Un documentaire qui s'ouvre avec Simon Wiesenthal à Mauthausen, livre de prière en main, qui d'ailleurs en lira un texte, et se referme avec S. Wiesenthal devant le mur des Lamentations, avec le même livre. Les narrateurs sont E. Taylor et O. Welles.
Après une rapide évocation de la vie juive avant-guerre et des différentes formes qu'a pu prendre l'antisémitisme, ce film retrace, s'appuyant sur des images d'archives (parfois peu connues encore aujourd'hui) et des lectures de témoignages, toutes les étapes et évenements essentiels de la Shoah. Le choix des archives et des informations données est toujours intéressant. A l'époque ce documentaire était certainement le premier à retracer de façon aussi précise et documentée l'histoire de "l'Holocauste" comme on disait alors. C'est en cela qu'il est remarquable.
Mais il a aussi les marques de son époque. S'il est bien évidemment intéressant du point de vue de ce qui est dit, il l'est aussi pour ce qui ne l'est pas. L'évocation des ghettos par exemple n'aborde pas la question des "Judenräte" dont le terme n'est pas prononcé. La révolte de Birkenau est donnée comme émanant de la résistance intérieure du camp mais les Sonderkommandos ne sont pas nommés, leur existence même n'est pas évoquée, ne serait-ce que par une phrase. On constate aussi la méconnaissance de l'époque lorsque le narrateur dit qu'il y eut alors 600 évasions. La relation de la libération des camps est particulière aussi : on quitte alors Auschwitz pour ne citer que les camps libérés par les Britanniques et surtout les Américains, les mots "Soviétiques" ou "Armée Rouge" ou "Russes" ne seront pas prononcés.