent appelée "hajkownia" par les prisonniers). Ils ont été construits pour cet usage. Les victimes y entraient vivantes et n'en ressortaient qu'en cendres. Extérieurement, ces bâtiments ressemblaient à de petites usines. Certains prisonniers, au moment de leur arrivée, ont pensé en les voyant qu’il pouvait s’agir de la boulangerie du camp…
Les deux Bunkers de Birkenau ne comportaient, eux, que des chambres à gaz et n’ont pas été construits par les prisonniers. C'étaient, à l'origine, des bâtiments agricoles (donc préexistants) qui ont subi des travaux de transformation. Seul le K I est à Auschwitz I. Les Bunkers 1 et 2 ainsi que les K II, III, IV et V sont à Birkenau (voir le plan en bas de page). La construction d’un K VI, dont la capacité aurait été plus importante encore, était prévue…

Enfin, dernière information nécessaire pour qui lira ou entendra des témoignages de survivants : il faut savoir que cette numérotation des crématoires de I à V, si elle est logique pour les chercheurs et historiens aujourd’hui, ne l’était pas pour les prisonniers. En effet, s’ils étaient à Auschwitz I, ils disaient "le crématoire", puisqu'il n'y en avait qu'un, et s’ils avaient été envoyés à Birkenau, ils connaissaient les quatre crématoires de ce camp et les nommaient donc en les numérotant de 1 à 4. Ainsi, un ancien membre d’un Sonderkommando qui dira "le K 2" parlera vraisemblablement du K III.

 

Le K I, également appelé "vieux crématoire", est donc celui du camp principal (Auschwitz I Stammlager) alors que les quatre autres ont été construits à Auschwitz II Birkenau. Le K I a fonctionné du 15 août 1940 au mois de juillet 43. Sa capacité de crémation annoncée par l’entreprise était de 340 corps, sa capacité réelle constatée de 250. (Les chiffres de capacité annoncée et réelle proviennent de l’ouvrage de J.C. Pressac Les Crématoires d’Auschwitz. Dans tous les cas, la capacité annoncée était supérieure de 30 % environ à la réalité constatée). Très vite il s’est avéré insuffisant. Il était prévu au départ pour la crémation des morts du camp, puis rapidement ont eu lieu des meurtres de groupes à l’intérieur du camp (prisonniers Soviétiques, sélections au HKB, personnes amenées par la Gestapo) puis des expériences de gazage. A partir de 42, avec la décision de l’extermination des populations juives (R. Höß, le commandant du camp, en sera informé à Berlin par Himmler lui-même), la quantité de trains arrivant à Auschwitz n’a fait qu’augmenter. Ainsi ont été décidées les mises en place des lieux suivants :

Le Bunker 1. C’était un petit bâtiment d’à peine plus de 15 mètres sur 6. Il s’agissait d’une ancienne chaumière reconvertie en deux chambres à gaz. Il était également appelé "maison rouge" par les prisonniers. Il est entré en service au printemps 42. Höß dit qu’il permettait de gazer 800 personnes à la fois, soit 10 personnes compressées au m². J.C. Pressac pense que c’était vraisemblablement moins. A côté de ce bâtiment, une grange était utilisée pour entreposer les cheveux, dents en or et tous bijoux récupérés sur les corps. En septembre 42 deux grandes baraques seront ajoutées à proximité, dans lesquelles les victimes devront se déshabiller.

Le Bunker 2. C’était un bâtiment d’à peine plus de 17 mètres sur 8. Il était aussi appelé "maison blanche". Il s’agissait également d’une chaumière, reconvertie en lieu de gazage en juin 42. Il comportait 4 chambres à gaz. Il était à moins d’un kilomètre du Bunker 1. Ici aussi, en septembre 42, des baraques de déshabillage (Auskleideräume) furent construites à proximité. Elles étaient au nombre de trois. Le nombre de victimes pouvant entrer à la fois dans ces chambres à gaz était au plus de 1 200 personnes.

Le K II a été mis en chantier le 02 juillet 43. Il a fonctionné de mars 43 à novembre 44 puis a été démoli. Il comprenait un vestiaire de 280 m² et une chambre à gaz (les deux en sous-sol) dans laquelle pouvaient entrer jusqu’à 3.000 personnes à la fois (elle sera scindée ensuite). Les ouvertures dans lesquelles les SS déversaient les cristaux de Zyklon B étaient au plafond de ces pièces, soit au niveau du sol, à l’extérieur. Il y avait 15 foyers (5 groupes de fours à 3 moufles). La capacité annoncée par la Topf, l’entreprise constructrice, était de 1.440 corps par jour, en réalité 1.000 était vraisemblablement le maximum.

Le K III a été mis en chantier le 14 septembre 42. Il a fonctionné de juin 43 à novembre 44 puis a été démoli. Il était identique au K II auquel il faisait face "en miroir". Leurs ruines sont aujourd’hui de part et d'autre de l’énorme monument mémorial qui a été construit dans les années 60. Les K II et K III se situaient à l’origine au bout de la "Lagerstraße", la route principale du camp depuis l’entrée (porche de Birkenau). A partir de 44, la voie ferrée qui y aboutit directement était construite (à l’intérieur du camp, donc).

Le K IV a été mis en chantier le 09 octobre 42. Il a fonctionné de mars 43 au 7 octobre 44. Il a été détruit à cette date par la révolte des prisonniers du Sonderkommando. Contrairement aux K II et III, tout y était au niveau du sol. Il y avait trois chambres à gaz pour 1.800 à 2.000 personnes et les fours comprenaient 8 moufles. Les ouvertures pour le Zyklon B étaient latérales. La capacité de crémation annoncée par la Topf : 768 / réelle probable : 500.

Le K V a été mis en chantier le 20 novembre 42. Il a fonctionné d’avril 43 à janvier 45 puis a été dynamité par les SS, après l’évacuation (à la veille de la libération du camp par l’Armée Rouge !) dans la perspective de supprimer au maximum toute trace. Il était identique au K IV et construit symétriquement.

carte Auschwitz Oswiecim Birkenau Monowitz crématoires Sola Vistule

 

 

[Page mise en ligne en janvier 2008, dernière mise à jour en septembre 2011]

 

Bunker 1 dessin croquis Dragon témoignage

Jusqu’au printemps 42, le seul lieu de gazage et de crémation d’Auschwitz est le K I situé à Auschwitz 1. Les travaux y sont fréquents à cette époque, entre les problèmes de ventilation à installer, de la cheminée qui se fissure et doit être reconstruite, et du troisième four bi-moufle à ajouter aux deux déjà existants. Du fait de la présence constante du personnel de l’entreprise Topf, il n’est donc pas possible d’utiliser le K I comme lieu de gazage. En outre, le premier grand crématoire de Birkenau est déjà à l’étude depuis la toute fin 41 (trois ingénieurs et architectes SS ont proposé des plans). La possibilité matérielle du meurtre de masse se met en place concrètement peu à peu dans ces mois du printemps 42. Une fois les décisions prises, tout ira très vite.

Au printemps 42 ont lieu les premiers gazages au Bunker 1. Il se situe à proximité d’Auschwitz 2 Birkenau. Comme nous l’avons vu, il s’agissait d’un petit bâtiment (d’à peine plus de 15 m sur 6, le plan cadastral en fait foi, soit 90 m²) préexistant au camp. Des travaux transforment cette chaumière qui appartenait à un paysan Polonais en chambres à gaz : l’intérieur est réduit à deux pièces ayant chacune une porte, celles-ci sont étanchéifiées et munies de deux solides barres de fermeture. Les fenêtres d’origine sont murées et remplacées par de petites trappes faites de plaques de bois, étanches elles aussi, destinées au versement de Zyklon B. Un panneau "Zur Desinfektion" est apposé sur le bâtiment à proximité duquel a également été conservée une petite grange. Aucun membre d'un Sonderkommando de cette première époque (du printemps à l'automne 42) n'a survécu. W. Kielar en donne une explication dans son livre Anus mundi lorsqu'il témoigne du fait que, étant quant à lui un prisonnier affecté au HKB d'Auschwitz 1 à ce moment là, il a vu comment le soir, après le couvre-feu, étaient amenés une vingtaine de Juifs auxquels on avait fait vider les chambres à gaz du Bunker 1 puis enterrer les corps dans des fosses communes à proximité. On leur disait alors qu'après cette épreuve ils allaient bénéficier d'une piqûre de fortifiant. Le "médecin" SS Klehr, en blouse blanche, les recevait un par un dans la "salle de soins" dont il refermait soigneusement la porte. Le sort qui leur était réservé était bien entendu la mortelle piqûre de phénol.
Les membres du Sonderkommando de l'époque suivante (de l'automne à l'hiver 42) n'étaient plus "renouvelés" de cette façon lors de chaque opération de gazage mais gardés en vie jour après jour durant des mois. Ils furent tous gazés collectivement au K I après avoir dû vider les fosses communes pour en brûler les corps dans le cadre de l'"Aktion 1005". Ils étaient près de 400.

De la cellule de sa prison, en 1947, le SS Rudolf Höß, commandant du camp, écrira dans ses Mémoires :
« Une moyenne de 20 à 30 % était apte au travail. Ceux qui n’étaient pas aptes au travail étaient conduits jusqu’aux fermes [autre appellation des Bunkers]. Celles-ci étaient à un bon kilomètre de la voie ferrée ["die alte Rampe"]. Là, on les faisait se déshabiller. Au début ils devaient le faire en plein air, à un endroit où on avait dressé des murs de paille et de branches d’arbres qui les cachaient aux spectateurs. Au bout de quelques temps on a construit des baraques [deux baraques de déshabillage allouées en septembre 42]. On avait des grandes pancartes qui indiquaient "désinfection" ou "bains".

Lorsqu’un train de déportés arrivait à cette époque, la sélection de ceux qui seraient gardés en vie pour travailler n'était pas encore effectuée à l'arrivée parmi l'ensemble des déportés mais lors d'un premier arrêt comme en témoignent les survivants, tels Charles Liché ou Milo Adoner dans l'ouvrage Vie et mort des Juifs sous l'occupation de Myriam Foss et Lucien Steinberg. Ce dernier explique : "arrivés en Haute-Silésie, on ordonna aux hommes de seize à quarante-cinq ans de descendre du train. Sur le millier de déportés, 170 hommes environ sautèrent du convoi. J'avais 17 ans. Mes parents, mes frères et mes soeurs ont été conduits avec tous les autres à Auschwitz. Je ne les ai plus jamais revus."
Restaient donc dans les wagons les gens que les SS destinaient à la mort. A leur descente, à l'arrêt suivant, quelques minutes plus tard, toujours dans la vaste "zone d'intérêts du camp" les 1.000 à 1.500 Juifs, hommes, femmes et enfants étaient alors conduits -encadrés par des SS qui avaient pour consigne d’être amicaux et bienveillants afin que tout se déroule dans le calme, donc aussi facilement que possible pour les SS- de la gare jusqu’au Bunker. Là, les victimes devaient se déshabiller. Selon les dates cela se passait différemment, comme en témoigne Höß, tout d’abord en extérieur, ensuite dans des baraques de déshabillage (baraques de type étables). Eliezer Einsenshmidt, qui a dû travailler plusieurs mois au Bunker 1, à partir de décembre 42, se souvient bien de cette invention de clôtures végétales mobiles destinées à faire écran, il en témoigne encore dans un entretien récent avec l'historien Israélien Gideon Greif (15 février 2008) : "une clôture artificielle était placée de telle façon qu'elle bloquait le champ de vision. La clôture était mobile." Les SS faisaient alors entrer dans les chambres à gaz du Bunker 1 le premier groupe d’environ 800 victimes. En fait, ils remplissaient au maximum les deux pièces. Cette fois, toute attitude amicale avait disparu, et à l’inverse c’étaient les coups et les morsures des chiens qui faisaient office d’arguments pour obliger les victimes à s’entasser dans les petites pièces du Bunker.

Cela signifie aussi que les autres personnes du groupe devaient attendre leur tour de se faire assassiner et éventuellement entendre leurs amis, leurs parents, agoniser. Lorsque les baraques de déshabillage étaient construites, c’est là qu’on les faisait attendre. Cela pouvait durer des heures avant que les chambres à gaz du Bunker ne soient à nouveau disponibles. En effet, lorsque les victimes étaient à l’intérieur et les portes fermées par les SS, ils jetaient le zyklon par les trappes prévues à cet effet. Le temps du gazage lui-même était variable (essentiellement selon les conditions atmosphériques : température et humidité extérieures) de quelques minutes à un quart d’heure. On envoyait alors chercher le "Sonderkommando 1", le groupe de prisonniers affecté au Bunker 1. A cette époque (au tout début de 43), le Sonderkommando était réparti entre "Sonderkommando 1" et "Sonderkommando 2". Il n’était pas mis en contact avec les victimes vivantes.

Après une demi-heure d’attente destinée à l’aération, afin que le gaz résiduel soit autant évacué que possible, les membres des Sonderkommandos se répartissaient alors en plusieurs groupes préétablis. Ils devaient sortir les corps des victimes (pourvus de masques à gaz lorsque l'opération était ordonnée immédiatement), les inspecter pour récupérer tous les objets de valeur (bijoux, montres, dents en or) et couper les cheveux des femmes. Tous les biens étaient stockés dans la petite grange proche du Bunker. Lorsque les gazages avaient lieu le soir, les membres des Sonderkommandos n’étaient souvent amenés sur les lieux que le lendemain matin afin de permettre une meilleure aération, et la grange était gardée durant la nuit par des SS pour éviter le vol des biens précieux. Il fallait ensuite que des membres des Sonderkommandos chargent les corps par dix sur les "Loren", des plateformes rectangulaires montées sur des roues adaptées à des rails étroits menant à des fosses situées (d'après Shlomo Dragon, qui était affecté au Sonderkommando 2, et Maurice Benroubi qui a fait partie d'un Begrabungskommando) à quelques centaines de mètres, dans la zone la plus boisée. Là, ils devaient jeter les corps dans des fosses d’inhumation qui avaient été creusées durant la journée par un "Begrabungskommando" (voir le glossaire du site pour ce terme). 

A la fin de l’année 42, après la visite de Himmler durant deux jours en juillet à Auschwitz (où il aurait assisté à l’ensemble de la "procédure" au Bunker 2) et sur son ordre, toutes les fosses communes seront vidées et les cadavres brûlés sur des bûchers à ciel ouvert qui ont remplacé ces fosses. Comme nous l'avons vu, les membres du Sonderkommando auxquels les SS ont fait effectuer ce travail épouvantable au-delà du dicible ont ensuite été assassinés à leur tour (le 03 décembre 42), comme chaque fois qu’une opération d’envergure devait rester particulièrement secrète. Cette décision concernant les fosses d’inhumation a été appliquée également dans les autres camps d’extermination et pour nombre de fosses communes d'Europe de l'Est où les Einsatzgruppen avaient abattu des milliers de Juifs, hommes, femmes et enfants. Cette opération a été appelée "Aktion 1005" par la SS. Elle était destinée à supprimer toute possibilité d'établir le compte des victimes dans l’avenir. C’est montrer aussi combien les SS n’étaient pas du tout pris dans une folie meurtrière mais passaient leurs actes au crible de leur raisonnement et se projetaient dans le futur, l’après-guerre, le travail d’historiens cherchant à évaluer le nombre des victimes.

Ainsi, les nouveaux déportés sélectionnés pour le Sonderkommando début décembre 42 (sur leur jeunesse et leur bonne santé apparente, tels étaient toujours les critères) furent-ils directement affectés au Bunker 1 qu’ils ne connurent alors qu’avec des fosses de crémation. On rappellera à cette occasion, si besoin était, que jamais un membre de Sonderkommando ne fut volontaire. Ils étaient sélectionnés comme pour n’importe quel autre Kommando et, comme pour tout autre Kommando, ignoraient où ils allaient être envoyés. Il est bien évident qu’à Auschwitz on ne posait pas de question : on obtempérait, quand bien même on ne savait pas un mot d’allemand, sans quoi on risquait fort d’être abattu sur place d’un coup de "gummi" (matraque de caoutchouc). Comme l’annonçaient certains SS aux arrivants "à Auschwitz il n’y a pas de pourquoi", ou bien comme certains panneaux dans le camp le rappelaient : "Tout ce qui n’est pas un ordre est interdit" (Erlaub ist nur, was befohlen ist).

Le Bunker 1 a donc été le lieu fondateur de l’extermination. Il a été utilisé durant un peu plus d’un an, du printemps 42 à l’été 43. Il a ensuite été démoli, n’étant plus utilisé après la construction des crématoires.

Le Bunker 1 est donc un lieu particulièrement fondamental et extrêmement chargé émotionnellement. Il est emblématique à divers titres : parce que c’est là que la "solution finale" a véritablement commencé (avec des évolutions pour en améliorer "efficacité et rendement" comme nous l’avons vu), et parce que plusieurs dizaines de milliers des premières victimes juives, déportées en trains de toute l’Europe et vouées à l’extermination, y ont péri.

bunker 1 photo direction Birkenau

Archives personnelles – Juillet 2005


Pour quelqu’un qui travaille à comprendre tout ce qui peut l’être concernant les hommes qui furent membres des Sonderkommandos, ce lieu qu’est le Bunker 1 représente aussi des absolus d’horreur vécus. Aujourd’hui il ne reste rigoureusement rien de ces bâtiments, ni le Bunker lui-même, ni la grange, ni les baraques de déshabillage, puisque tout a été volontairement détruit en 43 dans l’habituelle décision déjà évoquée de laisser le minimum de traces. Néanmoins, si le camp d’Auschwitz (I et II) est préservé au mieux depuis plusieurs décennies, la mémoire du Bunker 1 a été plus difficilement préservée, cela d'autant plus qu'il est à quelque distance du camp. Seul un vague panneau à demi masqué par les hautes herbes en indiquait encoree la direction en 2005... à condition de savoir où le chercher. Tenter de retrouver l’emplacement originel du Bunker 1 nécessitait alors une certaine constance.

bunker1 img2

Archives personnelles – Juillet 2005


Après les broussailles pourtant, au-delà de la petite route, l'emplacement du Bunker 1 est désormais clairement matérialisé par un enclos qui se trouve aujourd'hui entouré d'habitations. Il est vraisemblable que l'accès à ce lieu va s'améliorer avec les travaux prévus dans la zone du camp B III dite "Mexico". (voir si besoin le plan détaillé et explicité de Birkenau ici permettant notamment de situer le Bunker 1 et le B III)

Birkenau emplacement Bunker 1

Photos G. Cremonese (que je remercie) - Août 2008


Vous pourrez trouver sur le présent site un autre texte concernant les Bunkers 1 et 2. Il s'agit d'un dessin de David Olère qui a été nommé "Bunker 2" mais pourrait bien représenter le Bunker 1 (accessible en cliquant ici).

 

[Page mise en ligne en janvier 2008, dernière mise à jour en février 2012]

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Birkenau plaque Bunker 2 

Lors de la convocation de Rudolf Höß (le commandant du camp d'Auschwitz) à Berlin, Heinrich Himmler lui fait part du choix d’Auschwitz comme lieu principal d’extermination de la population Juive d’Europe. Il donne la date du 1er juillet 42 comme début de "l’action". Il se fonde sur la décision de mise en place de l’immense camp de Birkenau et sur le chiffre annoncé par l'ingénieur Prüfer de l’entreprise Topf construisant les fours en octobre 41 pour la construction d’un crématoire qui aurait une capacité d’incinération de 1.440 corps par 24 h. Himmler ignore -ou veut ignorer- que Prüfer a revu ce chiffre largement à la baisse en annonçant une capacité de 800 corps lors de sa visite à Auschwitz le 31 janvier 42, après avoir expérimenté son premier four trimoufle à Buchenwald. Après sa visite du camp le 27 février 42, Hans Kammler (chef SS des constructions) confirme à la Topf cette commande de cinq fours trimoufles en annonçant simplement qu’ils ne seraient pas à installer à Auschwitz 1 mais à Auschwitz-Birkenau. Ainsi furent prises les décisions qui firent de Birkenau le principal centre d’extermination.

Mais à Auschwitz, rien n’est prêt pour répondre aux attentes de Himmler. Le K 1 lui-même n’est plus utilisable depuis la surchauffe de la cheminée le 30 mai qui menace de s’effondrer (attribuée par J.C. Pressac dans « les Crématoires d’Auschwitz » à "une probable utilisation inconsidérée des fours à la suite d’une brutale remise en marche"). Les travaux de démolition de cette cheminée puis de construction d’une nouvelle ne commenceront que le 12 juin. Du futur K II, les travaux n’en sont qu’au creusement de fondations par un Kommando de cent prisonniers. Le seul lieu d’extermination est alors le Bunker 1. Ainsi Höß prend-il la décision de mettre immédiatement en place un nouveau lieu sur le même principe que le Bunker 1. Il sera appelé Bunker 2. D’après le « Kalendarium » de D. Czech, sa première utilisation pourrait être datée du 30 juin 42.
Il s’agit, comme dans le cas du Bunker 1, d’un bâtiment déjà existant ayant appartenu à un paysan Polonais, que de rapides travaux vont adapter à la fonction que les SS lui ont destinée (essentiellement murer les ouvertures non souhaitées et transformer les autres –portes et lucarnes- afin de les rendre étanches). Il se trouve également en bordure du camp de Birkenau (pour la localisation, voir plan en bas de la page "les crématoires" du présent site). Comme au Bunker 1, deux baraques de déshabillage seront installées à proximité (et trois à partir de juin 44).
Il est plus grand que le Bunker 1. Les fondations retrouvées montrent qu’il mesure un peu plus de 17 m sur 8, soit 120 m² intérieurs environ. Mille à mille deux cents personnes y étaient entassées à la fois (1.200 d’après Höß). Il comporte quatre chambres à gaz placées en parallèle. Il est opérationnel dès la fin du mois de juin 42. Chacune des chambres à gaz a une lucarne permettant que les SS jettent le Zyklon à l’intérieur, et deux portes : une porte d’entrée et une de sortie. Cela permet de supprimer le problème d’attente durant l’aération (ou le port de masques à gaz) que les SS ont rencontré au Bunker 1. Tous les témoignages de prisonniers du Sonderkommandos survivants confirment cette configuration, ainsi d’ailleurs que le plan dessiné par les Soviétiques le 3 mars 45. Le SS Perry Broad écrira dans son témoignage que ce bâtiment « avait un nombre étonnant de portes d’une épaisseur extraordinaire ». Les portes d’entrée sont toutes sur la même façade. Shlomo Dragon, dans sa déposition du printemps 45 pour le procès de Cracovie, expliquera que, sur chacune, lorsqu’elles étaient ouvertes, était indiqué un « Zum Baden » destiné à rassurer les futures victimes. Lorsqu’elles étaient fermées en revanche, on pouvait lire un « Hochspannung. Lebensgefähr » qui, lui, prévenait toute ouverture intempestive (avant que les chambres à gaz ne soient vidées et nettoyées). Les portes de sortie donnaient toutes sur un petit chemin de fer et ses "Loren", wagonnets destinés à faire amener les corps par les membres du Sonderkommando jusqu’aux fosses de crémation situées un peu plus loin.

Birkenau Bunker 2 photo chambres à gaz


Les 17 et 18 juillet 42, Himmler revient à Auschwitz (avec plusieurs haut gradés de la SS : Bracht, Schmauser et Kammler le responsable des constructions dans les camps). Il vient constater la progression des travaux divers (pour l’entreprise IG Farben au chantier de la Buna à Monowitz, à Rajsko) et la mise en place de son ordre d’extermination. Il assiste ainsi à la sélection (entre "aptes" à travailler et "inaptes" : femmes, enfants de moins de 16 ans, personnes âgées) d’un convoi de Juifs de Hollande, puis à leur gazage, au Bunker 2 d’après Höß. Le deuxième jour, il visite le camp souche (camp des femmes notamment, où il assiste à une punition, fait rapporté par D. Czech comme par JC. Pressac). Au K I il voit les trois fours bimoufles et la nouvelle cheminée en construction.
Karl Bischoff, SS à la direction des constructions (Bauleitung), établit un rapport des besoins envoyé à Berlin le 03 août 42 (devis accepté en septembre) dans lequel figure la demande de quatre baraques en bois destinées à faire office de vestiaires près des Bunkers. La phrase du document écrit (in Pressac, p.46) est la suivante : «4 Stück Baracken für Sonderbehandlung der Häftlinge in Birkenau». Cinq leur furent allouées le 14 septembre : deux seront installées près du Bunker 1 et trois à proximité du Bunker 2.

Au printemps ou à l’été 43, ce Bunker cesse d’être utilisé parce que les K IV et II sont terminés et entrent en service en remplacement. Il n’est pas détruit pour autant, seules le sont les baraques de déshabillage.
Au printemps 44, la déportation et le massacre des Juifs Hongrois vont commencer. Toutes les capacités du meurtre de masse à Birkenau sont mobilisées et le Bunker 2 est remis en service (de mai à septembre 44). Cette fois ce seront trois baraques de déshabillage qui seront installées à proximité. D’après l’historien Gideon Greif, le nombre de victimes ayant trouvé la mort au Bunker 2 peut être estimé à 100.000.

plan musée Auschwitz Bunker 2

    [plan utilisé ici: celui qui figure sur place, émanant du Musée d'Auschwitz-Birkenau.]

Un autre texte sur le présent site concernant les Bunkers 1 et 2 : une "page zoom" évoquant un dessin de David Olère qui a été nommé "Bunker 2" mais pourrait bien représenter le Bunker 1 (accessible en cliquant ici).

 

 

[Mise en ligne de cette page en janvier 2008]

crématoire K I chambre à gaz Auschwitz Stammlager

Le K I, aussi appelé crématoire I ou "vieux crématoire" (en référence aux quatre qui seront construits à Auschwitz Birkenau en 43) sera utilisé du 15 août 40 à la fin juillet 43.

Rudolf Höss est officiellement nommé commandant du camp le 4 mai 1940. Les premiers groupes de prisonniers sont transférés depuis des camps en Allemagne au cours du même mois. Ce sont donc d’abord des Allemands, prisonniers de droit commun. Ils constitueront la première équipe d’encadrement (prisonniers de fonction). Le 14 juin 40 arrive un convoi de 728 prisonniers Polonais. Leurs attributions seront de mettre en place le camp (aménagements et agrandissement) à partir des bâtiments existant de l’ancienne caserne polonaise. [Pour des informations d’ordre général sur Auschwitz 1, cliquer ici pour voir la page spécifique.]


Le crématoire sera commandé d’emblée. Pour autant, aucune extermination systématique n’était alors mise en place. Le rôle attribué par les SS à ce crématoire était de faire disparaître les corps des prisonniers lorsqu’ils les tuaient (en les abattant ou en conséquence des mauvais traitements subis). Il s'agissait donc vraiment d'un crématoire au sens strict. Cette modalité permettait ainsi au camp de fonctionner en vase clos, et de n’avoir pas de compte à rendre sur le nombre et les raisons des décès, ce qui aurait pu être le cas si les corps avaient été amenés au cimetière de la ville (ce qui s’est produit dans les premiers temps de l’existence du camp de Dachau).

Voici un plan du K I par la firme Topf und Söhne [qui installera les fours] (source : Archives d'Auschwitz) :

plan crématoire K I Auschwitz Stammlager archives
: Entrée, vestibule.
2  : Pièce pour les vêtements des victimes.
3  : "Waschraum" pièce appelée salle de lavage (des corps).
4  : "Leichenhalle" salle des cadavres ou morgue.
Les corps y étaient entreposés en attente de leur crémation. Les fusillades (procédé utilisé par les SS pour l'assassinat des groupes de prisonniers peu importants en nombre) eurent souvent lieu également dans cette pièce. A partir de l’hiver 41 / du début 42 ce fut la chambre à gaz.
5  : "Ofenraum" : la salle des fours avec les trois fours bimoufles(= à 2 foyers).
Les corps étaient déplacés à l’aide d’un chariot sur rails jusqu’à la plaque ronde pouvant tourner dans toutes les directions que les prisonniers appelaient "la szajba". De là, partaient des rails plus étroits sur lesquels se déplaçait une autre sorte de chariot métallique (un exemplaire en est encore visible aujourd’hui dans cette même pièce) servant à amener les corps vers l’un ou l’autre des foyers des fours et à les y pousser.
6  : A l’origine, un petit bureau (une "Schreibstube", qui fut supprimée ensuite) et l’entrepôt de coke. Les prisonniers rattachés au crématoire y étaient enfermés lors des exécutions (témoignage A. Fajnzylberg).
7  : La "salle des urnes".
En effet, les cendres récupérées dans la salle des fours étaient réparties au hasard dans des urnes, fermées ensuite avec des couvercles de tôle sur lesquels seraient inscrits les noms, date de naissance et de mort de prisonniers. En fait, le service politique du camp donnait des listes avec ces noms et informations. Il s’agissait de prisonniers non Juifs dont les familles avaient été prévenues du décès de leur proche. Les SS leur proposaient alors, contre espèces sonnantes et trébuchantes, l’envoi des cendres. Cette pièce était remplie de centaines de telles urnes en attente comme en témoignera notamment Filip Müller, survivant du Sonderkommando.
Pelagia Lewinska, prisonnière n°32.292, arrivée à Auschwitz en janvier 43 se souvient aussi, dans ses mémoires parues en 1945, que "il y avait des familles qui acceptaient cette offre de la Gestapo et donnaient leurs derniers sous pour reprendre les chères reliques des mains des barbares".
8  : La cheminée (qui sera démolie et reconstruite en 42 parce qu’elle ne résiste pas et se fissure dangereusement).
[Pour toutes les informations concernant les travaux des différents crématoires, voir les ouvrages de J.C. Pressac, très détaillés, fondés notamment sur l’étude des Archives de la "Bauleitung", le service des constructions.]

 

La construction du K I sera achevée durant l’été 40 et la première utilisation du premier four bi-moufle est datée du 15 août (installation du deuxième four en février 41, et du troisième four en mai 42). A cette époque, le Sonderkommando n’existait pas en tant que tel. Les prisonniers affectés aux travaux concernant les corps étaient le "Leichenträgerkommando" (commando de porteurs de cadavres) qui devait prendre en charge chaque soir les morts de la journée pour les amener au K I, et le "Krematoriumskommando" qui devait assurer leur incinération. Les deux seuls survivants ayant fait partie de ce commando en 1942, Filip Müller et Alter Fajnzylberg, font état (dans leurs témoignages, en 1945) de commandos d’une dizaine de prisonniers à cette époque. A son affectation dans ce même commando en janvier 43, Henryk Tauber confirme que ce nombre était toujours identique.

Les premiers "gazages de masse" au K I commencèrent début 1942, après l’expérimentation du Zyklon B dans le sous-sol du Block 11 fin 41, alors que la décision de "la solution finale" (l’extermination des Juifs d’Europe) avait été prise en haut lieu et le commandant Rudolf Höß averti du fait qu’il devait organiser son camp afin d’en assurer la mise en place concrète.

Les déportés arrivent en général en train, entassés dans des wagons de marchandises, sans eau et sans nourriture. Ils sont le plus souvent en famille, hagards, épuisés et terrorisés. Ils doivent marcher jusqu’au camp dans l’incompréhension et l’appréhension les plus totales face à ce qui leur arrive. Dans un premier temps, ils sont directement menés dans la chambre à gaz du K I. Un SS en ferme la porte étanche, puis d’autres montent sur le toit plat du bâtiment pour verser les granulés de gaz Zyklon par les ouvertures pratiquées à cet effet dans le plafond de la chambre à gaz. Des camions sont sur place, leur seul but étant de faire tourner les moteurs à plein régime afin de couvrir les cris des victimes parce que le K I jouxte le camp…

 

crématoire K I Auschwitz Stammlager chambre à gaz extérieur

Le K I tel qu'il est actuellement – Archives personnelles (2004).

Les 17 et 18 juillet 42, Himmler vient à Auschwitz voir la progression des travaux pour l’entreprise IG Farben (chantier de la Buna à Monowitz) et la mise en place de son ordre d’extermination. Il assiste ainsi à Birkenau à la sélection (entre "aptes" à travailler et "inaptes" : femmes, enfants, personnes âgées) d’un convoi de Juifs de Hollande, puis à leur gazage, vraisemblablement au Bunker 2. Le deuxième jour, il visite le camp souche. Au K I il voit les trois fours bi-moufles et la nouvelle cheminée en construction (achevée le 08 août). Avisant un tas de vêtements épars, il demande de quoi il s’agit : ce sont ceux des dernières victimes de la chambre à gaz du K I, récupérés sur les cadavres. Ces vêtements sont abîmés, salis… le Reichsführer s’emporte et exige que, désormais, les victimes se déshabillent elles-mêmes avant leur assassinat afin que le plus grand soin soit apporté à leurs effets qui, ensuite, sont envoyés vers l’Allemagne. C’est donc la procédure qui sera mise en place à partir de là. Devant l’évidente réticence des déportés Juifs à se déshabiller dans la cour fermée du K I (ou dans l’une des premières pièces de l’entrée si les groupes étaient plus petits), une nouvelle stratégie perverse sera mise en place, un rapide discours leur sera tenu par un officier SS, à la fois destiné à convaincre et à gagner du temps : on leur dit qu'il s’agit de prendre une douche désinfectante et de faire au plus vite parce qu’une soupe chaude les attend ensuite, qui risque de refroidir plus ils tarderont...

Après la construction de la nouvelle cheminée et la mise en place du 3è four au printemps 42, le crématoire fonctionne à nouveau à plein régime (après trois mois d’interruption durant lesquels les corps seront enterrés dans des fosses communes à proximité de Birkenau). C’est alors en particulier l’incinération des corps des victimes de la redoutable épidémie de typhus qui sévit dans le camp. A nouveau, cette utilisation intensive du K I cause des dommages à la cheminée.

L’ingénieur K. Prüfer de l’entreprise Topf est convoqué à Auschwitz où il se rend le 18 août. Le 19 ce sont trois crématoires qui sont commandés en plus du K II dont les travaux ont déjà commencé. Les prévisions sont les suivantes : un K III identique au K II et construit à proximité et en miroir (qui sera effectivement réalisé ainsi). Un K IV et un K V respectivement proches des Bunkers 2 et 1 [pages spécifiques Bunker 1 et Bunker 2 ici]. Ces K IV et V sont alors prévus pour la crémation des corps sortis des chambres à gaz que sont les Bunkers, nous verrons que ce projet sera finalement modifié.

Le 03 décembre 42, les 380 prisonniers membres du Sonderkommando de Birkenau sont gazés. Leur crémation a lieu dans les fours du K I. (Pour la chronologie des principales étapes concernant les membres des Sonderkommandos, cliquer ici).

Le 4 mars 43 les 12 prisonniers Juifs et les 5 prisonniers Polonais du Sonderkommando du K I sont transférés à Birkenau où les quatre nouveaux crématoires vont entrer en service. En juillet de la même année l’activité du K I est définitivement suspendue. Il sera par la suite modifié et utilisé comme abri anti-aérien. Après guerre, il sera de nouveau modifié pour tenter de le remettre tel qu'il était durant son fonctionnement en tant que lieu de gazage et de crémation. Faute de témoignages suffisants, tout ne sera pas rigoureusement reproduit à l'identique (du type : un mur légèrement décalé). Ces éléments ne présentent aucune importance sur le fond, mais les négationnistes s'en empareront pour appuyer leurs thèses.

 

[Mise en ligne de cette page : septembre 2008]