Un film éprouvant dans lequel Jacov Silberberg (Yacov Zylberberg) ne témoigne pas de son passé de prisonnier d'un Sonderkommando à Birkenau, mais où le metteur en scène, croisant les paroles de Jacob, sa femme et (pour l'une des scènes) de leurs deux enfants (adultes), rend compte du présent. Il s'agit de donner un portrait de Jacob "ici et maintenant". Quel présent peut-on avoir sur le terreau d'un tel passé : tel est le sujet que le réalisateur semble vouloir questionner. Il est peut-être utile de savoir par ailleurs que Karl Fruchtmann (1915-2003), Juif Allemand, a été prisonnier au camp de Dachau en 1936 (libéré en 1938, il part en Palestine et revient définitivement en Allemagne à partir de 1958).
Les premiers mots du film sont ceux de sa femme Luba (qui parle en allemand) : "sa sensibilité est morte" alors qu'on voit à l'image Jacov sur son lieu de travail : il a toujours été boulanger, il enfourne des pains. C'est le silence. La désespérante solitude de Jacov qui, après le Sonderkommando, n'est plus jamais parvenu à être vivant.